Ordures ménagères, eaux usées et santé de la population dans la ville de Daloa (Centre-Ouest de la Côte D’Ivoire)
1Tuo Péga, 2Coulibaly Moussa, 3Aké Djaliah Florence Epse Awomon,4Tamboura Awa Timité, 5Anoh Kouassi Paul
Résumé;
La gestion des ordures ménagères et des eaux usées reste une préoccupation pour les populations de la ville de Daloa. En effet, la prolifération des dépôts sauvages dordures ménagères dans les rues et les espaces publics, la stagnation des eaux usées dans les rues et les caniveaux à ciel ouvert favorisent linsalubrité des cadres de vie des populations. Aussi, la non maîtrise de la dynamique urbaine entraîne loccupation des zones marécageuses. Or linsalubrité et les zones marécageuses sont déterminantes dans la transmission et la propagation des maladies telles que le paludisme, la diarrhée, la fièvre typhoïde, les infections respiratoires aigües qui sont liées à lenvironnement du cadre de vie des populations. Une corrélation est donc établie entre la distribution spatiale de ces maladies et le niveau de dégradation de lenvironnement des quartiers de la ville de Daloa. Pour réduire les risques sanitaires dans cette ville, limplication des populations et des pouvoirs publics est nécessaire dans tous les programmes daménagement urbain et de gestion de lenvironnement pour un mieux-être des citadins.
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Mots-clés : Côte dIvoire, Daloa, ordures ménagères, Eaux usées, la santé de la population
Keywords: Ivory Coast, Daloa, household waste, waste water, the health of the population
Abstract;
Rapid urban growth and uncontrolled Ivory Coast is a real concern because of environmental problems and health risks that result. This strong urbanization accompanies population growth. The city of Daloa characterized by demographic dynamics is facing enormous environmental problems, the main ones the proliferation of illegal dumping of garbage and stagnant sewage and rainwater, or the quality of the environment influences health. The occupation of wetlands, the cohabitation of populations with illegal dumping of garbage and sewage seem to justify the distribution of disease prevalence. This study shows the impact of waste management and waste water on the health of populations in Daloa. Using desk research and field surveys, the results show the methods of waste management and waste water in the town of Daloa and their consequences on the health of the population. The difficult management of garbage and sewage has led to a proliferation of diseases such as malaria, diarrhea and respiratory infections Aigües (IRA). This article highlights the unhealthy and health problems in urban areas for better management of living environments of people, the key to sustainable human development.
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Mots-clés : Côte dIvoire, Daloa, ordures ménagères, Eaux usées, la santé de la population
Keywords: Ivory Coast, Daloa, household waste, waste water, the health of the population
INTRODUCTION
Lurbanisation est lun des principaux phénomènes sociaux dont lévolution accélérée touche à présent la planète toute entière. Cette situation est fortement perceptible dans les pays en développement, où les mégalopoles enregistrent les taux de croissance urbaine les plus marqués (Konan, 2012). Le phénomène durbanisation reste un véritable défi pour les pays en voie de développement. Une urbanisation caractérisée par un rythme accéléré (34%) qui na pu permettre la mise en place des conditions idéales pour son encadrement et donc sa maîtrise (Ministère dEtat, Ministère du plan et du Développement, 2007). La croissance rapide des villes est étroitement liée au rythme de la croissance démographique. Elle est également alimentée par un exode massif des populations des villages et campement vers les centres urbains, motivé par la croyance que ceux-ci offrent de meilleures conditions de vie. Lexode rural est un facteur explicatif de la croissance vertigineuse de la population urbaine. Les villes absorbent les deux tiers de la croissance démographique totale au niveau mondiale (PNUD, 1991). En Afrique, lurbanisation est encore récente et le continent reste le moins urbanisé. Néanmoins, il connaît le taux de croissance urbaine le plus élevé du monde et les projections montrent que dici à 2025, plus de 50% de la population africaine sera urbaine (Salem et al, 2003). Ce phénomène se justifie par lexplosion démographique qui est une caractéristique commune aux pays en voie de développement.
La Côte dIvoire à linstar des pays de lAfrique a connu une explosion démographique accompagnée dune urbanisation très accélérée. Ainsi le taux durbanisation était de 32% en 1975 et 39% en 1988. Ce taux est passé de 43% en 1998 et 48% en 2009 pour atteindre 50,3% en 2014 (INS-RGPH, 2014). Cette croissance démographique est marquée toute fois par un fléchissement du taux daccroissement naturel, continu tout au long de ces décennies : 4,4% avant 1975, 3,8% de 1975 à 1988, 3,3% de 1988 à 1998 et enfin 2,6% de 1998 à 2014 (INS-RGPH, 2014). Ceci a des implications sur la gestion de lespace urbain dans la mesure où, on assiste à la consommation de vastes quantités de ressources naturelles, à une production dénormes quantités de déchets que les administrations urbaines ont beaucoup de mal à gérer de façon rationnelle et à une crise généralisée des services urbains qui comprennent lapprovisionnement des citadins en eau potable, lhabitat, les infrastructures de drainage et dassainissement. Ainsi, avec la brutalité de ce phénomène, surtout dans les grandes villes, les problèmes de santé des populations se posent avec une acuité de plus en plus grande. Dans le processus de détérioration de la santé des populations en milieu urbain, beaucoup de facteurs qui concourent à la dégradation de lenvironnement sont mis en cause (Hibberd et al, 1998) cités par Sy (2006). Il sagit de laccroissement des bidonvilles, du manque et de linsuffisance des équipements de gestion de lenvironnement.
La ville de Daloa, chef-lieu de la région du Haut-Sassandra et troisième grande ville de la Côte dIvoire en termes de populations après Abidjan et Bouaké (Commission Européenne, 2002) connaît une dynamique urbaine mal maîtrisée qui engendre des problèmes denvironnement. En parcourant les différents quartiers de la ville, on constate une stagnation des eaux usées (eaux usées de lessives, vaisselles, vannes) dans les rues et devant les habitations. Des dépôts sauvages dordures ménagères sont visibles dans les rues et espaces publiques et deviennent des lieux de prédilection pour les animaux errants. Ces dépôts non contrôlés et lincinération des déchets à lair libre générant une pollution atmosphérique sont un véritable danger pour la santé des populations riveraines. Létat de la dégradation de lenvironnement à Daloa est aggravé par linsuffisance de caniveaux pour le drainage des
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eaux pluviales et la présence de bas-fonds dans le paysage urbain du fait de son relief. Ce qui donne limage dun environnement fortement dégradé, insalubre et pollué. Les eaux usées stagnantes, les dépôts dordures ménagères et les zones marécageuses constituent donc des sources de nuisances et de propagation de certaines pathologies au sein de la population. En effet, les sociétés humaines, en modifiant perpétuellement leur environnement, créent des conditions favorisant la disparition, le maintien ou lémergence de certaines pathologies (Salem et al., 1989 ; Cadot et al., 1998) cité par Sy et al. (2011). La ville de Daloa, soumise à ces problèmes denvironnement est confrontée à une propagation de nombreuse pathologies causant ainsi de nombreux problèmes de santé publique. Les données fournies par le district sanitaire de Daloa montrent que le paludisme est la maladie la plus récurrente avec 142 suivi des infections respiratoires aigües (basse et haute) (66.), des maladies diarrhéiques (14), des cas de conjonctivite (3,1) et de la fièvre typhoïde (2,0.) en 2015. Lincidence du paludisme était de 58 en 2009, elle est passée à 102 en 2011 pour atteindre 109 en 2013 et125 en 2014. Les infections respiratoires aigües ont connu également une évolution dans le district sanitaire de Daloa. En 2009, son taux dincidence est passé de 24 à 33,11 en 2011 et est arrivé à 37,26 en 2013 et 40. Les maladies diarrhéiques ont également connu une évolution car leur incidence qui était de 9.en 2009 est passée à 10,69 en 2011pour atteindre 13,80 en 2013.
Au regard de ce qui précède, il se pose le problème de la difficile gestion des ordures ménagères et des eaux usées qui influence négativement la santé des populations. Alors, Quel est limpact de la gestion des ordures et des eaux usées sur la santé de la population dans la ville de Daloa? Cet article a pour objectif général de montrer limpact de la gestion des ordures et des eaux usées sur la santé des populations à travers lanalyser des modes de gestion des ordures ménagères et des eaux usées et les conséquences sur la santé des populations.
1- Matériels et méthodologie
1-1 Zone détude
La ville de Daloa située dans le Centre-Ouest de la Côte dIvoire est le chef-lieu de la région du Haut-Sassandra depuis 1996. Daloa est limité au Nord par la ville de Vavoua et la ville de Zuénoula, au Sud par les villes dIssia et de Sinfra, à lOuest par celle de Duékoué et Bangolo et à lEst par la ville de Bouaflé. Le choix de la ville a été fait à la suite dun constat. Située dans lancienne région du Centre-Ouest, aujourdhui rebaptisée région du « Haut-Sassandra » en pays Bété à 400 km dAbidjan, Daloa se trouve à la jonction de plusieurs axes routiers dont Abidjan-Guinée (Est-Ouest), San Pédro-Mali (Nord-Sud), Man-Abidjan et Odienné-San Pédro. Cette situation en fait un lieu de passage obligé, aussi bien pour le transport des marchandises que pour le transit de nombreux migrants qui fréquentent ces axes. Daloa connaît donc un trafic routier conséquent. Cette ville forestière à vocation agricole est un véritable centre de commerce et de transport. Elle comptait en 2014, 275 277 habitants et 42 quartiers pour une superficie de 5 305 hectares, ce qui correspondait à une densité de 52 habitants /km2 (INS-RGPH, 2014). En conséquence, Daloa attire les populations des autres villes du pays et celles de la sous-région. Daloa à travers sa spécificité et les caractéristiques communes quelle partage avec les autres villes du pays apparaît comme le cadre idéal pour comprendre le lien qui existe entre un environnement dégradé et la santé de la population. La carte n°1 localise et présente lespace détude.
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1- 2 Méthode de collecte des données
La démarche de recherche adoptée à combiner deux techniques de collecte de données à savoir la recherche documentaire et les enquêtes de terrain. La recherche documentaire a permis daborder le terrain détude avec un ensemble de connaissances sur le sujet de létude. Elle a porté sur les sources bibliographiques, statistiques et cartographiques :
– Les sources bibliographiques : A travers les documents, nous avons recherché les informations relatives à limpact de la dégradation de lenvironnement sur la santé de la population en milieu urbain. Ces données ont été collectées dans les bibliothèques, centres de documentation, instituts et institutions. Les documents consultés se résument à des ouvrages méthodologiques, des ouvrages généraux et des ouvrages spécifiques portant sur les études dont les centres dintérêt sont proches de notre sujet.
– Les sources statistiques : LInstitut National de la Statistique, les services techniques
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de la mairie et le district sanitaire de Daloa ont été sollicités pour avoir les données statistiques. Les données sociodémographiques des recensements de 1975, 1988, 1998 et de 2014, les données relatives à la gestion de lenvironnement sont fournies par les services techniques de la mairie (quantité de déchets solides produits et ramassés en 2014, létat des voies de communication). Les données sanitaires ont été données par le district sanitaire de Daloa et les centres de santé de larmée ivoirienne (police, gendarmerie et militaire). Il sest agi de lévolution des maladies environnementales de 2009 à 2014, le taux de fréquentation des structures sanitaires, le nombre dhospitalisation pour cause de maladies environnementales en 2014, le niveau daccessibilité aux centres de santé et le taux dapprovisionnement en médicaments dans les centres de santé.
– Les sources cartographiques : Les cartes réalisées en février 2014 par lInstitut National de la Statistique ont permis dapprécier les extensions de la ville, davoir une meilleure connaissance de loccupation de lespace de la ville par lhabitat.
Pour lenquête de terrain, une observation, des entretiens et une enquête par questionnaire ont été faits. Lobservation sur le terrain nous a permis davoir un aperçu général de létat de lenvironnement de la ville, de relever les différents problèmes majeurs à savoir le déversement des eaux usées domestiques dans les rues, devant et /ou dans les cours, la stagnation des eaux usées et pluviales, la prolifération des ordures ménagères à travers les quartiers et les actions menées par les différents acteurs en matière de gestion de lenvironnement.
Les entretiens libres ont ciblé les responsables chargés des problèmes environnementaux et sanitaires notamment ceux des services techniques de la mairie, du district sanitaire, de lINHP et des services du ministère de lenvironnement et de la direction régionale de la construction et de lurbanisme. Ces entretiens nous ont permis davoir des données concernant les problèmes environnementaux, de connaître les points de groupages des ordures dans la ville, la longueur des voies en terre et bitumées, la superficie de la décharge de la ville, les différentes actions menées par ces responsables en matière de gestion de lenvironnement afin dinfléchir les problèmes de santé des populations de Daloa.
Lenquête par questionnaire a été menée auprès des chefs de ménages ou à défaut sa femme dans les différents quartiers de la ville. Lenquête a porté sur un échantillon de 662 chefs de ménage. La prise en compte de tous les quartiers de la ville (42 quartiers) se justifie par le fait que cette méthode nous a permis de mettre en évidence les diversités spatiales et sociales afin daffiner lanalyse des faits en vue de parvenir à une meilleure généralisation des faits. Un quartier peut abriter une ou plusieurs Zone (s) de Dénombrement (ZD). Pour cette étude, nous avons fait la liste de toutes les ZD composant chaque quartier et procéder à un tirage aléatoire. Pour une meilleure couverture des ZD tirées, nous avons opté pour le nombre accepté par INS et qui est 13 ménages. Dans les quartiers où cest un multiple de 13, on a tiré 2, 3 voire 4 ZD dans ces quartiers. Le tableau n°1 présente la répartition des chefs de ménages enquêtés par quartier et par zone de dénombrement.
Tableau n° 1: Répartition des chefs de ménages enquêtés par quartier et par zone de dénombrement
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Une ZD est composée dun ou plusieurs îlots. Le choix des îlots dans lesquels nous avons enquêté a été possible grâce à deux méthodes : pour les ZD comprenant au maximum 13 îlots, nous avons fait une simple division du nombre de ménages à enquêter par le nombre dîlots et pour les ZD de plus de 13 îlots, nous avons procédé à un tirage dans la liste des îlots par ZD. Le facteur discriminant pour le choix des ménages à visiter a été le critère de proximité dune source de pollution telle que les caniveaux à ciel ouvert, les dépôts sauvages dordures ménagères, la mauvaise évacuation des eaux usées et pluviales, la présence de boues de vidange et le type dhabitat.
La ville de Daloa comprend 42 quartiers. Les critères qui sont à la base de lorganisation des quartiers relèvent de réalités historiques, socioculturelles et politiques. Sur le plan urbanistique, la délimitation des quartiers doit sappuyer sur un certain nombre de principes et normes pouvant assurer sa fonctionnalité. Dans le cadre de cette étude, nous avons retenu trois types de quartiers en fonction de leur niveau de services, de leur mode de construction et de la
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densité doccupation à savoir les quartiers dhabitat résidentiel, les quartiers dhabitat évolutif et les quartiers dhabitat précaire comme nous indique le tableau n° 2.
Tableau n° 2 : répartition des quartiers de la ville de Daloa selon le type dhabitats
1- 3 Traitement des informations
Les informations recueillies à travers la recherche documentaire et les enquêtes sur le terrain ont subi un dépouillement manuel et informatique. Le logiciel Word a été utilisé pour la saisie de texte, le logiciel Excel pour lélaboration de tableaux et de graphiques et sphinx V5 pour le masque de saisie. Certaines données traitées sont traduites en carte. La réalisation de ces cartes sest faite à laide des logiciels Arc View et Adobe Illustrator.
2- Résultats et discussion
Les résultats de létude portent sur les modes de gestion des ordures ménagères, des eaux usées et leurs conséquences sur la santé de la population. Ils sont aussi discutés.
2- 1 Une difficile gestion des eaux usées et vannes
2- 1.1 Lévacuation des eaux usées de ménages et de toilettes
Les résultats obtenus concernant les modes dévacuation des eaux usées sont présentés dans le tableau n° 3.
Tableau n° 3 : Mode dévacuation des eaux usées de ménage dans les différents types de quartiers
Sur les 661 chefs de ménage qui ont donné une réponse à question suivante : «quel est le lieu dévacuation des eaux usées de ménages (cuisine, lessive, vaisselle ?», les rues ou les cours constituent les principaux lieux de rejet des eaux usées pour 216 chefs de ménages, soit 32,7% de lensemble des enquêtés. Une part importante des chefs de ménage (26,3% de lensemble) évacuent les déchets liquides dans les terrains vagues ou dans la nature. 170 parmi eux,
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c’est-à-dire 25,7% des chefs de ménage éliminent les eaux usées dans des puits perdus ou des fosses septiques. Les bas-fonds ou les ravins (10,1%) servent à des lieux dévacuation des eaux usées.
Les fosses septiques et les puits perdus (74,2%) sont les lieux où les résidents des quartiers résidentiels comme le Commerce, Tazibouo, Lobia, Evéché, Piscine, Tazibouo Ecole Française, Kirmann, etc
évacuent leurs eaux usées de ménages. Quant aux habitants des quartiers évolutifs tels que Marais, Labia 2, Huberson, Belleville, Cissoko, Ségou, etc
, ils rejettent plus les eaux usées issues des activités domestiques dans les rues ou les cous (38,2%) comme le montrent les photos n° 1 et n° 2 et dans les terrains vagues (27,2 %). Ces mêmes endroits constituent les lieux privilégiés dévacuation des déchets liquides ménagers des populations des quartiers précaires. Tout cela fait que les rues sont jonchées de détritus.Dans la ville de Daloa, les réseaux dassainissement drainent les eaux usées vers les bas-fonds surtout la rivière Tétégbeu. Les caniveaux existants dailleurs sous dimensionnés sont constamment bouchés malgré le travail (curage des caniveaux et dalots) des Coopératives des Travaux Communaux (CTC) et ne permettent pas lévacuation normale des eaux usées comme la Commission Européenne (2002) lavait déjà signalée.
L’assainissement constitue lun des éléments fondamentaux dans la préservation ou l’amélioration de la santé de l’individu et de la communauté entière. Malgré son importance, dans les quartiers de la ville de Daloa, lévacuation des eaux usées est laissée aux initiatives individuelles. Plusieurs méthodes sont alors utilisées par les ménages pour lévacuation des déchets liquides selon le type de quartiers comme le montre la figure n° 1.
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Figure n° 1 : Répartition des ménages selon le mode dévacuation des eaux usées de toilettes
Les eaux usées issues des douches sont généralement recueillies dans un puits perdu ou fosse septique creusé à lintérieur ou à lextérieur des concessions. Cest une fosse denviron 1 à 4 mètres de diamètre sur 3 à 4 mètres de profondeur, reliée directement à la douche. Elle est souvent couverte par des dalles en béton, par des planches de bois, des morceaux de tôles ou peut être à ciel ouvert. Mais faute daménagement approprié, parce que confectionnés par des artisans ou des maçons non formés à la construction des puisards ou des latrines, ces ouvrages peu profonds sont vite remplis laissant déborder les eaux usées qui sécoulent sur les voies publiques. Les fosses sont vidées sous la pluie ou à la faveur de la nuit. Les méthodes utilisées pour lévacuation des eaux usées domestiques dans les quartiers savèrent donc inadéquates. De telles situations offrent dans une certaine mesure, des conditions favorables à la prolifération et à laccumulation des moustiques.
Les fosses septiques ou les puits perdus sont utilisés dans 383 des 662 ménages enquêtés, soit une proportion de 57,9% des cas dans la ville. Dans 164 ménages, les eaux de toilettes sont rejetées directement dans les rues, dans les cours, des maisons inachevées ou terrains vagues (24,8%). Les rues qui servent de passage aux populations sont utilisées à dautres fins par ces ménages. Ces derniers évacuent directement les eaux de toilettes dans ces lieux sans se soucier des problèmes de santé que cela pourraient engendrer. Les rigoles ou les bas-fonds constituent les lieux de rejet des eaux usées issues des toilettes pour 69 ménages, soit 10,4% des ménages visités. En plus de ces méthodes, les caniveaux à ciel ouvert (6,9%) sont utilisés pour lévacuation des eaux usées de toilette.
Dans les quartiers résidentiels, plus de 94,2% des ménages évacuent les eaux usées dans les fosses ou des puits perdus et 5,8% rejettent les eaux usées dans les rues ou même ils laissent les eaux usées ruisseler dans un terrain vague ou dans une habitation inachevée. Dans les quartiers évolutifs, les fosses sont utilisées par 54,3% des ménages tandis que 25,3% des ménages préfèrent évacuer directement dans les rues (photo n° 3) et 10,6% des ménages éliminent les eaux usées dans les caniveaux à ciel ouvert.
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Photo n° 3 : Les eaux usées de toilette ruisselant dans les rues au quartier Orly 2 de Daloa
Les problèmes dassainissement et la mauvaise qualité des eaux de surface et souterraines dus aux déchets se posent avec acuité sur lensemble de la planète et sont plus inquiétants dans les pays en voies de développement. Selon lOMS/PNUD (1992), labsence dun système convenable dévacuation des eaux superficielles pose un sérieux problème pour de nombreuses communautés à faibles revenus et peut avoir de graves conséquences : inondations fréquentes, érosion des sols, transmission accrue dun certain nombre de maladies.
Lon observe dans la ville de Daloa que les eaux usées sont essentiellement constituées deaux de vaisselle, de lessive, de bain et de cuisine.
Quant aux eaux pluviales, elles envahissent les voies rendant la circulation des véhicules très difficile. On assiste en effet, à une dégradation accélérée de la voirie par létalement des eaux de ruissellement (photo n° 4). La ville dispose de 3463 ml de grandes émissaires deaux pluviales revêtues :
– section 50 X 50 donne 1600 ml
– section 60 X 60 correspond à 1663 ml
– section 80 X 60 vaut 200 ml
Daloa est de plus en plus confrontée aux problèmes de gestion des eaux pluviales avec des conséquences économiques et sociales parfois dramatiques.
La ville dispose dun schéma directeur dassainissement qui ne couvre pas toute la ville. Le réseau dassainissement collectif ne se limite quau Centre Hospitalier Régional, au 2ème Bataillon dinfanterie et à lEscadron de la Gendarmerie. Ce système qui servait à lévacuation des eaux usées et pluviales dans ces différentes structures nest fonctionnel quau CHR.
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Photo n° 4 : Ecoulement des eaux pluviales sur une voie au quartier Marais
Le système de canalisation des eaux pluviales qui nexiste que sur le long des voies principales A6 et aux abords des voies des anciens quartiers nassure pas le bon fonctionnement du réseau dassainissement surtout quil est le lieu par excellence pour le dépôt des ordures ménagères. Mais certains ménages construisent à leurs propres frais des ouvrages pour lévacuation des eaux usées et pluviales. Ces ouvrages sont généralement faits de briques en ciment et orientés vers les ravins et les bas-fonds. A ces différents problèmes, il faut ajouter la stagnation des eaux qui crée des flaques deau dorigine domestique ou pluviale. Elle se rencontre dans quelques endroits des quartiers évolutifs, précaires et évolutifs-précaires. Cette situation est le résultat du mauvais drainage des eaux pluviales. Ces eaux qui stagnent dans la rue restent un réservoir ou un gît pour les moustiques par conséquence source de paludisme. Les caniveaux qui doivent servir à lévacuation des eaux pluviales sont rarement curés.
2- 1.2 Le mode dévacuation des eaux vannes dans la ville de Daloa
Les ménages de Daloa ayant des lieux daisance évacuent les eaux vannes de diverses manières comme le montre le tableau n° 4.
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Tableau n° 4: Le mode dévacuation des eaux vannes selon la typologie des quartiers
Lanalyse du tableau n° 4 montre que 312 ménages, soit 47,7% de lensemble évacuent les eaux vannes dans les Fosses septiques tandis que 233 ménages éliminent ces eaux dans des fosses à puits perdus. Les Puisards (trous creusés à lextérieur des cours) servent souvent de lieux dévacuation des eaux vannes par 108 ménages (16,5% des ménages). Ces méthodes ont un impact sur la santé de la population. LOMS en collaboration avec le PNUE (1992) soutiennent quen termes de santé publique, les infections les plus importantes sont les nombreuses transmissions «fécales-orales» dues à la consommation daliments ou de boissons contaminés. Les pathologies microscopiques responsables de ces infections se trouvent dans les défections des humains ou des animaux infectés. Ils contaminent les eaux de surface lorsque les égouts sont bouchés ou lorsque les fosses septiques débordent et ils proviennent souvent aussi des défécations des individus qui ne disposent pas de toilettes. Les effluents des systèmes dassainissement autonome sont riches en coliformes fécaux, helminthes, virus, protozoaires et en divers polluants chimiques et physiques. La situation sanitaire de la gestion des boues de vidange est préoccupante. La gestion se fait de façon anarchique et sans tenir compte des règles dhygiène que requière cette activité. Cette situation entraîne des risques sanitaires énormes pour les populations et lenvironnement. Mais indépendamment de ces pratiques, il faut noter le non-respect des normes techniques de construction des ouvrages dassainissement individuel telles que conseillées par le ministère de la construction et de lurbanisme. Ce qui provoque le remplissage rapide des fosses et un débordement du contenu hors de celles-ci augmentant ainsi les risques sanitaires encourus par la population (PDM & PS-Eau, 2002).
2- 2 La prolifération des ordures ménagères
2- 2.1 Le mode de conditionnement des ordures ménagères dans les ménages
Le rapport du PNUD (1991) souligne que les villes absorbent les deux tiers de la croissance démographique totale au niveau mondial. Elles consomment de ce fait de vastes quantités de ressources naturelles et produisent dénormes quantités de déchets que les administrations urbaines ont beaucoup de mal à gérer de façon rationnelle. Cette situation défavorable et déplorable nous a amené à interroger les chefs de ménage sur leurs modes de conditionnement des ordures ménagères. Sur les 662 chefs de ménage enquêtés dans les différents types de quartiers, nous avons obtenu les différents modes présentés dans le tableau n° 5 ci-dessous :
Tableau n° 5 : Répartition des ménages par type de quartier selon le mode de conditionnement des ordures ménagères à domicile
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Il importe que les ordures ménagères, avant dêtre évacuées, soient conservées de façon hygiénique par le ménage. Pour cela, des récipients bien fermés, en matière imperméable et résistant à la corrosion, assez solide et susceptible dêtre vidés et nettoyés facilement doivent être utilisés par les ménages. Les capacités de ces récipients dépendent de la fréquence de la collecte, du nombre dindividus quils desservent.
A léchelle de la ville de Daloa, les déchets solides ménagers domestiques sont conditionnés dans toutes sortes de récipients usagés (fût, seau, sac, etc.) généralement sans couvercle ou à défaut sont entreposés sur le sol. Les seaux constituent les principaux récipients utilisés pour recueillir les déchets ménagers dans 277 ménages, soit 41,8% des ménages visités. Mais 155 des ménages enquêtés, soit 23,9% ne possèdent daucun récipient pour collecter les déchets. Les déchets produits par ces ménages sont généralement déversés devant la cour ou dans les rues. Les ménages ne possédant pas de récipient sont repartis dans les types de quartiers de la ville. Plusieurs raisons sont données par les occupants de ces ménages pour justifier labsence de poubelles ou autres récipients de collecte des ordures ménagères. La figure n°2 met en évidence le poids de chaque motif dans les types de quartier.
Dans les quartiers résidentiels, les ordures ménagères sont pour la plupart conditionnées dans des corbeilles avec couvercle (34,2%) et dans des seaux (33,3%). Les seaux sont utilisés par 47,8% et les sacs par 22,6% des ménages des quartiers évolutifs. Dans les quartiers précaires 55,1% des chefs de ménages nont aucun récipient pour recueillir les déchets avant leur élimination. Dans ces types de quartiers, les ordures sont entreposées au sol et créent des désagréments aux populations. Lorsque les déchets au sol sont à lextérieur des habitations, ils sont à la merci du vent, des rongeurs et autres animaux errants.
Figure n° 2 : Répartition des chefs de ménages par type de quartiers et selon la raison justifiant labsence de poubelles dans le ménage
La figure n° 2 montre que plusieurs raisons à savoir la négligence, le comportement des récupérateurs, le vol de poubelle, le manque de moyens financiers et les boîtes à ordures abîmées expliquent labsence de poubelles pour recueillir les ordures dans les 158 ménages recensés.
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La négligence des chefs de ménage constitue la principale raison de labsence de poubelle dans le ménage. Ces chefs de ménage négligents représentent 50,63% des 158 enquêtés. Dans les quartiers évolutifs, la négligence et les poubelles gâtées expliquent les raisons fondamentales de labsence de poubelles dans les ménages avec des taux respectifs de 44,5% et 26,6%. Cette même tendance est observée dans les quartiers précaires avec 61% et 23,7%.
2-2.2 Des modes de gestion des ordures ménagères inappropriés dans la ville de Daloa
Les différents modes dévacuation des ordures ménagères adoptés par la population de Daloa peuvent être regroupés en huit modes comme le montre la figure n° 3 qui indique la répartition des ménages suivant la mode dévacuation des déchets et selon le type de quartier.
Figure n° 3 : répartition des ménages en fonction du mode dévacuation des ordures ménagères et la typologie des quartiers
Lanalyse de la figure n° 3 montre que lévacuation des ordures ménagères dans les rues ou espaces publique, lévacuation à laide de précollecteurs, le rejet des déchets dans les bas-fonds et ravins et dans les cours constituent les principales méthodes dévacuation des déchets ménagers dans la ville de Daloa. Sur les 662 chefs de ménages enquêtés, 266 chefs, soit 40,2% de lensemble des enquêtés ont recours aux dépôts sauvages (dans les rues, les caniveaux à ciel ouvert, les parcelles inhabitées,
) pour lévacuation des déchets solides (photo n° 5). En plus de ceux-ci, 30,2% des ménages enquêtés louent le service des précollecteurs informels. Ils sont au nombre de 200. Ils apprécient ce système car il est régulier et permet déviter la conservation des ordures ménagères pendant longtemps dans les habitations. Les bas-fonds et les ravins sont utilisés par 88 chefs de ménages comme lieux dévacuation des ordures ménagères. Pour 83ménages, soit 12,6% des ménages enquêtés la solution pour éliminer les déchets est toute simple. Il sagit de verser les ordures ménagères dans la cour ou devant la cour pour être incinérer par la suite (photo n° 6). Cette méthode très simple, peu coûteuse et rapide, elle est de plus en plus courante et répandue à travers certains quartiers comme Marais, Cissoko, Kennedy, Huberson… Lévacuation des déchets est nécessaire pour des raisons dhygiène et desthétique.
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La prolifération des ordures ménagères reste la forme la plus visible de la dégradation de lenvironnement urbain. Selon Konan (2012), les dépôts sauvages, en raison des problèmes environnementaux et sanitaires quils constituent, sont des marqueurs spatiaux dinsalubrité dans la mesure où ils forment des niches écologiques favorables à la prolifération des arthropodes (des mouches, des cafards) et des rongeurs. Ces arthropodes représentent des vecteurs de transmission de certaines pathologies infectieuses. Daprès la Commission Européenne (2002), les dépotoirs de la mairie de Daloa initialement au nombre de 22 et concentrés dans la zone commerciale seraient eux aussi devenue de véritables dépôts sauvages. Lentreposage des ordures se fait en désordre puisquil nexiste aucun contrôle. Pendant la saison des pluies, les eaux sont drainées à travers la décharge et se déversent dans les quartiers périphériques où les habitants pratiquent des cultures maraîchères. Les odeurs qui se dégagent deviennent insupportable à certains moments. Pour lOMS (1998), les déchets domestiques organiques posent des problèmes sanitaires particulièrement graves, puisquen fermentant ils gréent des conditions favorables à la suivie et à la multiplication des pathogènes microbiens, surtout lorsque, faute dassainissement, des excréments humains y sont associés. Les déchets organiques favorisent également la prolifération des insectes, des rongeurs et dautres animaux pouvant être porteur de pathogènes entériques.
Inspiré du modèle de spatialisation du niveau de salubrité utilisé par Konan (2012) et celui de Cissé (1997) dans sa thèse sur limpact sanitaire de lutilisation deaux polluées en agriculture urbaine, le processus de classification adopté prend en compte pour chaque type dobjet géographique le nombre et la superficie. Outre les centres de groupages sauvages, la décharge et le point de groupage retenu par la mairie, les superficies des dépôts dordures et des rejets deaux usées et vannes ont été mesurées en combinant la méthode des pas étalonnés et des mètre ruban de 30 m. En fonction de chaque superficie calculée, une côte allant de 5 à 14 pour les déchets solides et 4 à 14 pour les déchets liquides a été attribuée. Partant des résultats obtenus, les quartiers de la ville de Daloa diffèrent les uns des autres selon le niveau de la dégradation de lenvironnement comme illustrée par la carte n° 2.
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Carte 2 : Le niveau de dégradation de lenvironnement des quartiers de Daloa
2.3. Les principales maladies rencontrées à Daloa
Au cours de lannée 2014, le paludisme, les infections respiratoires et la diarrhée ont constituées les principales pathologies (figure n° 4) enregistrées dans la ville de Daloa.
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Le paludisme constitue la première cause de consultation des malades surtout des enfants de moins de cinq ans. Le total des cas de paludisme enregistré est de 7 748 cas pour un effectif total de 12 092 cas de pathologies. Les infections respiratoires aiguës (IRA) sont la seconde maladie diagnostiquée chez les patients avec un total de 2 402 cas, soit 19,9% de leffectif total. Le nombre de cas de diarrhée était de 842.
Ces mêmes tendances ont été observées dans le district sanitaire de Daloa au cours de lannée 2014. Lincidence du paludisme est passée de 58 habitants en 2009 à 102 en 2011. En 2012, elle a connu une nette amélioration car elle est passée à 96,6 habitants. Mais en 2013, elle est remontée à 109 habitants pour atteindre 125 habitants en 2014.
En ce qui concerne lincidence des infections respiratoires dans la population générale, en 2009, elle était de 24 habitants. Deux ans après, c’est-à-dire en 2011, elle atteint 37,26 habitants. A partir de 2012, elle connaît également une amélioration (34) jusquen 2013 avec 33,11 habitants. En 2014, on enregistre 40 nouveaux cas pour 1000 habitants.
Les maladies diarrhéiques, regroupant la diarrhée aigüe non sanglante, la diarrhée sanglante et la diarrhée persistante chronique ont donné pour 2009, 09 nouveaux cas pour 1000 habitants contre 14,02 habitants en 2011. Les périodes 2012 et 2013, lincidence de diarrhée connaît une diminution (11 habitants en 2012 et 10,69 habitants en 2013). En 2014, elle a atteint 12 habitants.
2.4- Relation entre les problèmes environnementaux et les maladies dont souffre la population
La ville de Daloa est confrontée à de nombreux problèmes denvironnement. Le mauvais drainage des eaux usées a de fortes conséquences sur l’environnement et la santé des populations. Elle est responsable de l’érosion des ouvrages d’adduction d’eau potable, des intoxications et de a prolifération des maladies. La prolifération des dépôts dordures ménagères, lenvahissement des quartiers par les broussailles, loccupation des bas-fonds non aménagés par lhabitat, les pollutions provoquées par lincinération des ordures ménagères, la dégradation de la voirie contribuent énormément à la dégradation de lenvironnement et causent de nombreux désagréments à la population. La carte n° 3 présente la répartition des proportions de maladies environnementales en fonction du niveau de la dégradation de lenvironnement des quartiers de la ville de Daloa.
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Carte n° 3: Relation entre la mauvaise gestion des eaux usées et des ordures ménagères et les problèmes de santé des populations de Daloa.
La carte n°3 met en évidence le lien entre la dégradation de lenvironnement dans les différents quartiers de Daloa et le nombre de malades liés à lenvironnement. Mais il importe de noter que cette relation nest pas visible à partir de la carte. Lanalyse des données issues du terrain révèle une corrélation linéaire croissante entre les problèmes environnementaux et létat de morbidité dans les quartiers de Daloa. Cette corrélation est perceptible à travers la figure ci-dessus.
Dans cette corrélation linéaire, la variable explicative est la dégradation de lenvironnement des quartiers. Lincidence des morbidités est la variable expliquée. Une courbe de tendance linéaire a été ajoutée au nuage de points obtenu (figure n° 5). La croissance de cette courbe montre que les deux variables évoluent dans le même sens.
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Ce qui veut dire que le nombre de malades croît en fonction de lévolution du niveau de dégradation de lenvironnement et du cadre de vie dans les quartiers.
Figure n° 5 : corrélation entre le niveau de stagnation des eaux usées, la prolifération des dépôts sauvages dordures ménagères et le nombre de malades dû à lenvironnement à Daloa
Avec un niveau de significativité de 0,05% et de coefficient de corrélation (r=0,8376), lintensité de la liaison entre les deux variables est testée à travers le coefficient de détermination. Le coefficient de détermination (r2 = 0,7016) traduit lexistence dune corrélation de forte intensité entre le niveau de dégradation de lenvironnement et les incidences des maladies environnementales car r2 = 0,7016 est comprise entre 60 et 75%.
Pour un nombre de degrés de liberté de 40, le R2 de cette corrélation linéaire est de 0,7016 et le r est égal à 0,8376. Le r lu dans la table de PEARSON est de 0,304. Le r calculé (0,8436) est supérieur au r lu (0,304). On conclut alors quil existe une corrélation linéaire significative entre la gestion des eaux usées, des ordures ménagères et la santé des populations à Daloa. Le coefficient de détermination traduisant lintensité de relation entre le niveau de dégradation de lenvironnement des quartiers et le nombre de malades montre que 70,16% des maladies environnementales seraient attribuées à la dégradation de lenvironnement à Daloa. En dautres termes, le niveau de dégradation de lenvironnement est pertinent dans la distribution spatiale des maladies environnementales. Cela se voit clairement avec les quartiers Kennedy, Marais, Soleil 2, Lobia 2, Tazibouo 2, Belleville, Huberson et Orly 1 qui ont les plus grands niveaux de dégradation environnementale. Ces différents quartiers ayant les plus grands niveaux de dégradation enregistrent les plus grands nombres de malades dans la ville.
La santé reste une préoccupation majeure du développement durable comme le souligne le principe I de la déclaration de Rio sur lEnvironnement et le Développement en 1992 : « les êtres humains sont au centre des préoccupations relatives au développement durable. Ils ont droit à une vie saine et productive en harmonie avec la nature». Linterdépendance entre qualité environnementale et santé publique fait ainsi apparaître de nouveaux risques pour le IIIème millénaire. LOMS (2000) cité par Sandy et al (2004) estimait que les problèmes liés à
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lenvironnement sont la cause de 21% des maladies dans le monde. La grande majorité de ces maladies se manifestent dans les pays en développement et la part qui revient aux causes environnementales est plus importante dans les régions les plus pauvres du monde. Ainsi, Sy (2006) a associé en partie la survenue des maladies diarrhéiques à la prolifération des déchets solides dans lespace urbain.
CONCLUSION
La gestion des ordures ménagères et des eaux usées reste une préoccupation pour les populations de la ville de Daloa. En effet, la prolifération des dépôts sauvages dordures ménagères dans les rues et les espaces publics, la stagnation des eaux usées dans les rues et les caniveaux à ciel ouvert favorisent linsalubrité des cadres de vie des populations. Aussi, la non maîtrise de la dynamique urbaine entraîne loccupation des zones marécageuses. Or linsalubrité et les zones marécageuses sont déterminante dans la transmission et la prolifération des maladies telles que le paludisme, la diarrhée, la fièvre typhoïde, les infections respiratoires aigües qui sont liées à létat des établissements humains. La distribution spatiale des maladies pour cause lenvironnement dans la ville de Daloa est liée au niveau de dégradation de lenvironnement des quartiers. Pour réduire les risques sanitaires dans la ville de Daloa limplication des populations et des pouvoirs publics est nécessaire dans tous les programmes daménagement urbain et de gestion de lenvironnement pour un mieux-être des citadins.
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Notes
Table d’illustration
Auteur(s)
1Tuo Péga, 2Coulibaly Moussa, 3Aké Djaliah Florence Epse Awomon,4Tamboura Awa Timité, 5Anoh Kouassi Paul
1 Maître-Assistant, E-mail : pega12007@yahoo.fr
2 Doctorant, E-mail : coulsiby2015@gmail.com,
3Doctorante,
4Doctorante, E-mail : a.timite@yahoo.fr
5Professeur Titulaire, E-mail : anohpaul@yahoo.fr
Droits d’auteur
Université Felix Houphouët Boigny de Cocody, Abidjan, Côte dIvoire