Processus d’urbanisation et habitat au Gabon : diagnostic et résilience des populations du « Grand Libreville »
1Annie BEKA BEKA, 2Corine ADA NZOUGHE épouse OBOUNOU
Résumé
L’urbanisation est un processus maîtrisé ou subi d’extension des villes due à une forte croissance de la population en zone urbaine. Elle se traduit par un étalement massif et contrôlé ou non, engendrant des bouleversements socio- économiques dans le fonctionnement urbain.
Ces bouleversements sont visibles presque sans exception dans toutes les villes d’Afrique subsaharienne, notamment dans la ville de Libreville au Gabon. Après son indépendance en 1960, cette ville a connu une dynamique démographique et spatiale exponentielle depuis 1970.
Cette étude consiste donc à analyser le processus de cette urbanisation et ses conséquences sur l’habitat à travers les données du Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) de 1993 et du Recensement général de la population et des logements (RGPL) de 2013, d’une enquête de terrain et des sources documentaires. Les résultats décrivent la dynamique urbaine du « Gand Libreville », l’état de l’habitat urbain, ainsi que la résilience des populations face à l’épineux problème du logement.
Mots-clés : Grand Libreville, Gabon, processus d’urbanisation, habitat, résilience des populations
Abstract
Urbanization is a controlled or sustained process of expansion of cities due to strong population growth in urban areas. It results in a massive sprawl, controlled or not, causing socio-economic upheavals in urban functioning. These upheavals are visible almost without exception in all cities of sub-Saharan Africa, especially in the city of Libreville in Gabon. After its independence in 1960, this city has experienced exponential demographic and spatial dynamics since 1970. This study therefore consists in analyzing the process of this urbanization and its consequences on housing using data from the 1993 General Population and Housing Census (RGPH) and the General Population and Housing Census (RGPL) ) from 2013, a field survey and documentary sources. The results describe the urban dynamics of « Ghent Libreville », the state of urban housing, as well as the resilience of the populations to the thorny problem of housing.
Keywords: Greater Libreville, Gabon, urbanization process, habitat, resilience of populations.
Introduction
Le Gabon est l’un des pays les plus urbanisés en Afrique, avec près de 87% de personnes vivant dans les villes. Au cours des 40 dernières années, les populations se sont progressivement déplacées vers les quatre principales villes du pays à savoir : Libreville, Port-Gentil, Franceville et Oyem, créant ainsi un profond déséquilibre démographique. Ces- dernières représentent à elles seules près de 80% de la population totale du Gabon, avec une suprématie pour Libreville qui compte environ 703 940 habitants, soit près de 47% de la population totale (Recensement Général de la Population et des Logements, 2013).
La forte urbanisation du Gabon est alimentée par l’exode rural et l’immigration étrangère. A partir de 1973, les revenus du pétrole ont conféré au pays des capacités financières lui permettant de réaliser une politique de développement socio-économique ambitieuse dans certains pays villes, avec une certaine suprématie de la ville de Libreville. Cette politique a eu pour conséquences l’attractivité des agglomérations urbaines bénéficiaires de la redistribution des retombées pétrolières, des mines ou des infrastructures modernes au détriment des villes et villages de l’arrière-pays. L’attrait qu’exerce sur le reste du pays, Libreville, alimente un exode rural constant et une forte immigration des populations venant de toutes les régions de l’Afrique. En 2004, le Gabon comptait 200.000 étrangers, implantés majoritairement en milieu urbain, principalement à Libreville (Recensement Général de la Population et de l’Habitat, 2003, p.9). Cette croissance démographique dans la localité de Libreville (siège de toutes les administrations et des services) est accompagnée de la croissance des quartiers sous-intégrés (de 8 quartiers en 1988, aujourd’hui on en dénombre plus d’une vingtaine de quartiers sous intégrés pour une population d’environ 500.000) et de l’étalement incontrôlées de la ville, entraînant des dysfonctionnements dans le domaine de l’aménagement surtout dans la production de l’habitat, des infrastructures et des équipements sociaux de base. Comme le souligne R M Nguema (2005, p. 498), l’explosion démographique de Libreville est telle qu’elle a engendré une occupation anarchique et l’extension spatiale sans précédent de la ville.
Au regard des recommandations résultant de la deuxième conférence des Nations Unies sur le logement et le développement urbain durable « Habitat II » qui s’était déroulé en Turquie en 1996. La déclaration d’Istanbul adoptée en 1996 réaffirme le principe du droit au logement comme partie intégrante des droits de l’Homme et insiste sur la nécessité d’un développement durable des établissements humains par l’accès de tous aux systèmes nécessaires à une vie saine (eau potable, assainissement, évacuation des déchets, éducation, transport et les autres infrastructures urbaines). L’ONU Habitat considère les bidonvilles comme la manifestation spatiale et physique de l’accroissement de la pauvreté urbaine et des inégalités intra-urbaines. Cependant, au Gabon, les bidonvilles n’abritent pas la totalité de la population urbaine pauvre, de même que la totalité des résidents des bidonvilles ne sont pas pauvres. Près de 80% de la population urbaine du Gabon vit dans des quartiers sous-intégrés. Les bidonvilles, encore appelés « bas-fonds », « Matitis » ou « Mapanes » sont donc le reflet des villes gabonaises dont le véritable développement reste très problématique et la crise urbaine permanente (Recensement Générale de la Population et des logements, 2013).
Dans un contexte de croissance démographique et spatiale (703950 habitants en 2013 pour une superficie de 187,9 km² de superficie) et face à l’échec des politiques de l’habitat, quelles sont les initiatives des populations pour accéder au logement ?
L’objectif de cette étude est de caractériser le processus d’urbanisation du grand Libreville et d’examiner les réponses des populations face aux limites des politiques publiques en matière d’habitat et particulièrement de logement. Les hypothèses de travail sont les suivantes :
- Libreville a connu une forte croissante démographique et spatiale (30,36 km² de superficie pour une population de 27250 en 1960 à 187,9 km²de superficie pour une population de 703950 en 2103), qui en l’absence de plan adapté d’occupation et d’aménagement de l’espace, se manifeste par un aménagement en grande partie anarchique conséquence d’un laissez-faire (RGPL,2013).
- Face à l’échec des politiques publiques d’habitat, l’auto-construction est la principale voie d’accès à un logement.
L’étude est subdivisée en différents points : contexte et démarche méthodologique, résultats, et discussion.
1. Démarche méthodologique
Situé au Nord-ouest du Gabon dans la province de l’Estuaire, Libreville (Cf. Figure 1.) la capitale est bâtie sur la rive droite de l’estuaire du fleuve Komo et se situe à environ 45 km de l’équateur La ville a été fondée en 1849 par des esclaves libérés, d’où ce nom.
Figure 1 : Principaux quartiers et types d’habitats dans l’agglomération de Libreville
Libreville a été consacrée commune de plein exercice par l’ordonnance municipale du 06 avril 1963 et a été divisée en arrondissement depuis l’ordonnance n° 19 du 19 mars 1974. Le système urbain Gabonais actuel est le résultat de l’action des pouvoirs coloniaux qui quadrillaient méthodiquement les territoires d’un réseau de postes hiérarchisés, lesquels concentraient toutes les fonctions politique et économique.
Depuis les années 1970, Libreville la capitale a connu une expansion spatiale sans précédent. La croissance urbaine a été plus forte que l’accroissement de la population totale au cours des 20 dernières années. En d’autres termes le Gabon s’urbanise plus rapidement qu’il ne se peuple.
La population urbaine du Gabon croit plus rapidement que la population totale. Le taux d’accroissement annuel moyen de la population urbaine entre 1993 et 2013 est de 3,8 %, bien au- dessus du taux d’accroissement annuel de la population totale (2,9%) sur la même période (Recensement Général de la Population et des Logements, 2013, p.5). L’effectif de la population du Gabon a été multiplié par quatre depuis l’indépendance (1960). Une population très inégalement répartie : 87 % de la population (les citadins) occupe 1 % du territoire national (superficie du milieu urbain) (Recensement Général de la population et des Logements, 2013, p.5). Le Gabon présente un taux d’urbanisation assez élevé (87 %), ce qui en fait le pays le plus urbanisé de la sous-région Afrique Centrale et parmi les plus urbanisés d’Afrique (Recensement Général de la Population et des logements, 2013, p.10). En effet, le taux d’urbanisation du Gabon (87%) est deux fois plus élevé que la moyenne africaine qui se situe à 40% et celle de la sous-région Afrique Centrale (42 %) (Recensement Général de la Population et des Logements, 2013, p.10). Une autre caractéristique de l’urbanisation gabonaise est la concentration de la population urbaine seulement dans quelques villes. En effet, trois villes seulement ont une population de 100 000 habitants ou plus (Libreville, Port-Gentil et Franceville).
La population librevilloise représente 45% de la population urbaine totale et 39% de la population totale du pays (Recensement Général de la Population et des Logements, 2013, p.4). La densité nationale est de 7 habitants au km2 alors que dans la capitale elle s’élève à 3724,6 habitants au kilomètre carré. Le tableau ci-dessous décrit l’évolution croissante de la population et de l’espace dans la capitale depuis les années 1960 jusqu’en 2013 (Recensement Général de la Population et des Logements, 2013, p.3).
Tableau n°1 Evolution de la croissance spatiale et de la population de Libreville
Années | Superficie en km2 | Population | Densité Habitants au km2 |
---|---|---|---|
1960 | 30,36 | 27 250 | 988,14 |
1993 | 97,39 | 419 596 | 4308,41 |
2003 | 115, 08 | 512 640 | 5419 |
2013 | 187, 9 | 703 940 | . |
Source : Source : Pour l’année 1960 : Guy LASSERRE, et Direction Générale de la Statistique, Recensement Général de la population et des Logements pour les autres années.
Libreville a connu une expansion spatiale sans précédent. Cette dynamique s’est manifestée par le déplacement des limites urbaines et le passage d’une forme en étoile, à une forme massive par absorption d’une couronne supplémentaire (D. Ntsebe Onono Minko, p.30). Ainsi Libreville a vu son site originel s’étendre.
Par ailleurs, la croissance urbaine enregistrée dans les communes du Gabon a fait en sorte que l’Etat décide en 1996, d’intégrer dans les communes, les anciens villages situés dans un périmètre de 6 à 7 km (Ministère de la Planification et de l’Aménagement du Territoire, 2000, p.15).
En effet, la capitale connaît depuis les années 1970, une extension soutenue et globalement incontrôlée. De 8 kilomètres du Nord au Sud et 1,7 kilomètres d’Ouest en Est en 1970, la ville s’étale aujourd’hui sur 13 kilomètres vers l’intérieur des terres et environ 30 kilomètres du Nord au Sud (Ministère de la Planification et de l’Aménagement du Territoire, 2000, p.18). Comme l’indique le Tableau n°1, de 1960 à 2013, soit cinquante-trois (53) ans, la superficie de Libreville a été multipliée par six (6).
Ainsi sur le plan du découpage administratif, on est passé de quatre (4) arrondissements en 1975, à six (6) arrondissements depuis 1995.
Les principaux axes de cette dynamique spatiale s’orientent vers la périphérie Nord avec la création en 2013 de la commune d’Akanda dont les principaux quartiers sont : Avorbam, Okala, Angondje, et vers la périphérie Sud. Cet axe a connu son principal essor dans les années 1960-1970 lors de la construction du port d’Owendo et de la zone industrielle ce qui a favorisé l’attrait des populations et de facto la création de nouveaux quartiers comme les lotissements de la Société Nationale Immobilière (SNI), les quartiers Alenakiri, Akournam, Awougou, etc. L’extension spatiale a également affecté la périphérie Est avec la croissance des quartiers Nzeng-Ayong, Sibang et le rapprochement de Libreville avec Bikélé qui est un arrondissement de la commune de Ntoum.
L’extension spatiale est alimentée par l’augmentation de la population urbaine mais aussi par le dépeuplement du centre, où la densité de la population est passée de 8793 habitants au kilomètre carré en 1993, à 8035 habitants en 2003 (M. Okanga Guay, 2013, p.8).
Depuis mars 2020, pour des raisons de stratégies et de mise en œuvre de la politique sanitaire pendant la crise du COVID 19, on parle désormais du grand Libreville. Le Grand Libreville1 est pourtant une expression utilisée la première fois par un géographe gabonais pour parler de la dynamique démographique et spatiale de l’agglomération de Libreville. D’un point de vue géopolitique, le grand Libreville dépasse spatialement les limites de la commune de libreville composée de six arrondissements, et englobe également les communes d’Owendo au Sud, celle d’Akanda au Nord, et celle de Ntoum à l’Est sur la nationale 1.
Au regard du rythme d’évolution de la population et, surtout du système d’occupation du sol particulièrement anarchique, le processus d’étalement de la ville ne va certainement pas aller en ralentissant (D. Ntsebe Onono Minko, 2010, p. 31).
Libreville la capitale gabonaise est confrontée à une crise urbaine multiforme. Elle est soumise à une croissance démographique exponentielle favorisée par les différents booms économiques qu’a connus le pays. Cette explosion, alimentée par une forte immigration et l’exode rural, a eu un effet de levier sur le développement spatial de la ville. Le taux d’accroissement naturel annuel de la population gabonaise est de 1,1% par an. Un taux très faible au regard du taux de croissance annuel de Libreville qui était de 10% par an entre 1960 et 1993 (Recensement Général de la Population et des Logements, 2013, p. 8).
Le Gabon comptait environ 448000 habitants en 1960. Entre 1960 et 1993, le taux d’urbanisation au Gabon est passé de 13% à 73%, depuis 2013, il est passé à 87% (Recensement Général de la Population et des Logements, 2013, p.3). Le Gabon, présente la spécificité d’être un pays faiblement peuplé mais dont le taux d’urbanisation est l’un des plus élevé en Afrique, avec près de 87% de personnes vivant dans les villes. La densité urbaine est la plus élevée au monde avec 300 habitants/km², alors que la moyenne nationale est de 7,5 habitants/km² et la densité rurale est de 1,1 habitant/km² (Recensement Général de la Population et des Logements, 2013, p.6). Au cours des 30 dernières années, les populations se sont progressivement déplacées vers les quatre principales villes du pays, et particulièrement à Libreville (Recensement Général de la Population et des Logements, 2013, p.11). La ville est marquée par une urbanisation incontrôlée qui est visible aussi bien dans les quartiers péricentraux que périphériques. Ainsi, les quartiers précaires et sous- intégrés occupent les trois quarts de l’espace urbain à Libreville. Mal connectés aux différents réseaux techniques urbains, ils sont à chaque saison de pluies exposés aux inondations, aux éboulements et aux glissements de terrain autant de vulnérabilité auxquelles font face les citadins librevillois.
L’étude s’appuie sur des sources documentaires qui nous ont permis d’obtenir des données quantitatives sur l’urbanisation, la croissance de la population, la dynamique spatiale et des données sur les politiques d’urbanisme et de l’habitat.
Nous avons grâce aux enquêtes de terrain dans divers types de quartiers de l’agglomération de Libreville, récolté des données qualitatives sur les initiatives des citadins face à la pénurie de logements dans les différents quartiers, Les données portent sur l’accessibilité des quartiers, et le type de matériaux utilisés pour la construction des logements.
Le Recensement Général de la Population et du Logement (RGPL) de 2013 répond aux exigences de la constitution gabonaise (Article 1er, Alinéa 15) qui prévoit l’organisation d’un Recensement Général de la Population et de l’Habitat tous les dix ans. L’objectif général du RGPL-2013 est de contribuer d’une part, à l’amélioration de la connaissance de la situation démographique, sociale et économique du pays et, d’autre part à l’élaboration des politiques et au suivi des programmes de logements.
En nous servant des recensements généraux de la population et des logements, nous pouvons observer l’évolution de la population et le processus d’aménagement de Libreville, les questions relatives à l’accès aux logements des citadins.
De l’analyse des différents recensements généraux de la population et de l’habitat, il ressort que l’effectif de la population s’est accru depuis les années 1970. Cette croissance démographique incontrôlée accroit l’étalement du Grand Libreville, mais est également un facteur à l’origine de l’anarchie observée dans l’organisation de l’espace urbain de Libreville et, favorise des initiatives individuelles qui entachent gravement le paysage urbain.
2- Résultats
2.1. Processus d’urbanisation du « Grand Libreville »
L’urbanisation des pays africains s’est graduellement accélérée depuis les indépendances pour atteindre des proportions assez massives (M. Okanga-Guay, 1998, p. 29). À cet effet, la ville est d’abord le produit d’une histoire, qui a légué des paysages urbains, un patrimoine architectural, une certaine trame des rues, la différenciation sociale et fonctionnelle des quartiers (P. Bloc- Duraffour, 2003, p.13).
2.1.1. Historique de l’urbanisation de Libreville
C’est dans cette logique que Libreville s’inscrit dans le groupe des villes hétérogènes. En effet, dans les années 1950, comme toutes les villes coloniales d’Afrique noire, l’agglomération de Libreville présentait une dualité dans sa morphologie urbaine. D’un côté, un quartier européen et de l’autre des faubourgs africains (G. Lasserre, 1958, p. 26). La première forme présentait de véritables caractères urbains et la seconde forme urbaine avait un caractère villageois avec les palmiers à huile, cocotiers, bananiers, manguiers et arbres à pain qui jaillissaient entre les cases végétales et les petits jardins (G. Lasserre, 1958, 27). Cette différenciation classique entre ville blanche et « villages » noirs, n’a pas empêché la capitale du Gabon à maintenir son originalité depuis son indépendance en 1960. L’histoire du développement de Libreville peut schématiquement être divisée en trois grandes périodes d’inégale importance chronologique :
- La première s’étend depuis l’arrivée des Mpongwé sur les côtes de l’Estuaire au début du XIVe siècle jusqu’à la fondation de Libreville en 1849 et l’installation sur le « plateau » de l’Estuaire (actuel emplacement du palais présidentiel) en 1850 (P. Nziengui Mabila, 1981, p.45). En cette période, la croissance de la ville de Libreville présentait une légère allure, car le peuplement se limitait à quelques groupes ethniques (Mpongwé, Sekyani, Benga, Bakélé, Fangs etc.) venus s’établir sur l’Estuaire. Au-delà de la chefferie traditionnelle, le nombre de ces différents groupes ethniques et la vigueur de ces derniers ne suffirent pas pour faire de Libreville un centre urbain. Il a fallu attendre l’arrivée des blancs pour voir apparaître le premier dessin de la future capitale gabonaise (Libreville).
- La deuxième période est celle dite coloniale qui marque le début d’une véritable explosion démographique. Malgré les proportions contrôlables de cette explosion, la période coloniale était déjà préoccupante pour qu’intervienne le premier plan d’urbanisme de la ville de Libreville en 1939. Il avait pour objectif de permettre une installation possible de toutes les administrations coloniales. Ce premier plan marquera le début d’une « véritable urbanisation» (P. Nziengui Mabila, 1981, p.56). Cependant, une zone non aedificandi avait été prévue sur le plan d’urbanisme de 1939. Cette zone ne séparait pas la ville européenne et les faubourgs indigènes : les villages de Montagne-Sainte, Derrière-Hôpital, Nombakélé et Saint-Benoît restaient inclus dans le périmètre de cette ceinture, destinée beaucoup plus à aérer le plan de la ville, qu’à faire respecter les conventions sociales d’isolement du quartier européen (G. Lasserre, 1958, p.30). Ainsi, la structure actuelle de Libreville n’est autre que le résultat de la croissance inorganisée de la ville européenne et des faubourgs et non l’application d’un plan systématique d’urbanisme (G. Lasserre, 1958, p. 31).
- La troisième période serait alors l’époque actuelle depuis son indépendance en 1960. Une période au cours de laquelle le recensement général de la population et de 23 l’habitat de 1993 et celui de la population et des logements de 2013 démontrent l’explosion démographique qui s’est accompagnée d’une extension incontrôlée de l’espace librevillois. Par ailleurs, l’indépendance et l’histoire sont intimement liées à la croissance urbaine de la ville de Libreville. L’histoire est marquée ici par les migrations successives de la population venue de l’extérieur du Gabon et l’exode rural des campagnes gabonaises vers Libreville.
2.1.2. De l’urbanisation de Libreville au « Grand Libreville » : croissance démographique et dynamique spatiale dans une ville aux multiples problèmes
Libreville, capitale gabonaise, abrite à elle seule près de la moitié de la population nationale (703940 habitants en 2013), soit 3700 habitants au km² selon la Direction Générale de la Statistique du Gabon. Près de 87% de cette population est essentiellement urbaine et est concentrée sur seulement 1,1% du territoire national. De 1960 à 2013 elle a triplé et s’est accrue de 78% au cours des 20 dernières années. A noter également l’évolution de la densité démographique dans la province de 3,0hbts/km² en 1960 à 43hbts/km² en 2013. L’accroissement de la population urbaine est plus rapide que celui de la population totale (3,8% en moyenne par an contre 2,9%).
Le constat pratique de ces statistiques peut se faire à travers les quartiers démesurément gonflés par des entassements désordonnés des maisons disparates, dans lesquelles la population vit dans des conditions précaires. Le manque d’espaces propices à la construction est le facteur majeur à l’origine des ‘’taudis’’ et des ‘’mapanes’’. C’est le cas des quartiers tels que le Pk7 et Plein Ciel. Ces taudis qui ternissent l’image de la ville compromettent le développement économique et social, en aggravant la dégradation de l’environnement.
D’un autre côté, la surpopulation favorisant également le phénomène d’insécurité dans plusieurs quartiers tels que la Sorbonne ou Belle Vue où après avoir arraché un sac ou un téléphone portable, les délinquants fuient généralement dans le quartier dont eux seuls maitrisent l’architecture.
Le non-respect des normes environnementales expose la population à plusieurs dangers dont les inondations, les effondrements ; chaque année des familles se retrouvent sinistrées et endeuillées après le passage des pluies. Les déchets liquides et solides à Libreville obstruent les voies de canalisation et d’évacuation des eaux. S’agissant de la dégradation des écosystèmes urbains, l’action anthropique fragilise l’environnement de la ville
Le développement urbain de Libreville résulte de la non-planification étendue à l’ensemble de son espace et des grands travaux d’équipements, essentiellement le fruit des investissements des années 1970 (Direction générale du Trésor, 2014). C’est en cette période que la ville de Libreville va connaître une accélération forte de sa population (environ 71 400 habitants en 1970). Sa population aurait quadruplé au milieu des années 1980, atteignant 27 environ 185 100 habitants. Les recensements de 1993 et 2013 confirment cet exceptionnel dynamisme démographique. Par conséquent en 1993, Libreville comptait une population urbaine de 419 596 habitants sur une population totale de 1 014 976 habitants soit une proportion de 41,3% (RGPH, 1993, p.6). Vingt ans plus tard, sa population totale est passée à 703 939 habitants (RGPL, 2013, p.4). On note ainsi une mégacéphalie urbaine avec 96% de la population urbaine vivant à Libreville et sa ville attenante Owendo en 2013 (RGPL-2013, p.5). La forte concentration de la population en ville est source des transformations que l’agglomération de Libreville connaît au fur et à mesure qu’elle s’étale dans ses périphéries. Notre période d’analyse s’inscrit entre 1993 et 2013, ce qui nous donne plus d’informations concernant le rythme de croissance de la population urbaine de la ville de Libreville au cours des 20 dernières années.
2.2. Urbanisation et habitat
Depuis 1970, l’agglomération de Libreville connaît une occupation spatiale qui s’opère par les initiatives individuelles. Malgré la panoplie de textes législatifs et réglementaires qui régissent le foncier et l’urbanisme, la pratique la plus répandue d’appropriation du sol reste la squattérisassions et l’urbanisation spontanée. Cette forme d’occupation territoriale et la rapide croissance démographique de Libreville ont favorisé la formation des quartiers sous-intégrés et l’extension incontrôlée de la ville.
2.2.1. Politiques de l’habitat
La politique mise en œuvre jusqu’à ce jour, en matière d’habitat, est caractérisée par plusieurs paradoxes qui freinent l’accès à la propriété foncière et immobilière au lieu de la libéraliser en raison des besoins qui ne sont pas négligeables. La législation foncière et domaniale avec la procédure d’attribution à double détente (provisoire et définitive) est plutôt protectionniste et contraint les demandeurs de parcelles à attendre, en situation normale, au moins cinq ans pour prétendre à une sécurité résidentielle qu’ils n’obtiendront définitivement qu’après un autre parcours de combattant pour la délivrance du titre foncier. L’obtention d’un permis de construire n’est pas non plus aisée. Cette politique foncière a empêché la pleine réalisation des nombreuses actions pertinentes engagées par le Gouvernement pour faire face à la croissance urbaine galopante de la deuxième moitié des années 70 due au boom démographique urbain consécutif à une immigration étrangère massive doublée de l’exode rural. La viabilisation de nouvelles zones, la création de nouveaux quartiers, la construction de logements socio-économiques et la mise en place de structures techniques (SNI) et de financement (FNH, CREFOGA et CRH) n’ont pas, en effet, été à la hauteur de la demande de logement puisque le Gabon se trouve, plus de trente ans après, toujours confronté à un manque crucial d’espaces à bâtir et de logements sociaux. Ces instruments financiers publics ont échoué en raison de leur faible capacité à accorder de bonification de taux d’intérêt aux gabonais éligibles à leurs crédits. Le CREFOGA est liquidé tandis que le FNH et le CRH font actuellement l’objet d’une réforme dont les orientations ne sont pas encore connues. Malgré une importante surliquidité et la possibilité de réescompte permanemment offerte par le Marché Monétaire, les banques commerciales demeurent avares en matière de crédit immobilier en raison des difficultés d’obtention de titre foncier et de l’absence notoire de marché hypothécaire. Il est prématuré de juger l’action de la Banque de l’Habitat du Gabon dont les interventions viennent de commencer. L’extension du rôle de l’Etat (au-delà de sa mission régalienne d’encadreur, facilitateur et régulateur du secteur en produisant directement parcelles et logements par ses services dont les moyens financiers et humains sont très limités), les coûts élevés des facteurs de production immobilière et l’absence de politique de promotion immobilière limitent l’offre foncière et immobilière face à une demande sans cesse croissante en raison du développement rapide des villes. Les orientations politiques actuelles visent une augmentation sensible de la production immobilière et foncière puisqu’à l’ouverture du Forum de l’Habitat du 6 août 2010, le Premier Ministre a déclaré que « Chaque Gabonais doit disposer d’un logement décent et facilement accessible qui ne le prive pas de l’essentiel des revenus mensuels ». L’année 2010 a été consacrée, à cette fin, à l’aménagement foncier avec pour objectif de produire 4.120 parcelles réparties à concurrence de 2.700 pour Libreville, la Capitale, 497 pour Franceville, 481 pour Oyem, 424 pour Tchibanga. Le budget d’investissement a alloué une enveloppe de 40 milliards F.CFA au Ministère à cette fin. Il est trop tôt de faire un bilan de la mise en œuvre de cette nouvelle orientation de la politique de production foncière.
En matière de développement urbain, Il faut noter qu’il n’y a pas eu de réelle politique de développement urbain au Gabon : la croissance urbaine galopante évoquée ci-dessus s’est faite, en réalité, sans plan d’urbanisme : l’actualisation du SDAU de Libreville entreprise, depuis plusieurs années, n’est pas encore complètement achevée, les documents de planification des villes existants, très vétustes, ne sont plus d’actualité et au niveau national, l’actuel Schéma d’Aménagement du Territoire date de 1984. La stratégie de développement urbain et des transports, formulée dans le cadre du PAPSUT pour corriger la situation créée par l’urbanisation anarchique des décennies 70 et 80, n’a eu qu’une mise en œuvre timide.
2.2.2. Résilience des populations
La majorité des logements (environ 80 % du parc gabonais) ont été construits par auto promotion ou auto construction. La mise en œuvre est souvent confiée à des tâcherons sous la conduite du propriétaire pour les constructions modestes, et d’un maître maçon pour les villas. Ce mode de construction, comme dans les autres PED, est caractérisé par la réalisation progressive et souvent mal planifiée de constructions à usage personnel avec en milieu urbain une partie destinée à la location. Si ce type de mise en œuvre permet, en quelque sorte, de soutenir et de sécuriser l’autofinancement, le souci d’économie maximum et la faiblesse des investissements au départ, ne permettent pas de relever le niveau technique souvent très faible et les lacunes des équipements sanitaires, en nombre et en qualité. L’auto construction est le mode de production le plus pratiqué et le plus accessible aux ménages à faibles et moyens revenus. Très peu de logements sont construits avec l’appui technique de technicien, d’architecte ou d’entreprise en raison de la cherté de leurs prestations et aussi de l’ignorance des avantages qu’il peut procurer. La main d’œuvre représentant jusqu’à la moitié du prix de revient d’un logement de qualité moyenne, le recours à une main d’œuvre non grevée de charges sociales et entrepreneuriales peut procurer une réduction de coût de l’ordre de 20 % à l’auto-constructeur.
Au Gabon, sept logements sur dix sont construits sur un terrain exposé à des risques retenus. C’est essentiellement en milieu urbain que cette exposition au risque est la plus importante puisque 73 % des logements est bâti sur un terrain à risque contre 50 % en milieu rural (A. Beka Beka, 2013, p.90).
En milieu urbain gabonais, les deux principaux matériaux utilisés pour le sol des logements sont le ciment (49 % des ménages) et le carrelage (31 % des ménages). En milieu rural, le sol des logements est en terre dans 45 % des logements et en ciment dans 40 % (ONU HABITAT, 2013, p.48). Les autres matériaux sont marginaux quel que soit le milieu de résidence (moins de 6 %). Le sol des maisons dirigées par les hommes sont de standing plus élevé que celui des ménages dirigés par les femmes. Quant aux murs, ils sont principalement en parpaings (par 47 % des ménages) et en planches (par 27,6 % des ménages) en milieu urbain. En milieu rural ce sont les planches qui sont les plus utilisées (59 %) suivies de la terre battue (10 %) (ONU HABITAT, 2013, p.49).
Les matériaux pour le toit sont moins diversifiés. Près de neuf dixièmes des ménages ont leur toit en tôle aluminium (68 %) ou en bac aluminium (20,5 %) avec quelques variations selon le milieu de résidence et le sexe du chef de ménage (Recensement Général de la Population et des Logements, 2013). Dans toutes les provinces, la tôle aluminium et le bac aluminium sont les deux principaux matériaux de construction des toits utilisé par 86 à 95 % des ménages, mais quelques spécificités provinciales existent (ONU HABITAT, 2013, p. 45). L’existence de plafond dans les logements n’est pas systématique au Gabon ; deux logements sur cinq n’en ont pas. Pour la moitié des logements, le plafond est fait de contre-plaqué et dans 3,3 % des cas de béton.
La forte proportion des locataires urbains (51,6 %) est liée au fait que la population est à plus de 85 % urbaine (ONU HABITAT, 2013, p. 45). Ce phénomène est lié aux difficultés d’accès à la terre qui se conjuguent avec le coût élevé du logement dopé par la cherté des matériaux de construction et la complexité du régime foncier gabonais. Le sous-secteur de l’habitat souffre d’une absence de données statistiques fiables sur les principaux indicateurs économiques tels que parc de logements, types d’habitat, âge, confort et état des constructions, taille des logements, peuplement, ressources des ménages… Le parc immobilier urbain pourrait, quant à lui, être estimé en croisant les données actuelles sur la population et l’habitat. En effet, avec une population urbaine en 2010 d’environ 1.290.000 habitants soit 238.889 ménages d’une taille moyenne de 5,4 personnes et l’hypothèse que chaque logement abriterait en moyenne deux ménages, le parc immobilier urbain compterait environ 119.445 logements ou unités d’habitation (ONU HABITAT, 2013, p.48).
L’épargne personnelle des ménages, les quelques crédits accordés par les banques et entreprises à leur personnel et les opérations de la SNI et du BHG constituent les seules opportunités de financement qui demeurent dans le domaine de financement de l’habitat. Les mécanismes tels que le CREFOGA, le CRH et le FNH qui ont permis au Gabon de promouvoir l’habitat, dans le passé, ont tous échoué. Ces mécanismes ont connu des difficultés liées à leur lenteur d’exécution et à leur faible capacité de recouvrement des crédits accordés ; les banques, quant à elles, sont dans l’expectative de garantie appropriée au crédit immobilier.
3- Discussion
L’étalement urbain est d’abord le résultat visible de la propension des habitants à s’installer en périphérie (Extrait du rapport de présentation du POS, 1998). Dans cette perspective, en 1985 alors que la population de Libreville atteignait 300 000 habitants (R. Pourtier, 1989, p.58), le gouvernement gabonais avait initié des schémas d’aménagement urbain en vue de résoudre le problème d’occupation démesurée de l’espace urbain (F. Alloghe Nkoghe, 2013, p.98). Cette gestion de l’espace nécessite cependant de comprendre les tenants et les aboutissants du processus d’urbanisation, de saisir les enjeux et les conséquences qu’il provoque dans le court, le moyen et le long terme, tant sur le plan spatial que social et environnemental (Barcelo, 1993) cités par Antoni et Youssoufi, 2007).
Ce phénomène urbain, apparaît comme un cas particulier du processus général d’urbanisation, et se caractérise par une morphogenèse urbaine particulière, associée à une construction spécifique, possiblement ségrégative et peu durable de la ville contemporaine (Antoni, 2003 cités par Antoni et Youssoufi, 2007). La trame de Libreville à l’origine est articulée autour du plateau et des villages de Louis et de Glass (ministère de l’Habitat, du Logement et de l’urbanisme, Révision du SDAU de Libreville, Diagnostic urbain. Rapport provisoire, mars 2010). L’extension urbaine jusque dans les années 1950 s’est faite parallèlement au littoral (figure 1). Cependant, cette extension n’a pas pu se poursuivre dans les périphéries nord et sud de Libreville. En effet, du point de vue des principes qui président à l’élaboration d’un schéma d’aménagement urbain, l’image du quartier ou d’une périphérie repose traditionnellement d’une part, sur des normes de construction et d’autre part, sur une utilisation rationnelle ou irrationnelle des principes esthétiques généraux (crépissage, peinture, etc.) (A. Beka Beka, 2013, p.98). Entre 1960 et 1970, les modifications du tissu urbain ont été très importantes. Dans les années 1980, de grandes opérations ont conduit à la création de quartiers lotis tels que Nzeng-Ayong à l’Est de la ville, sans pour autant résorber la demande foncière et de logement. Dans le même temps, les espaces interstitiels, pourtant peu propices à l’urbanisation se comblent malgré les opérations de déguerpissement. Les insuffisances observées dans l’organisation du tissu urbain du grand Libreville conduit à faire des propositions d’aménagement pour l’amélioration de l’environnement urbain. La bonne gouvernance qui voudrait prendre en compte toutes les parties prenantes de l’aménagement devrait viser une planification participative, tendance vers laquelle l’urbanisme s’oriente pour une meilleure organisation de l’espace (L. Moughola Leyoubou, 2020). L’accès à la propriété foncière au Gabon fait l’objet des litiges entre la population et l’État gabonais qui doit jouer son rôle premier dans la production des terrains à bâtir afin de mettre à la disposition de la population des parcelles viabilisées, spécialement en zone urbaine. Cependant, l’extension anarchique de la ville de Libreville nécessite que soient définis des objectifs stratégiques nouveaux en vue d’un développement harmonieux. Dans cette logique, la Brigade Spéciale de l’Urbanisme et de Construction (BSUC) qui a pour rôle d’annihiler l’occupation anarchique de l’espace veillera à ce que les gens construisent dans les zones aménagées. En outre, pour procéder à une réforme foncière, il faudra accélérer les procédures de régularisation des terrains occupés sans droit en vue de leur rapide intégration dans le tissu urbain formel. La solution la plus simple serait de mettre en place les conditions juridiques qui permettent aux occupants d’acheter le terrain qu’ils occupent sans droit et d’y obtenir un titre de propriété ou l’attribution définitive et librement négociable. La fixation des prix devrait prendre en considération la capacité financière des occupants. L’objectif ici sera d’intégrer ces terrains dans la légalité qui doit prévaloir. Cette réforme consistera aussi à développer une capacité d’évaluation du marché foncier basé sur un noyau d’informations exactes et à jour sur le fonctionnement du marché foncier urbain. Autrement dit, une base concrète de données nécessaires à la préparation de mesures appropriées à l’amélioration du marché foncier en matière de planification et prise de décision par les pouvoirs publics, de l’évaluation des politiques et actions des pouvoirs publics, de construction de systèmes d’imposition foncière et des décisions du secteur privé en matière d’investissement.
Conclusion
Depuis 1970, les villes de l’Afrique subsaharienne tout comme l’agglomération de Libreville, connaissent une occupation spatiale qui s’opère par les initiatives individuelles. Les autres initiatives viennent des établissements privés ou paraétatiques. Libreville se caractérise par une occupation anarchique et discontinue du bâti. En dépit d’un nombre appréciable de textes réglementaires et de quelques efforts consentis notamment en matière de lotissements planifiés, l’implantation des habitats traduit l’impuissance des pouvoirs publics à mettre en œuvre un programme global d’aménagement urbain qui intègre toutes les entités socio-spatiales de la ville (R.M Nguema, 2005, p. 498).
En convoquant sa troisième conférence vicennale sur le logement et le développement urbain durable (Habitat III) pour l’année 2016, les Nations Unies emmènent les états membres à réaliser un bilan diagnostic dans la mise en œuvre des recommandations d’Istanbul qui concernaient un logement convenable pour tous et le développement durable des établissements humains. Avec un taux d’urbanisation estimé à 87% en 2013, le » secteur urbain au Gabon est une préoccupation d’actualité. Vingt ans après la conférence d’Istanbul le corpus législatif et réglementaire du secteur du logement et du développement urbain n’a pas beaucoup évolué. Bien que les efforts aient été consentis dans le développement infrastructurel dans certains domaines, les villes du Gabon souffrent d’une absence de document de planification urbaine. Le nouvel agenda urbain qui prendra en compte les objectifs du développement durable doit pour ce, gommer tous les dysfonctionnements pour assurer un développement urbain durable de Libreville.
Références bibliographiques
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Auteur(s)
Annie BEKA BEKA
Corine ADA NZOUGHE épouse OBOUNOU
Droit d’auteur
EDUCI