Privatisation du service public de transport scolaire à Abidjan
1KASSI-DJODJO Irène, 2KOUASSI-KOFFI Michelline, 3Mamoutou TOURE
Résumé;
Létude fait létat de loffre de service public du transport scolaire dans le District dAbidjan où le secteur formel assure difficilement la demande de la population. Elle sappuie sur lexploitation de documents textuels complétés par des enquêtes réalisées en mars-avril 2015 dans une quinzaine détablissements primaires et secondaires sélectionnés par choix raisonné dans les communes de Cocody, Marcory et Koumassi. Les résultats montrent que loffre de transport public dans la ville dAbidjan est un des moyens dappui du projet urbain déployé par lEtat ivoirien pour créer une ville moderne. La crise structurelle de la SOTRA, alors commise pour assurer le service public, remet en cause le modèle urbain de transport public. Si la flotte dautobus répond difficilement aux besoins quotidiens des cinq millions dabidjanais, sa variante scolaire a laissé la place à des opérateurs privés de ramassage scolaire. LEtat sefforce dapporter une réponse à la problématique du transport scolaire avec une option affirmée pour les établissements de proximité. Mais les efforts publics ne semblent pas améliorer le service attendu. A contrario, les partenaires privés assurent pour une large part le transport scolaire avec une inaccessibilité différenciée selon les statuts des établissements (public ou privé) et selon les catégories sociales.
Entrées d’index
Mots-clés : Abidjan, aménagement du territoire, établissements scolaires, transport scolaire, services publics
Keywords: Abidjan, management of the territory, schools, school transportation, public services
Abstract :
The study analyses the school public transportation service in the district of Abidjan where the formal sector hardly ensures the demand of the population. It is based on the exploitation of the literature and surveys conducted in March-April 2015 in fifteen primary and secondary schools selected in the communes of Cocody, Marcory and Koumassi. The results show that the supply of public transport in the city of Abidjan is one of the means of support of the urban project developed by the Ivorian government to create a modern city. The structural crisis of SOTRA, committed to ensure the public service, calls into question the urban model of the public transport. If the fleet of buses hardly meets the daily needs of the five million people living in Abidjan, its school variant has left its space to private operators. The government endeavours to provide a response to the problem of school transport with the option of building schools of proximity. But public efforts do not seem to improve the service expected. In the opposite, private partners provide for a large part the school transport with a differentiated inaccessibility according to the status of schools (public or private) and according to the social categories.
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Mots-clés : Abidjan, aménagement du territoire, établissements scolaires, transport scolaire, services publics
Keywords: Abidjan, management of the territory, schools, school transportation, public services
INTRODUCTION
Abidjan est une ville multimillionnaire qui connaît depuis près de trois décennies des problèmes de transport du fait de linsuffisance de loffre conventionnelle. Pourtant, le transport collectif organisé par lentreprise publique (SOTRA) était lun des meilleurs et longtemps cité en exemple en Afrique subsaharienne. La SOTRA était puissante et bien organisée, selon un modèle proche des entreprises de transport européennes et où la notion de service public était appliquée à travers les accords passés avec lEtat (Godard, 1985). Elle bénéficiait en compensation du monopole dexploitation en centre-ville et de subventions étatiques qui faisaient delle, comme le fait remarquer Godard (1985), « un modèle de monopole partiel de service public avec subvention ». La réduction des dépenses publiques, suite à la crise économique, contraint lEtat à diminuer sa participation à la SOTRA. Par conséquent, on assiste à une régression de loffre et à la suppression de certains services de transport, tels que le ramassage scolaire, universitaire et fonctionnaire, assurés pour le compte de lEtat.
Depuis larrêt de cette politique dans les années 1990, les élèves nont bénéficié daucun service spécialisé. A lépoque de la suspension des services spéciaux, loffre et la demande étaient en adéquation facilitant le déplacement de lensemble des usagers. Aujourdhui, il y a une acuité du problème de transport, notamment chez les élèves, inhérent à la défaillance du service public. La surabondance de la demande par rapport aux capacités de loffre du secteur formel a suscité lessor du secteur privé collectif dit informel. Cependant, malgré la multiplicité des moyens de transport, les élèves restent confrontés au problème de déplacements. Les contraintes daccessibilité aux moyens habituels obligent parents, acteurs du système éducatif intéressés par la régularité des horaires de classe et les opérateurs économiques à innover en la matière. Les transports scolaires jadis assurés par le service public sont aujourdhui du domaine privé. Ce sont des services créés pour assurer, à titre principal et à lintention des élèves, la desserte des établissements denseignement qui en ont eu linitiative. Le terme « transports scolaires » ou « ramassage délèves » fait ainsi référence aux transports organisés pour les élèves des écoles, collèges et lycées qui empruntent des circuits spéciaux. Ces services de ramassage se développent répondant à la satisfaction des besoins des élèves.
Face à laccroissement du service de ramassage scolaire privé, il paraît nécessaire danalyser les facteurs dévolution de ce phénomène et de montrer la contribution de ce secteur dans la résolution du problème de transport des scolaires.
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2- Matériels et méthodes
Pour répondre aux interrogations suscitées par ce sujet, nous avons entrepris à la fois une recherche documentaire et une enquête de terrain. Les études sur les transports urbains dans les villes africaines en général et à Abidjan en particulier abondent (Godard, 1985, 2002, 2006, Lombard, 2005, 2006, Kassi, 2007). Cependant, les données et travaux manquent sur la problématique du transport scolaire dans les villes africaines, comme la souligné Godard (1985). Pour combler ce vide en Côte dIvoire, cette étude se fonde en grande partie sur les résultats issus de lenquête de terrain réalisée dans trois communes du district dAbidjan en mars et avril 2015. Ne pouvant pas enquêter toutes les écoles, nous avons sur la base dun choix raisonné, opéré la sélection dune quinzaine détablissements primaires et secondaires dans les communes de Cocody, Marcory et Koumassi. Le choix de ces communes se justifie par le grand nombre décoles qui organisent ce service. Des entretiens ont été réalisés auprès des administrations scolaires, des gestionnaires des cars et des parents délèves.
3- Résultats et discussion
3-1 Un service public de transport en inadéquation avec la demande des scolaires suite au déclin de la SOTRA
3-1-1 Linsuffisance du service public de transport collectif
Le service public de transport collectif à Abidjan fait partie du modèle durbanisme ivoirien. En réorientant la politique urbaine coloniale, le nouvel Etat indépendant sest fixé comme objectif de créer « une ville pour tous les ivoiriens » (Antoine, Dubresson, Manou-Savina, 1987) avec la mise en place déquipements structurants pour accompagner le développement de la ville. LEtat centralisateur et interventionniste élabore alors un projet durbanisme ambitieux, fait de normes élevées de production foncière dhabitats et déquipements, planifiés à léquerre et au compas. La politique urbaine est alors financée avec des ressources importantes en accord avec lessor économique des années soixante-dix, avec un taux moyen de 11% lan, dont une partie importante du capital produit est captée par lEtat (Dembélé, 1997).
« Lurbanisme intégral » (Haeringer, 1985) prend en compte alors la problématique du transport public des nombreux ivoiriens qui arrivent à Abidjan à un rythme de 300.000 personnes lan dans la décennie 1970-1980 (Antoine, Dubresson, Manou-Savina, 1987). Si la conviction est faite quavec la croissance, les abidjanais accéderont à lhabitat moderne, ils doivent aussi se déplacer.
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Loffre de service public est alors confiée à la Société de Transport Abidjanais (SOTRA) dès 1961, avec un monopole institutionnel dévolu par lEtat pour assurer et améliorer les conditions de déplacement des abidjanais. Elle demeure jusquaujourdhui le seul service de transport opérant en vertu dun contrat formel.
Mais loffre de service de la SOTRA se révèle insuffisante depuis les années 1990. Les causes de la détérioration de loffre de la SOTRA sont nombreuses. Elles sont inhérentes notamment à la crise structurelle et financière que connaît lentreprise depuis environ trois décennies. Les déficits des recettes dexploitation en partie dus à la concurrence déloyale du secteur privé, le fonctionnement clientéliste des gestionnaires, la gratuité de loffre pour les universitaires, les scolaires et certains fonctionnaires (agents des forces de lordre et de sécurité) et laffectation du parc automobile pour les grands rassemblement politiques etc. ont concouru inexorablement à la défaillance du service offert. La SOTRA jouait ainsi un rôle politique et social. Elle était utilisée, selon Méité (2014) comme un moyen de lutte contre la pauvreté. La politique sociale menée par lEtat lastreignait à assurer le transport de tous y compris les catégories les plus défavorisées à moindre coût par un mécanisme de blocage de prix.
La gestion catastrophique de cette entreprise nécessitait une assistance constante de la puissance publique qui na pu continuer dès lors quelle-même faisait face à une crise économique sans précédent. Labsence de compensation constitue de fait un paradoxe par rapport à lexigence de service public. Le blocage des tarifs pour des raisons sociales et politiques selon Gogard (1985) est compréhensible et constitue une pratique quasi universelle. Cependant, il faut en contrepartie des mesures compensatoires nécessaires à la survie de lentreprise. Les compensations reversées corrigent les effets négatifs engendrés par les actions sociales et politiques. Or lEtat ivoirien a manqué suffisamment de moyens pour assumer une telle option.
Les subventions étaient reversées au rythme des conjonctures économiques favorables ou non. Cette façon de gérer lentreprise ne garantissait guère le maintien de loffre de transport. La gestion calamiteuse et larrêt de subvention de lEtat ont porté ainsi un frein à lefficacité de loffre publique (Kassi, 2007). Par conséquent, on assiste à une inadaptation de loffre à la demande sans cesse croissante. Dinterminables files dattente se forment aux arrêts et gares de bus. Depuis 2013, loffre publique ne représente plus que 11,2 % des parts de marché (JICA, 2014).
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Ce qui vaut pour les abidjanais dune manière générale, vaut aussi pour les élèves et étudiants abidjanais qui ont bénéficié dune variante du modèle de la SOTRA pour faciliter leurs déplacements quotidiens.
3-1-2 Linsuffisance du service public dans léducation nationale
LEtat ivoirien, en effet, avait dune certaine manière reproduit le modèle de transport de la SOTRA dans certains grands établissements publics de la ville, à savoir : le lycée Ste-Marie, le lycée classique dAbidjan, le lycée technique dAbidjan, etc. Jusquau milieu des années quatre-vingt, ces établissements dexcellence, qui accueillaient le plus grand nombre des élèves affectés par lEtat, avaient leur flotte dautobus. En plus des cartes de bus gratuites mensuelles, les élèves bénéficiaient aussi de bourses détude.
Il en était de même pour les étudiants de luniversité de Cocody. Au contraire des élèves, ils acquéraient leurs cartes de bus au prix subventionné de trois mille francs (3.000 FCFA), et bénéficiaient dune flotte dautocars, ou « spéciaux », qui leur permettaient de rallier les cités de résidence (Vridi, Port-Bouët, Cocody, Adjamé 220 logements, Williamsville, Abobo et Yopougon) et le campus de Cocody selon des fréquences de départ nexcédant pas les trente minutes.
Naturellement, la baisse de régime de la SOTRA va remettre en cause ce modèle de transport scolaire public qui sest fondu au modèle de base. Si la SOTRA continue dassurer le transport public des Abidjanais, les élèves et étudiants nont plus un traitement spécial. Tout le monde est dorénavant logé à la même enseigne. Autant dire que les élèves et étudiants ne trouvent pas dans le service public loffre qui sied à leur besoin, dans un contexte abidjanais où la flotte dautobus est déjà largement insuffisante pour répondre aux besoins de mobilité de la population.
La politique en cours du ministère ivoirien de léducation nationale de rapprocher les établissements scolaires des élèves na pas encore totalement réglé le problème de déplacement des élèves. La mesure nest pas totalement effective et la couverture des établissements de proximité est encore faible. Les collèges et lycées publics du District d’Abidjan, autrefois majoritaires, sont devenus minoritaires avec la prolifération des établissements secondaires privés du fait de la faiblesse des investissements publics en matière de construction des lycées et collèges. Les besoins de scolarisation sont forts en raison de la forte croissance démographique dans le District dAbidjan. La part du budget consacré à ce secteur a été réduite
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au fil des ans. De 40% dans les années 1980, il tourne aujourdhui autour de 22% (source gouvernementale, 2016). Le foisonnement des écoles privées, qui accompagnent lEtat pour répondre à la demande croissante, impose des besoins en déplacement quil faut aussi satisfaire. A tout ceci, il faut ajouter le choix préférentiel des parents délèves de scolariser leurs enfants hors de leur commune de résidence même lorsque loffre publique est à proximité. Enfin, cette offre peut exister mais la capacité daccueil fait souvent défaut obligeant lEtat à affecter les élèves là où elle est disponible (Kouassi-Koffi, 2009). Ceci contribue à accroître davantage la mobilité des élèves et le développement du ramassage scolaire pourrait être une réponse adaptée à leur demande.
Linsuffisance de loffre de service de la SOTRA, des établissements de proximité et les choix des familles constituent ainsi un ensemble de facteurs qui placent les élèves et étudiants abidjanais dans une situation inédite de déplacement entre leurs domiciles et leurs différents établissements scolaires. On assiste ainsi à une montée en puissance de transporteurs privés qui accompagnent le service public.
3-1-3 La privatisation du service public de transport par linformel
LEtat fait appel ou tolère le transport privé pour laccompagner dans sa mission de service public. Mais au demeurant, la question du rapprochement des écoles des lieux de résidence des élèves nest pas encore réglée. Face à lincapacité de loffre publique et en la faveur de la politique de libéralisation des secteurs de léconomique nationale, il y a eu un essor des transports collectifs privés woro-woro (taxis collectifs) et gbaka (minibus).
Si lentreprise de transport SOTRA na pas été touchée par la vague de privatisation des sociétés dEtat, on se rend tout de même à lévidence quelle cohabite avec une quasi-privatisation du service public de transport dont témoignent sur le terrain la prégnance dinitiatives privées individuelles ou collectives et surtout informelles. Les taxis collectifs et les minibus se sont affranchis des espaces dans lesquels ils étaient confinés pour desservir lensemble des communes dAbidjan, devenant ainsi les modes dominants dans le système de transport urbain. Aujourdhui, les woro-woro et les gbaka occupent respectivement 39,2% et 27,7% des parts de marché (JICA, 2014) et se révèlent plus efficaces que le service public avec tout de même un regret sur la qualité du service offert. Ils desservent les quartiers lointains qui nauraient pas pu lêtre autrement. Ils ont tissé un réseau de lignes dense à travers tout le district dAbidjan et sont beaucoup plus accessibles par leur grande disponibilité et leur rapidité.
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Le recul de loffre publique est souvent imputé à lessor de ces moyens de transport qui affectent incontestablement lefficacité du service public car la concurrence livrée par ce secteur, jugée déloyale, constitue un véritable manque à gagner pour lentreprise. Cependant, malgré cette offre diversifiée et nombreuse les élèves éprouvent toujours des difficultés à se déplacer. Les coûts de transport de plus en plus élevés dans ce secteur et non subventionnés pour les élèves ne permettent pas le choix de ces moyens de transport lors des déplacements domicile-école.
En réponse, depuis quelques années, le ramassage scolaire privé se positionne aussi dans le district dAbidjan comme une alternative au problème de transport des élèves.
3-2 Lapport du ramassage scolaire dans la résolution du problème de transport des élèves
3-2-1 Un critère de choix des parents
Le service de ramassage scolaire fait désormais partie intégrante des critères de choix des parents pour les établissements (enquêtes, 2015). La présence de ce service les dispenses de la contrainte quotidienne daccompagner leurs enfants à lécole. Ils sont dautant plus alaises dans ce choix que le ramassage scolaire garantisse la régularité, le départ et le retour à proximité du domicile en toute sécurité, labsence de correspondance au cours du déplacement et la maîtrise du budget annuel du transport. Ce service reste tout de même un luxe car seuls les parents délèves issus de la classe moyenne peuvent se loffrir. Si les parents ont contribué à la promotion du ramassage scolaire cest parce que lEtat peine encore à mettre en place sa politique de création des écoles de proximité.
3-2-2 La raréfaction des écoles de proximité
Léloignement des établissements par rapport aux domiciles est un facteur explicatif de laccroissement du service des transports scolaires dans le district. La lenteur dans la mise en uvre de la politique de rapprochement des écoles, particulièrement des collèges et lycées des lieux de résidence et la faible densité de loffre scolaire demeurent une contrainte majeure pour les élèves. Cela se traduit par un accroissement de la durée du trajet qui augmente avec lavancée et la spécialisation des études (Baccaïni, 1996). En effet,
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pour les écoliers le problème se pose moins parce que les écoles primaires sont généralement de proximité ce qui nest le cas pour les collèges et lycées dont les élèves sont obligés de recourir à des moyens de transport motorisés du fait de lallongement des distances école-domicile.
Le ramassage scolaire est une solution à la mobilité des élèves. Mais les transporteurs privés qui accompagnent le service public ne règle pas la totalité des problèmes de déplacement des écoliers. Ils contribuent même à introduire des inégalités relatives aux coûts daccès au transport scolaire.
3-3 Inégalités daccès aux ramassages scolaires
3-3-1 Inégalité daccès entre public et privé
Une première différenciation apparaît selon le statut (public ou privé) de lécole organisatrice de ce service. Dans le public, seules les écoles dexcellence, notamment les lycées Sainte-Marie de Cocody, Houphouët-Boigny Faitai de Bingerville, Jeunes filles de Yopougon, organisent ce service. Dans le même temps, loffre et la demande sont abondantes dans le privé. Tous statuts confondus, globalement ce sont 20 % des élèves dans les établissements enquêtés qui ont accès au service de ramassage scolaire dont 81,17% au privé et 18,83 au public.
3-3-2 Inégalité daccès selon les catégories sociales
Une deuxième différenciation est observable au niveau social. Lusage du transport scolaire soulève le problème de la relative égalité daccès pour lensemble des élèves.
Au sein de la population scolaire, seuls les plus nantis ont accès à ce service du fait des coûts proposés qui varient entre 15 000 et 50 000 FCFA mensuellement soit 180 000 à 600 000 FCFA par an. Ceux de conditions socio-économiques modestes et défavorisées nont dautre choix que dutiliser les services de transport collectif de la SOTRA ou des transporteurs privés autres que ceux proposés par les écoles. Les coûts du ramassage scolaire sont exorbitants comparés au tarif scolaire subventionné dans le transport public qui est de 3.000 FCFA par mois soit 36 000 FCFA annuellement. Mais, la majorité des élèves perçus comme nantis naccèdent pas à cette offre dans les établissements enquêtés, à lexception du lycée Saint-Viateur à Cocody où plus de la moitié des élèves, soit 56,82% de leffectif total, utilise le service.
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CONCLUSION
Le fil conducteur de cette contribution est une interrogation sur les évolutions récentes de loffre scolaire de transport public à Abidjan. Les principaux résultats ont permis de comprendre la place de la politique du transport public en général et de celui des élèves en particulier dans la politique de la ville. Les choix économiques effectués à lindépendance, pour une croissance rapide et une ville capitale vitrine du développement ivoirien, ont des implications en matière dhabitat et durbanisme mais aussi en matière de mobilité urbaine.
Dans le cadre de la politique urbaine, conçue sous le conductorat dun Etat centralisateur et ambitieux, le service public de transport des abidjanais est assuré par la SOTRA, en situation de monopole, avec une variante pour les établissements dexcellence de la ville qui accueille la majorité des élèves et étudiants orientés par lEtat ivoirien. Plus de cinquante après, si la flotte dautobus répond difficilement aux besoins quotidiens des cinq millions dAbidjanais, sa variante scolaire a laissé la place à des opérateurs privés de ramassage. LEtat sefforce dapporter une réponse à la problématique du transport scolaire avec une option affirmée pour les établissements de proximité. Mais les efforts publics ne semblent pas améliorer le service attendu. A contrario, les partenaires privés assurent pour une large part le transport scolaire avec une accessibilité différenciée selon les statuts des établissements (public ou privé) et selon les catégories sociales. En attendant que les collectivités territoriales prennent la main sur loffre de ce service public les opérateurs privés font la loi du marché.
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Notes
Table d’illustrations
Auteur(s)
1KASSI-DJODJO Irène, 2KOUASSI-KOFFI Michelline, 3Mamoutou TOURE
1Institut de Géographie Tropicale Université F. Houphouët-Boigny (Abidjan, Côte dIvoire) E-mail : irenekassi@yahoo.fr
2Institut de Géographie Tropicale Université F. Houphouët-Boigny (Abidjan, Côte dIvoire) E-mail : kofmich@yahoo.fr
3 Institut de Géographie Tropicale Université F. Houphouët-Boigny (Abidjan, Côte dIvoire) E-mail : tourema@yahoo.fr
Droit d’auteur
Université Felix Houphouët Boigny de Cocody, Abidjan, Côte dIvoire