Développement de l’agriculture urbaine dans le contexte de la dynamique démographique et spatiale de la ville d’anyama (Côte D’ivoire)
1COULIBALY Kélémory, 2KOULAÏ Armand
Résumé :
Progressivement intégrée à la capitale économique Abidjan, Anyama fait partie, en termes deffectif démographique (115 260 habitants en 2014-INS), des villes moyennes de Côte dIvoire. La forte croissance de la population sest accompagnée dune dynamique spatiale au niveau des quartiers périphériques. Cette croissance démographique et spatiale qui se matérialise par de nombreuses opérations immobilières est aussi une conquête permanente des terres qui jadis, étaient des sites dintenses activités agricoles. Ce travail a cherché à connaître et à comprendre les conditions actuelles de pratique de lagriculture urbaine dans une ville comme Anyama qui ne cesse de sétaler au fil des années. Pour atteindre cet objectif, la présente étude sest appuyée sur une méthodologie constituée de deux techniques à savoir la recherche documentaire et lenquête de terrain (observation, inventaire et entretien par questionnaire). Les résultats obtenus révèlent quAnyama est une ville qui connaît un rapide développement dans le temps et dans lespace. Cest aussi une localité qui possède de réelles potentialités en matière de lagriculture urbaine vue la diversité des cultures rencontrées aussi bien dans la ville quà la périphérie. Malheureusement, les conditions pour la pratique de cette agriculture deviennent aujourdhui difficiles, car les espaces agricoles se réduisent face à la poussée démographique et spatiale de la ville dAnyama. Les analyses faites à la suite des résultats ont prouvé que les difficultés actuelles de lagriculture urbaine à Anyama sexpliquent par le fait que cette activité nest pas prise en compte dans le plan durbanisation de la ville.
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Mots-clés : Agriculture urbaine, dynamique démographique et spatiale, Anyama Keywords: Urban Agriculture, demographic and spatial dynamic, Anyama
Abstract :
Progressively integrated in the economic capital Abidjan, Anyama is part, in terms of population size (115 260 inhabitants in 2014-INS), medium-sized cities in Côte d’Ivoire. The strong population growth accompanied of a spatial dynamic at the level of the suburbs. This demographic and spatial growth that materializes by many real estate transactions is also a permanent conquest of the lands that once were sites of intense agricultural activities. This work has sought to know and understand the current conditions of practice of urban agriculture in a city like Anyama that continues to spread over the years. To achieve this objective, this study relied on a methodology consisting of two techniques namely desk research and the ground (observation, inventory and maintenance by questionnaire) survey. The results reveal that Anyama is a city that knows a quick development in time and space. It is also a town that has real potential for urban agriculture view the diversity of both encountered cultures in the city than on the outskirts. Unfortunately, the conditions for the practice of this agriculture become today difficult because agricultural spaces are reduced in the face of demographic and space of the town of Anyama thrust. The analyses following the results have proved that the current difficulties of urban agriculture to Anyama be explained by the fact that this activity is not taken into account in the urbanization of the city plan
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Mots-clés : Agriculture urbaine, dynamique démographique et spatiale, Anyama Keywords: Urban Agriculture, demographic and spatial dynamic, Anyama
INTRODUCTION
En Côte dIvoire, le développement urbain connaît une accélération depuis 1960. Dun taux durbanisation dà peine 12,7% en 1960, le pays est passé successivement à 32% en 1988, à 42,5% en 1998 puis à 49,7 en 2014 (INS, 2014). Ce développement urbain se traduit aussi par le nombre de plus en plus croissant de villes de 10 000 habitants. De 10 villes de plus de 10 000 habitants en 1960, la Côte dIvoire est passée à 44 villes de plus de 10 000 habitants en 1975 pour atteindre dans les années 2000 plus de 100 villes de plus de 10 000 habitants (OURA, 2010). Ce phénomène urbain est plus marqué dans la partie sud du pays en regroupant selon les statistiques, 5 des 10 grandes villes avec Anyama comme étant la 9ème localité urbaine la plus peuplée de Côte dIvoire (INS, 2014). Avec une population totale de 115 260 habitants en 2014 (INS, 2014), Anyama connaît également une dynamique spatiale qui se traduit dans le paysage urbain par la floraison de nombreuses opérations immobilières dans les quartiers périphériques de la ville qui jadis étaient des espaces dintenses activités agricoles. Parallèlement à cette croissance rapide de la ville dAnyama, on constate que les activités agricoles dont dépend une grande partie de la population de cette localité connaissent chaque année des perturbations. En effet, des espaces traditionnels de cultures pérennes et vivrières sont progressivement occupés par de nouveaux habitats individuels ou collectifs aussi bien dans la ville quà sa périphérie. Partant de ces constats, la question principale que soulève la présence étude est de savoir comment se fait la pratique des activités agricoles dans une ville comme Anyama qui est en pleine dynamique démographique et spatiale ? Répondre à cette préoccupation amène de façon spécifique à : -analyser les indicateurs de la dynamique démographique et spatiale de la ville dAnyama -montrer les caractéristiques de lagriculture urbaine à Anyama -établir un lien entre les modifications subie par lagriculture et la croissance spatiale de la ville dAnyama. Par ailleurs, la pertinence et lintérêt de ce travail se sont appuyés sur une littérature relativement abondante sur les rapports entre croissance urbaine et développement de lagriculture urbaine et périurbaine notamment celle de KOUAKOU Y. E. et al (2010). En effet, ces auteurs ont montré les influences de létalement de la ville dAbidjan à travers la commune de Yopougon sur les activités agro-pastorales qui sy déroulent. Si cette étude fournie des informations intéressantes sur les conséquences de la croissance urbaine sur les activités agricoles, elle naborde pas la situation dans laquelle se trouve lagriculture urbaine et périurbaine dans les villes périphériques de la ville dAbidjan comme Anyama, qui connait aussi une dynamique spatiale à cause de sa relative proximité avec la capitale économique de la Côte dIvoire. Ainsi, en abordant les éléments qui traduisent létament spatial dAnyama et le potentiel agricole de cette localité, la présente étude va analyser les conditions actuelles de développement de lagriculture dans cette ville où la conquête des terrains pour la construction des habitats ne cesse de croitre. MATERIELS ET METHODES 1- LA ZONE DETUDE Située A lorigine à 24 km au nord de lagglomération dAbidjan, la ville Anyama appartient au District Autonome dAbidjan. Elle est à cheval, dans le sens Sud Nord, sur deux importantes voies de communication : à lOuest la route nationale reliant (Abidjan-Adzopé) et à lEst la ligne du chemin de fer. Cette voie ferrée relie la capitale économique Abidjan à Ouagadougou au Burkina Faso. (Figure 1). Dans ses limites actuelles, Anyama est dans sa partie sud intégrée dans la ville dAbidjan au niveau de la commune dAbobo, lune des dix communes que compte la capitale économique ivoirienne. 2-METHODES DE COLLECTE DES DONNEES Pour cette étude, deux catégories de données en loccurrence lexploitation documentaire et celle obtenue par le biais des enquêtes de terrain ont été nécessaire. 2.1-Lexploitation documentaire La documentation a porté sur les études, travaux et articles disponibles sur la ville dAnyama et son arrière-pays. Il sagit dune part, des documents de lInstitut National de la Statistique de Côte dIvoire (INS) relatifs aux différents recensements généraux de la population et de lhabitat (RGPH) ainsi que quelques estimations de population faites entre deux grands recensements et dautre part, des travaux de recherche et thèses se rapportant à la ville dAnyama. Dautres documents ont été consultés au ministère de lagriculture et aux services techniques de la Mairie dAnyama dans le but de connaître les potentialités agricoles et les projets de développement de la ville. Ces documents ont été complétés par des données cartographiques fournies à la fois par lINS et le Centre National de Télédétection et dInformation Géographique (CNTIG). 2.2- Lenquête de terrain Lenquête sest réalisée dans la ville dAnyama dans les mois de Juillet et Août 2015. Elle a permis de faire de lobservation, linventaire, des entretiens et une enquête par questionnaire. Technique de contact avec le terrain, lobservation nous a permis de vérifier les informations contenues dans la littérature afin de jeter les bases devant nous permettre de faire une argumentation rigoureuse. Les principales entités observables sont les équipements, les infrastructures de base, lhabitat, les activités économiques et les exploitations agricoles. Linventaire a consisté à répertorier les différents types de culture et les modes de culture dans la ville. A cet effet, nous avons parcouru tout le paysage urbain dAnyama afin didentifier tout le potentiel agricole et les espaces occupés par les différentes cultures. Pour ce travail, un entretien semi-direct a été utilisé. Cette technique de recherche dinformations nest pas dirigée sur un grand nombre de questions structurées. Cependant, elle laisse le choix à nos interlocuteurs de sexprimer librement. Ce type dentretien sest réalisé avec les responsables du service technique de la mairie dAnyama. Outre, les responsables du service technique, les populations cibles en loccurrence les producteurs agricoles ont fait lobjet denquête par le biais dun questionnaire. Lenquête par questionnaire a été administrée aux acteurs individuels de façon aléatoire. Pour lagriculture urbaine et périurbaine dAnyama, des fiches denquêtes ont été élaborées et soumises à tous les acteurs travaillant dans la zone détude et présent sur le site pendant la période de létude. Au total 86 exploitants agricoles dont 24 exerçants dans les cultures pérennes et 62 dans le vivrier ont été interrogé. Les principales questions ont porté sur lactivité principale exercée, le nombre de personne dans le ménage, les variétés cultivées, le mode dobtention de la parcelle et les difficultés rencontrées. RESULTATS 1-LES INDICATEURS DE LA DYNAMIQUE DEMOGRAPHIQUE ET SPATIALE DE LA VILLE DANYAMA Ces indicateurs sapprécient dune part par la croissance de la population et lévolution de la tâche urbaine dautre part. 1.1-La croissance de la population Lhistorique de la croissance démographique dAnyama est traduit sur la figure 2. Ainsi, de 2 454 habitants en 1955 Anyama sest retrouvée vingt ans plus tard à 26 400 habitants, puis à 79 548 habitants lors du recensement de 1998. Le dernier dénombrement de la population de 2014 renforce cette dynamique démographique en positionnant Anyama parmi les 10 plus grandes villes de Côte dIvoire avec une population totale de 115 260 habitants. Figure 2 : Evolution de la population à Anyama de 1955 à 2014 Cette forte croissance sest accompagnée dun taux daccroissement de la population dont les piques sont observés durant les périodes 1962-1965 et 1965-1971 avec respectivement des taux daccroissement moyen annuel de 6,6% et 12,6%. Si les données démographiques nous montrent une population en pleine croissance quen est-il de la tâche urbaine ? 1-2- Lévolution de la tache urbaine. Lévolution de la tache urbaine de la localité dAnyama est la conséquence de la rapide croissance de la population. Lévolution du parcellaire montre une ville qui sétale le long du chemin de fer et de la route internationale (Figure 3). Figure 3 : Evolution du parcellaire de la ville dAnyama en 1958, 1993, 2002 et 2013 En 1958, Anyama sétirait le long de deux voies de communications terrestres presque parallèles dans le sens Sud Nord : à lEst, cest la voie de chemin de fer ; à lOuest, la voie routière. On y trouvait les premiers quartiers de la ville : « Schneider » au Nord ; « Gare » au Centre ; « Christiankoi 1 et 2 » au Sud ; « Zossonkoi » qui sétend au-delà de la route vers lEst ; le quartier « Derrière rail » est naissant. En 1993, outre le processus de densification des quartiers existants depuis 1985, le quartier « P.K.18 » au Sud, nouvellement loti se développe. En 2002 ; alors quon constate la densification des quartiers « RAN », apparaissent des sous quartiers tels que « PK 18 extension », « Blankro » à lOuest de PK 18 ; « Scierie » et « CEG extension » au Nord. Le nombre de quartier na pas cessé dévoluer au fil des années. Ainsi, de 5 quartiers en 1958, on est passé à 12 quartiers en 1993. Cest une ville qui compte plus de 15 quartiers en 2015 selon les données du Service technique de la Mairie. Cependant, ces différents quartiers ont des superficies très variées (Tableau 1). Tableau 1 : Les quartiers de la ville dAnyama et leurs superficies en Km2 Les données du tableau montrent quAnyama compte deux grands quartiers en termes de superficie. Il sagit de CEG et de RAN qui détiennent 40% de la superficies totale de la tâche urbaine dAnyama estimée à plus de 30 Km2. Cette tache urbaine qui na cessé dévolué au fil des années (en fonction du nombre de quartier) peut influencer la dynamique de la pratique des activités agricoles dont les caractéristiques sont développées ci-dessous. 2-LES CARACTERISTIQUES DE LAGRICULTURE URBAINE A ANYAMA Elles se traduisent par les types de culture avec les statistiques afférentes et leur localisation spatiale à Anyama. 2.1-Les cultures pratiquées : typologie, superficies et productions Dans lespace urbain dAnyama, on retrouve une diversité de culture. Mais deux grands types de cultures se distinguent : les cultures dexportation et les cultures vivrières (Tableau 2 et 3). Tableau 2 : Les données statistiques des cultures dexportation à Anyama Les statistiques sur les cultures industrielles indiquent quAnyama reste un espace où lhévéaculture est bien pratiquée tant au niveau des superficies (64%) quau niveau de la production (62%). Cette suprématie de lhévéa est aussi illustrée par le taux élevé dexploitants avec plus de 72% de lensemble des producteurs de ces cultures. De façon générale, les cultures dexportation dominent le paysage agricole dAnyama mais avec une faible diversité, ce qui nest pas le cas pour les vivriers. Tableau 3 : Situation des cultures vivrières en milieu urbain et périurbain dAnyama A la différence des cultures industrielles, le vivrier se pratique sur de petites surfaces pour une production qui reste faible. Cependant, cest un secteur très diversifié si lon se réfère au tableau 3 qui indique huit types de culture. Malgré cette grande diversité, le secteur du vivrier dans le paysage urbain et périurbain dAnyama est dominé par le manioc et ce à travers le nombre dexploitant, de superficie et de production. Le manioc est suivi de loin par le maïs et la banane plantain. Par ailleurs, lorganisation spatiale de ces différentes cultures dans le paysage urbain dAnyama est nécessaire pour comprendre les conditions dans lesquelles se développent le secteur agricole dans une ville comme Anyama qui est pleine dynamique spatiale et démographique. 2.2-Organisation spatiale des cultures La disposition spatiale des activités agricoles est fonction de la topographie de la ville dAnyama (Figure 5). Figure 4 : Localisation des espaces agricoles à Anyama Les vallées très humides sont réservées aux cultures vivrières telles que la patate douce, le riz, la salade, le chou et la canne à sucre (Photo 1). Ces vallées se trouvent à lest de la ville le long du chemin de fer ainsi quà la périphérie Est et Nord notamment aux quartiers SCHNEIDER et RAN. Les pentes de colline et les plateaux sont les endroits où sont pratiquées aussi bien les cultures de subsistance que les cultures dexportation. En effet, les vivriers comme le manioc, le maïs, la banane plantain, la papaye solo et ligname se développent sur ces espaces. Lhévéaculture et le palmier à huile se pratiquent sur des pentes de colline et surtout sur le sommet des plateaux (Photo 2). Ces cultures vivrières et dexportation se pratiquent également à lOuest de la ville du côté des quartiers CEG et RESIDENTIEL. A la différence de la partie Est de la ville, la zone ouest bénéficie dune topographie de plateaux moins accidentés, traversée par une route nationale bitumée. Ces éléments ont fait des quartiers situés à louest de la ville dAnyama, la zone privilégiée dextension au détriment des cultures qui sy pratiquaient. Suite à lorganisation spatiale des activités agricoles, il convient de faire un parallèle entre la croissance urbaine dAnyama et ses impacts sur le développement de lagriculture. 3-CROISSANCE URBAINE ET PRATIQUE AGRICOLE Il sagit ici de montrer dune part, les dextension de la ville avec les constructions qui sy développent et la situation actuelle de la pratique de lagriculture dans ces sites. 3.1-Les nouvelles zones dhabitation Anyama connait depuis quelques années une agitation frénétique dans la mise en valeur des terrains. Mais, cest au quartier CEG que le développement des nouvelles constructions est spectaculaire. Les lots y sont mis en valeur malgré labsence de lélectricité, bien que lon constate quavec limplantation de quelques poteaux électrique, la réalisation de lélectrification est pour un proche avenir. Léquipement du réseau deau courante nest pas encore fait. Mais le château deau en construction sur les hauteurs du quartier, et dont les travaux sont pratiquement achevés, laisse à penser que cette lacune sera bientôt corrigée. De lautre côté de la route nationale de lEst où il nexistait que des cultures vivrières et commerciales (Palmier, Hévéa), une société immobilière dorigine marocaine est en train de construire des immeubles dhabitations de moyen standing . Ce projet de construction envisage sétendre sur une centaine dha dont environ 40 ha sont déjà mis en valeur. Le reste des surfaces non encore occupée soit 60ha sont en cours daménagement pour construire dautres habitations. 3.2-Situation actuelle de la pratique agricole Avec la croissance spatiale de la ville à lOuest à travers les opérations immobilières, les espaces traditionnelles de pratique de lagriculture connaissent une modification. Si les zones peu propices à la construction dhabitat comme les bas-fonds sont restées intactes, les zones de plateaux à louest sont en revanche recherchées. Ces vastes espaces ont été longtemps occupés par les cultures vivrières (manioc, maïs) et quelques plantations dhévéa et de palmier à huile. Mais avec lévolution économique et démographique de la ville dAbidjan toute proche et de celle dAnyama, lon assiste à un boom de limmobilier au sein du paysage urbain de la localité. Depuis cinq ans, ce sont de nombreuses parcelles de cultures qui sont soit détruites ou réduites pour faire place aux nouvelles habitations (Figure 5). Figure 5 : Aperçu des modifications subies par les espaces agricoles au profit des habitations dans la périphérie est de la ville dAnyama Lexemple le plus probant reste lopération immobilière initiée par une société marocaine. Ce projet de construction de logements sociaux se réalise sur un espace initialement occupé par de vastes plantations dhévéa et quelques parcelles de culture de manioc ou de maïs. Il a nécessité la destruction dune grande partie de la plantation dhévéa évaluée à 10 ha (Photo 3). Photo 3 : Une partie dune plantation dhévéa détruite pour faire place à une opération immobilière au quartier CEG à Anyama Les populations agricoles pratiquant aussi le vivrier sur cet espace sont contraintes daller trouver des espaces de cultures plus éloignées. Les quartiers CEG et RESIDENTIEL qui jadis, étaient les bassins de développement de lagriculture à Anyama, deviennent le centre de la croissance spatiale de la ville, à travers de nouvelles constructions. DISCUSSION 1-ANYAMA, UNE VILLE EN PLEINE CROISSANCE ET NOUVEAU FRONT URBAIN POUR ABIDJAN La poussée démographique de la ville dAbidjan a joué un rôle important dans la croissance urbaine dAnyama. Selon lINS, les populations urbaines dAnyama et de la capitale économique Abidjan ont respectivement augmenté de 35 712 habitants et de 1 517 295 habitants entre de 1998 et 2014. Ce sont des chiffres très significatifs qui permettent de comprendre la croissance urbaine actuelle de la ville dAnyama. De tels effectifs de croissances de population dans les deux villes se traduisent par un élargissement de loccupation spatiale urbaine. Situé dans la périphérie nord, Anyama possède un important gisement foncier qui permet limplantation des habitats. A contrario, à lOuest de la ville dAbidjan, le relief fortement escarpé de « Gesco », sous quartier de la Commune de Yopougon, freine lévolution de la ville (COULIBALY, 2008). Les zones dextension se trouvent donc à lest, en direction de la localité de Bingerville et au nord, du côté de la ville dAnyama. Cest la raison pour laquelle DJEGUEMA (2006), affirme que le front durbanisation au nord de la ville dAbidjan sétend pour atteindre les localités périphériques comme Anyama et Bingerville. Contrairement à Bingerville, les populations abidjanaises, notamment les classes moyennes sorientent vers Anyama pour acquérir des terrains dont les coûts sont relativement faibles. Ces classes moyennes sont sûr dy obtenir des logements dont les coûts sont modérés (30 000 à 50 000 FCFA pour une maison de deux pièces). Lextension du front urbain abidjanais se justifie également par le boom immobilier que connait cette ville. En effet, les immenses besoins de logement à Abidjan que le Ministère de la Construction estime à 50 000 par an, ne sont pas étrangers à leffervescence constaté dans la mise en valeur des quartiers Est de la ville dAnyama. Cest donc une ville dAnyama qui est en pleine dynamique spatiale à cause dAbidjan, mais qui possède un réel potentiel en matière dagriculture urbaine. 2- ANYAMA, LIEU DUNE AGRICULTURE URBAINE RICHE ET DIVERSIFIÉE A lexamen des résultats, on remarque que lagriculture urbaine reste développée dans la ville dAnyama. Définie comme la culture des plantes pour lalimentation et autres usages au sein et autour des villes, lagriculture urbaine comprend une variété de systèmes de production, allant de la production de subsistance et de transformation au niveau des ménages agricoles entièrement commercialisé (MOUGEOT, 1994 et DUCHEMIN, 2012). Cest donc une agriculture qui se pratique à la fois à lintérieur des villes quà lextérieur comme cest dailleurs le cas à Anyama. Ainsi, dans cette ville, on constate une réelle implantation de lagriculture au centre-ville comme à la périphérie. Mais ce qui particularise lagriculture urbaine à Anyama, cest la diversité des productions. En effet, en plus de nombreuses cultures vivrières et maraîchères, on rencontre quelques cultures industrielles que sont lhévéa et le palmier à huile. Dune manière générale, cette agriculture peut se résumer aux caractéristiques de lagriculture urbaine et périurbaine faites par KOFFI-DIDIA (2015) à savoir une activité constituée de maraichage, des cultures vivrières et pérennes. Les vivriers développés dans le paysage urbain dAnyama présentent aussi une grande diversité. En plus des maraîchers constitués de légumes (chou, salade, tomate), on note la présence des céréales (maïs, riz), des féculents (manioc, banane, igname, patate douce) et quelques pieds de canne à sucre au sein des parcelles de patate douce. Toutes ces variétés de culture témoignent de la grande richesse de lagriculture pratiquée dans le paysage urbain dAnyama. Cest une ville qui reste marquée par une mosaïque de production agricole (KOUAKOU, 2010). La diversité des cultures pratiquées à Anyama, sapparente à celle des nombreuses zones urbaines du sud de la Côte dIvoire. Ainsi, OURA (2010), fait savoir que la ville de Bonoua située au sud-est du pays est à la fois une agroville et le centre du développement dune agriculture basée sur lananas, le manioc et lhévéa. Malgré sa richesse, lagriculture urbaine connaît des problèmes dans son développement avec la croissance de la ville dAnyama. Les superficies du secteur agricole se réduisent face à la poussée des zones dhabitations de la ville. 3-AMENUISEMENT ET RECULE DU FRONT AGRICOLE DANS LESPACE URBAIN DANYAMA Lagriculture pratiquée dans la ville et à la périphérie dAnyama contribue à lapprovisionnement en produits alimentaires des ménages urbains. Elle crée également des emplois et des revenus pour les producteurs à travers la commercialisation. Cette agriculture devient dans ce cas, un outil permettant damélioration de la sécurité alimentaire et de la nutrition des citadins (FAO, 2000). Malgré son poids économique et social, lagriculture urbaine connaît des problèmes avec la croissance démographique et spatiale de la ville dAnyama. Ces difficultés se situent au niveau de la réduction des espaces de pratique des activités agricoles ou parfois des superficies des plantations de cultures pérennes situées dans les quartiers périphériques de cette ville. Cette situation de réduction des zone agricoles (ZA) dAnyama cadre avec celle faite par KOUAKOU Y. E. et al (2010) dans la commune de Yopougon à Abidjan où les ZA ont connu une baisse drastique de leurs superficies au profit des constructions. Pour ces auteurs, cela sexplique par le fait que Yopougon connaît une urbanisation de masse à travers des logements économiques construits par des sociétés immobilières mais, aussi des habitats spontanés comme des lieux dhabitations des quartiers précaires. Dans le cas dAnyama, la réduction de la taille des plantations de cultures industrielles se fait parfois sous laction de projets immobiliers initiés par une société marocaine dénommée « Alliance ». Pour KOFFI-DIDIA (2015), ces espaces agricoles sont non seulement objets de convoitise de la part des opérateurs immobiliers mais pose le problème crucial de réduction progressive des espaces disponibles du fait de la densification urbaine et de la reconversion urbaine à savoir lurbanisation. Les raisons pouvant expliquée le recul des front agricoles dans la ville dAnyama et sa périphérie sont évoquées par le CNRA (2011) qui mentionne que lagriculture et lurbanisation nayant, a priori, été jugées complémentaires par les urbanistes et les dirigeants, les espaces libres pour la culture ne sont pas prévus lors de laménagement du territoire urbain Cette situation mentionnée par le CNRA sinscrit dans la politique générale de la Côte dIvoire dans laquelle lagriculture urbaine nest pas prise en compte dans les plans directeurs urbains (Ministère de lagriculture, 2007 et BNETD, 2002). Dans ces conditions, les agriculteurs urbains doivent trouver des espaces libres, avec le risque dêtre déguerpis. Pour MOUGEOT (2006), les espaces les plus couramment utilisés pour lagriculture urbaine sont les terrains situés à proximité des habitations, en bordure des routes ou des voies ferrées. Lopinion de cet auteur cadre avec la pratique agricole à Anyama qui se fait sur des terrains non encore bâti, les bas-fonds, en bordure de la route nationale Abidjan-Adzopé ainsi quen contre bas de la ligne du chemin de fer qui scinde la ville en deux parties. Mais avec la dynamique de la ville, ces terres agricoles connaissent une mise en valeur autre quagricole, car elles sont pour la plupart du temps, la propriété du gouvernement, des institutions sociale (école, églises) ou des particuliers. Les agriculteurs urbains dAnyama sont donc contraints dabandonner ces terrains pour se trouver de nouvelles terres à la périphérie de la ville. Ils font régulièrement lobjet de déguerpissement, subissent souvent les pressions de la police, des administrateurs municipaux et recherchent alors dautres terrains (ROY, 2009 et CNRA, 2011). Avec lindisponibilité progressive des terres, les agriculteurs cultivent de plus en plus de petites superficies (en moyenne 1, 5 ha pour les cultures vivrières), ce qui ne permet pas une pratique optimale de lagriculture dans le paysage urbain. Ces problèmes soulèvent lenjeu de la viabilité de lagriculture urbaine dAnyama qui est la disponibilité des terres cultivables. Ces enjeux sont inhérents à toutes les villes du tiers monde où selon MOUGEOT et MOUSTIER (2004), la disponibilité du sol à des fins agricoles et laccès au sol sont des enjeux de taille dans la plupart des villes des pays en développement. CONCLUSION Ville périphérique de la capitale économique ivoirienne, Anyama connaît depuis plusieurs années, une explosion démographique qui la positionne parmi les dix plus grandes villes de Côte dIvoire en 2014. Cette croissance de sa population conjuguée à celle dAbidjan a contribué à la dynamique spatiale actuelle dAnyama. Ainsi, les quartiers périphériques ouest restés longtemps peu occupés sont aujourdhui le théâtre de létalement de la ville avec des projets immobiliers individuels et collectifs. Ce développement rapide dAnyama a des répercussions sur lagriculture urbaine et périurbaine. En effet, les résultats obtenus sur le terrain montrent quAnyama reste aussi une ville agricole au regard des nombreux espaces agricoles présents à lintérieur comme à la périphérie de la ville. Mais face à lurbanisation galopante dAnyama, les activités agricoles connaissent des difficultés qui se matérialisent par la perpétuelle destruction ou réduction des espaces de cultures pour faire place aux habitations afin de répondre aux exigences de lurbanisation. Ce travail, en mettant en relief la dynamique démographique, spatiale et les potentialités agricoles de la localité dAnyama a cherché à connaitre les conditions actuelles de développement de lagriculture dans un paysage urbain où la conquête des espaces pour la construction des habitations demeure la priorité majeure. Après analyse des résultats, il ressort que la marginalisation de lagriculture urbaine et périurbaine à Anyama sexplique en partie par le fait que le volet agricole nest pas toujours pris en compte dans le plan durbanisation de la ville. Ces difficultés peuvent être surmontées et permettre à Anyama dêtre une ville agricole, malgré sa forte croissance démographique et spatiale. Cela passe par lintégration de lagriculture dans le projet durbanisation de la ville, par exemple. 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Notes
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Auteur(s)
1COULIBALY Kélémory, 2KOULAÏ Armand 1Maître-Assistant- Institut de Géographie Tropicale Université FHB Abidjan- E mail : kelemory45@gmail.com 2Assistant- Institut de Géographie Tropicale Université FHB Abidjan-E mail : koulai.armand@yahoo.fr/armanddekoulai@gmail.com
Droit d’auteur
Université Felix Houphouët Boigny de Cocody, Abidjan, Côte dIvoire