Estimation du stock de carbone dans deux unités de terre en zone de savane du Cameroun

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1Joseph Armathé AMOUGOU, 2Lucas Dominique BEMBONG EBOKONA, 3Romain Armand Soleil BATHA, 4Armand William MALA , 5Hortense NGONO

Résumé :

FrançaisEnglish


Le changement d’affectation des terres et l’agriculture sont souvent considérés comme des causes principales des émissions de dioxyde de carbone (CO2). L’objectif de cette étude est d’évaluer et comparer les stocks de carbone des savanes non exploitées (SNE) à ceux des agroforêts-cacao (AFC) établies sur savanes dans l’optique de montrer que ces pratiques pourraient permettre de réduire les émissions de CO2. Cette étude a été menée de Décembre 2013 en Février 2014 dans l’écotone forêt-savane localisé dans l’arrondissement de Bokito (région du Centre Cameroun), dans deux sites Kédia et Ediolomo, où les AFC sont principalement établies sur savane. Pour la mener, une enquête socio-économique a été réalisée auprès de 60 ménages paysans. Un inventaire des ligneux a été réalisé sur 30 parcelles dont 14 témoins (SNE) afin de caractériser la composition floristique des unités de terre (UT). Les données dendrométriques et les équations allométriques ont permis d’estimer la biomasse afin de calculer les stocks de carbone et de CO2.
   Les résultats révèlent que 93 % des ménages ont pour activité principale génératrice de revenu l’agriculture et d’autre part, la totalité des ménages crée leur AFC dans les savanes. L’inventaire révèle la diversité floristique de ces AFC et montre que 26 espèces ligneuses à Kédia, 33 à Ediolomo sont associées aux cacaoyers contre 14 espèces recensées dans les SNE. Les espèces les plus courantes dans les AFC sont Dacryodes edulis, Citrus spp., et Persea americana. Une SNE stocke en moyenne 15,47 tC.ha-1 à Kédia et 16,40 tC.ha-1 à Ediolomo contre 68,12 tC.ha-1 stockés dans les AFC à Kédia et 76,99 tC.ha-1 à Ediolomo ce qui correspond à 197,21 tCO2.ha-1 en moyenne et à une valeur monétaire de 553 309,33 FCFA.
  Ces résultats montrent que les stocks de carbone des AFC sont supérieurs aux stocks de carbone des SNE. Donc, la pratique de la cacaoculture dans la savane permet de réduire les émissions de CO2, d’éviter la déforestation et la dégradation des forêts tout en garantissant une sécurité alimentaire durable pour le paysan.

Entrées d’index


Mots-clés : stock de carbone, savanes non exploitées, agroforêt cacao, écotone, Bokito

Keywords: carbon stock, unexploited savannas, cocoa-agroforests, ecotone, Bokito

Abstract :

FrançaisEnglish


In Cameroon, land use change and agriculture are often considered as the main causes of carbon dioxide (CO2) emissions. The objective of this study is to evaluate and compare the carbon stocks in unexploited savannas (UES) to those in cocoa-agroforests (CAF) established in savannas, with the aim of showing that these practices could reduce CO2 emissions. This study was conducted from December 2013 to February 2014 in the forest-savanna ecotone located in the Bokito district (Central region Cameroon), at two sites Kedia and Ediolomo where CAFs are mainly established in Savanna. To achieve this goal, an inventory of wood was carried out on 30 plots with 14 controls (UES) to determine the floristic composition of land units (LU). Dendrometric data and allometric equations were used to estimate biomass to calculate carbon stocks and CO2.
  The most common species in the AFC are Dacryodes edulis, Citrus spp., and Persea americana. An UES stores an average of 15.47 tC.ha-1 in Kédia and 16.40 tC.ha-1 in Ediolomo against 68.12 tC.ha-1 stocked in the CAF at Kédia and 73.99 tC.ha-1 in Ediolomo which corresponds to an average of 197.21 tCO2.ha-1 and to a monetary value of 553 309,33 FCFA.
  These results show that carbon stocks of savanna in the CAF are greater than carbon stocks of the UES. The practice of cocoa cultivation in the savanna thus permits to reduce CO2 emissions by avoiding deforestation and forest degradation while ensuring sustainable food security for the farmers.

Entrées d’index


Mots-clés : stock de carbone, savanes non exploitées, agroforêt cacao, écotone, Bokito

Keywords: carbon stock, unexploited savannas, cocoa-agroforests, ecotone, Bokito

INTRODUCTION


Le besoin d’atténuer les effets néfastes du changement climatique a déterminé le besoin d’information sur l’évolution dans le temps de la couverture végétale et d’estimer le stock de carbone séquestré par tous les écosystèmes dans l’optique de définir une politique climatique mondiale. Le protocole de Kyoto faisant suite à la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques, souligne la nécessité de protéger le carbone déjà emmagasiné dans les forêts (au niveau des arbres et du sol), mais aussi de mener toute activité de boisement et/ou de reboisement pour piéger le carbone (Anonyme, 2007). Or dans la zone de transition forêt-savane de Bokito, les Agroforêts Cacao (AFC) sont établies sur les savanes diminuant ainsi, la pression sur les forêts et convertissant les savanes en agroforêts. Cette transformation de la savane en agroforêt contribue significativement à la séquestration du CO2 grâce au labour du sol et par l’intégration des espèces ligneuses (Amougou et al., 2013).
  L’émergence du mécanisme de Réduction des Emissions issues de la Déforestation et de la Dégradation des forêts (REDD+) dans le marché carbone va entrainer à une demande des informations crédibles, accessibles et actualisées sur les stocks de carbone (Brown, 2002; Joosten et al., 2004). Les pays ou les régions qui disposent d’informations fiables et au moment indiqué seront les mieux placés pour tirer profit de ces opportunités qui se profilent à l’horizon. Fort de cela, plusieurs travaux ont été réalisés au Cameroun pour estimer les stocks de carbone dans les forêts ainsi que dans les AFC (Nolte et al., 2001; Kotto-Same et al., 2001; Zapfack, 2005 ; Nasi et al., 2008). La majorité des travaux qui existent sur les AFC ont été réalisés pour la plupart, dans les zones forestières, et très peu dans les écotones forêt-savane où les AFC sont établies dans les savanes. D’où l’intérêt de la présente étude dont l’objectif est d’évaluer et de comparer les stocks de carbone des savanes et à ceux des agroforêts-cacao de l’écotone forêt-savane de Bokito (région du Centre Cameroun).
  Plus spécifiquement, l’étude vise à (1) identifier et à caractériser les différents types d’acteurs en présence ainsi que leurs différentes pratiques et stratégies, (2) caractériser la composition floristique des arbres dans les agroforêts à base de cacaoyers et les savanes non exploitées ; (3) estimer les stocks de carbone (épigés et racinaires) des arbres ; et (4) évaluer la valeur monétaire du dioxide de carbone (CO2) séquestré lors de la conversion savanes-AFC.

II. Matériel et méthodes

II.1 Localisation/ Présentation de la zone d’étude

Relief, sol et hydrographie

La zone d’étude est caractérisée par une succession de plaines et collines de faibles altitudes. On se situe au niveau de la transition entre basse plaine et plateau. Le paysage de la zone d’étude est caractérisé par une mosaïque forêt-savane sur des pénéplaines légèrement ondulées à sol ferralitique faiblement désaturé. Le soubassement de la surface intérieure est d’âge précambrien et se compose essentiellement de roches cristallines (granites, gneiss, micaschistes) qui ont subi un aplanissement très poussé, responsable du relief peu marqué. A l’Est, au sud et au Nord, les moyennes vallées du Mbam et de la Sanaga ont échancré le plateau sud camerounais pour creuser une vaste plaine basse d’une altitude moyenne de 450 m. A l’ouest se dressent les montagnes Lémandé dont la direction Sud/Sud-ouest –Nord/Nord-est va apporter des modifications au schéma zonal. Le versant oriental, dont le secteur de Bokito fait partie, est abrité de la mousson venant de l’Ouest/Sud-Ouest. Ceci permet d’expliquer sa sécheresse relative.
Le village de Kédia se situe précisément entre 430 et 480 m d’altitude (relevés GPS, 2014). 
A Ediolomo, l’altitude moyenne varie entre 500 m et 600 m, avec des sommets pouvant parfois atteindre 700 m. Le cours d’eau présent dans cette zone est le Noubomo. Ces irrégularités sont révélatrices du climat ambiant de la zone.
Sous cette latitude, la nature des sols est fortement dépendante de leur position topographique. Dans la région trois classes sont distinguées :
– les sols peu évolués sur les massifs ou talwegs à forte pente ;
– les sols hydromorphes dans les bas-fonds ou vallées ;
– les sols ferralitiques sur le reste de l’interfluve.
Ce sont ces derniers qui dominent au centre Cameroun. Ils peuvent être selon la topographie : de faiblement à fortement désaturés, de couleur jaune à rouge, et plus ou moins hydromorphes. La fertilité de ceux-ci serait principalement liée à la pente et à la présence de l’horizon gravillonaire conditionnant la profondeur de sol accessible aux racines.

Végétation

D’un couvert végétal particulier (simultanément composée de forêts et de savane, elle justifie sa position transitoire entre le septentrion et la région australe du pays), il s’agit en fait d’une zone de contact entre la forêt et la savane. Cette particularité offre à cette zone la possibilité d’un large éventail des cultures, ipso facto, forêts et savanes sont utilisées concomitamment et par conséquent accueillent les plantes différentes. Ainsi, on peut y pratiquer soit l’agriculture des régions forestières soit alors celles des zones de savanes.
Cette double tendance de système agricole confère à Bokito un paysage végétal particulier constitué de forêts et de savanes, d’étendues variées qui s’imbriquent mutuellement; les forêts sont discontinues parce que morcelées et entrecoupées par la savane. Les forêts occupent le quart de la superficie de la région. La savane quant à elle, occupe les autres trois quarts de la région parsemée d’arbres de moyenne taille. 
Le paysage de cette zone est caractérisé par une mosaïque forêt-savane sur des pénéplaines légèrement ondulées à sol ferralitique. Elle est dominée par la savane à graminées vivaces : Imperata cylindrica sur les versants et Andropogon sp. en bas des versants. Ces particularités confèrent à cette zone des caractéristiques socio-économiques et culturelles qui lui sont propre.

Caractéristiques socio-économique et culturelles

Elles sont décrites à plusieurs niveaux:

Au niveau démographique

Kédia est un village du canton Maala. Il est peuplé de Yambassa avec une densité de 32 habitants/km2, soit environ 40 ménages pour un total de 240 habitants (Aboubacar et al., 2012). Le village Ediolomo quant à lui, est aussi un village du canton Maala peuplés de Yambassa avec environ 35 ménages pour un total de 175 habitants.

Au niveau de l’agriculture et la gestion des ressources forestières

La population de ces deux villages pratique majoritairement l’agriculture qui constitue la principale activité génératrice de revenus. Cette agriculture est dominée par la culture du cacao. En effet, la cacaoculture occupe plus de 60 % de la population active (Aboubacar et al., 2012). Le maraîchage y est également pratiqué surtout en saison sèche. Les cultures vivrières (arachide, maïs, manioc, igname, plantain, etc.) sont plantées parfois en association avec les fruitiers servant d’ombrage (agrumes, manguier, safoutier, avocatier, etc.). L’on y pratique aussi la culture du palmier à huile parfois dans les systèmes complexes en association avec le cacaoyer. 
Les PFNL d’origine végétal les plus connus et les plus usuels dans la zone sont Rhicinodendron heudelotii, Garcinia kola, Gnetum africanum, Irvingia gabonensis, Coula edulis et les feuilles des Maranthaceae.

Au niveau des activités non agricoles

A côté des agriculteurs, on compte les fonctionnaires de l’administration publique (enseignants d’école primaires), les éleveurs de bovin (qui viennent du Nord du pays), des personnes exerçant le petit commerce, et les ‘moto-taximen’. Les autres activités telles que l’artisanat, la pêche et la chasse sont pratiqués manière accessoire par une infirme partie de la population de la zone d’étude.

Au niveau des infrastructures sociales

Sur le plan scolaire, ces deux villages disposent chacun d’une seule école primaire publique. En plus de cette école primaire Kédia dispose d’une maternelle publique.
Sur le plan sanitaire, Ediolomo ne dispose d’aucun centre médical de santé. Kédia dispose d’un centre de santé altéré. Ediolomo et Kédia disposent de plusieurs forages publics pour l’alimentation en eau potable et sont alimenté en énergie électrique. Ces villages ne disposent d’aucun marché ouvert. Les habitants se ravitaillent au marché de Bokito chaque Lundi en produits de première nécessité.
  Sur le plan routier, ces villages ne disposent communément d’un réseau routier non goudronné et difficilement praticable en saison des pluies. 
L’étude a été réalisée dans l’écotone forêt-savane localisée dans l’arrondissement de Bokito (région du Centre Cameroun) notamment, dans deux sites (Kédia et Ediolomo) entre 4° 25 de Latitude Nord et 11°07 de longitude Est (Figure 1).

II.2. Méthodes

II.2.1. Collecte des données

Une mission a été effectuée sur le terrain durant la période Décembre à Février afin d’obtenir les données primaires. De ce fait, deux types de données ont été collectés à savoir : les données profil des ménages et les données biophysiques. Une Fiche d’enquête a été administrée à des chefs de ménages dans chaque village. Au total, trente (30) chefs de ménages ont été interviewés par village (Annexe 1 fiche d’enquête). Cet effectif correspond à 66,67% de la population d’Ediolomo, (soit 30 ménages pour un total de 45 ménages) et 54,5 % à Kédia (soit 30 ménages pour un total de 55 ménages). Les chefs de ménages choisis étaient uniquement ceux ayant les cacaoyères établies sur les savanes. Ces chefs de ménages ont été choisis de manière hasardeuse. Les interviews des chefs de ménage étaient relatives aux questions statut familial de l’exploitant, sur ses cultures principales ainsi que sur ses activités génératrices de revenu. De plus, la fiche d’enquête renseigne sur l’âge moyen du peuplement et estime les rendements (cacao et espèces associés) selon le dire des agriculteurs. Elle met en évidence les principaux problèmes rencontrés par les agriculteurs (pourriture brune, bioagresseurs…) et la conduite de la cacaoyère (type de semis, variété, gestion de l’ombrage). 
La méthode d’échantillonnage à surface variables établie par Sheil et al. (2003) a été utilisée. Cette méthode a pour objectif, de permettre une caractérisation rapide de la structure des arbres et de la composition floristique des différentes unités de terres dans un environnement hétérogène. Pour réaliser l’inventaire, un plan d’échantillonnage a été établi. Le plan d’échantillonnage utilisé est stratifié compte tenu de l’hétérogénéité des surfaces.
La réalisation de l’échantillonnage à surfaces variables a consisté à définir à l’intérieur de chaque strate, des unités d’échantillonnages ou relevés composées de placettes à surfaces variables (Fig. 2). La méthode consiste à tracer une ligne de transect principal de 40 m de long, subdivisée en quatre placettes de chaque côté de cette ligne de base ; c’est-à-dire qu’un relevé est composée de huit placettes mesurant 10 m de large chacune et s’étendant sur des distances horizontales de dimensions variables. Ces placettes sont dites à surfaces variables parce que leurs surfaces sont fonction de la densité des tiges dans le site à inventorier. Le point de départ et la direction du transect étaient choisis de telle manière que la totalité du dispositif de sondage se trouve à l’intérieur de la surface à inventorier. Après la mise en place du transect principal, 8 transects secondaires, perpendiculaires au transect principal étaient installés respectivement à 10 ; 20 ; 30 et 40 m le long du transect principal à l’aide des décamètres, de manière à avoir une parcelle carrée de 40 m de côté et comportant 8 sous parcelles rectangulaires de 10 m de large et 20 m de long. Le long des transects secondaires, des piquets étaient implantés successivement à 7,5 ; 10 ; 15 et 20 m afin de faciliter la phase de comptage.

– Comptage et identification des espèces

L’inventaire se faisait par placette. Dans un premier temps, on procède à l’inventaire du peuplement cacaoyer. Le comptage des cacaoyers dans la parcelle permet ainsi de calculer la densité du peuplement. On procède ensuite de la même façon à la mesure des arbres associés. Les éléments à relever dans la fiche de comptage ont été: le nom vernaculaire ou commercial ou encore local, la circonférence, la hauteur et l’usage de ces essences.
  Les espèces végétales ont été identifiées par attribution des noms scientifiques, locaux et parfois commerciaux. Les correspondances entre noms locaux, commerciaux et noms scientifiques ont été établies à l’aide de lexiques botaniques. Les espèces non identifiées sur le terrain ont été décrites, et un échantillon de l’espèce était récolté lorsque c’était possible, pressé dans des papiers journaux et conservé à l’aide d’alcool pour identification. L’identification s’est faite par comparaison avec les spécimens de l’Herbier National du Cameroun ainsi qu’avec les clés de détermination des différents volumes traitants de la flore du Cameroun.

– Estimation de la biomasse des ligneux

La méthode utilisée pour ce travail est celle non destructrice qui consistait à collecter les données dendrométriques (DHP et hauteur) et à les intégrer dans les équations allométriques pour estimer le carbone. Dans le cadre de cette étude, l’équation allométrique utilisée est celle énoncée par Chave et al. (2005) cité par. Djomo, (2012). Il s’agit d’un modèle régressif. En effet, d’après le modèle de Chave et al. (2005), on a: 
(AGB)(kg) = exp (-2.977+ln (p ×D2×H)). 
Avec : (AGB) = biomasse épigée en kg ; D = diamètre à hauteur de poitrine (1,3 m) en cm ; p = densité spécifique du bois (g/cm3, séchage à 103°C). La valeur de la densité utilisée est celle spécifique de chaque espèce proposée par le MINFOF et H = hauteur en m.
  La biomasse des racines (RBD) du sol est prédite à partir de l’estimation de la biomasse aérienne. Cette dernière est responsable à 83 % de la variation de RBD (Cairns et al., 1997), les autres facteurs sont la latitude, le type de l’arbre, la température, le taux de précipitation, l’âge et la texture du sol. Ainsi l’équation suivante exprime la biomasse des racines en fonction de la biomasse aérienne établit par Cairns et al. (1997): 
RBD = Exp (-1,0850 +0,9256×ln(AGB))
Où RBD et ABG, les biomasses souterraines des racines et aériennes sont exprimées en kg.

– Calcul du carbone et du dioxyde de carbone

Le stock de carbone a été obtenu en multipliant la biomasse par le facteur de conversion (F.C). La biomasse étant constituée à 50 % de carbone, le facteur de conversion utilisé dans la présente étude est 0,5 (Nair, 2012). Ainsi, on a: C = AGB ou RBD×0,5.
Où C’est exprimé en tonne par hectare.
  Le stock de CO2 a été obtenu en multipliant le stock de carbone total de l’AFC par 44/12. Où 44 représente la masse molaire du CO2 et 12 la masse molaire du carbone.

II-2.2 Analyse des données

II-2.2.1 Analyses floristiques

  Les paramètres suivants ont été calculés pour caractériser la composition spécifique des unités de terres:

– Densité de l’unité d’échantillonnage (D)

La densité moyenne selon Sheil et al. (2003) a été calculée d’abord pour chaque placette, ensuite pour chaque relevé et enfin pour tous les relevés inventoriés. La densité de l’unité d’échantillonnage est donnée par la formule suivante: D = Di/N avec Di : densité d’une placette ; N : nombre de placettes (8) ;

– Abondance

L’abondance absolue d’une espèce au sein d’un peuplement se définit comme le nombre total d’individus de cette espèce. L’abondance relative d’une espèce est le rapport de son abondance absolu au nombre total d’individus de toutes les espèces dans l’ensemble du peuplement Sheil et al. (2003).

II-2.2.2 Analyse statistique

Les analyses effectuées ont consisté à la statistique descriptive (somme, fréquence, pourcentage et tableaux croisés des résultats) et aux graphes interactifs à l’aide des logiciels SPSS version 16 .0 et Excel 2007.

III. Résultats

III.1.1 Profil des ménages

Le profil des producteurs concerne l’âge, la situation matrimoniale, le niveau d’instruction et d’alphabétisation, les activités génératrices de revenu ainsi que le mode de création des cacaoyères sur savane et les stratégies sylvicoles des ménages.

III.1.1.1 Age et niveau d’instruction des ménages

Le tableau I donne le récapitulatif de ces paramètres dans les différents sites.
Tableau I. Récapitulatif des paramètres étudiés dans les sites étudiés.

III.1.1.2 Activité principale

L’agriculture n’est pas la seule activité principale génératrice des revenus des ménages paysans de cette zone. La figure 3 illustre l’activité principale des ménages de ces deux villages. Fig. 3. Activité principale des ménages.

III.1.1.3 Activités secondaires

En plus de l’agriculture qui est l’activité principale exercée dans ces sites de recherche, ces ménages ont d’autres activités génératrices de revenu qu’ils exercent et qui leurs permettent de diversifier les sources de revenus et de couvrir les besoins alimentaires de la famille. Ces activités secondaires sont la maçonnerie et l’enseignement. 
La figure 4 illustre les activités secondaires pratiquées par ces ménages. Fig. 4. Activités secondaires exercées par ces ménages.

III.1.1.4. Gestion des AFC par les ménages

L’analyse du mode de gestion des agroforests cacao (AFC) concerne le mode d’acquisition, l’âge des AFC, le mode de création des AFC, les raisons qui poussent les producteurs à introduire ou à préserver les arbres ainsi que les usages de ces arbres selon la perception paysanne.

III.1.1.5. Raisons qui expliquent la présence des arbres dans les cacaoyères

L’enquête réalisée auprès des ménages montre que plusieurs raisons peuvent justifier la présence des arbres dans les cacaoyères. Ces raisons peuvent être entre autres, l’utilité de l’arbre ou les services que l’arbre rend aux cacaoyers à savoir la fourniture d’ombrage et de la fertilité des sols. Leurs usages sont d’ordre médicinal, alimentaire, commercial ou social. Dans les cacaoyères de cette zone, les espèces les plus rencontrées du peuplement associé au cacaoyer sont : Outre leurs utilités, on a le manque de matériel approprié pour l’abattage (Figure 5 a) ou à cause des probables dégâts sur le cacaoyer (Figure 5 b). Ces dernières raisons pourraient expliquer la présence de certains arbres moins utiles pour le paysan tel Tectona grandis (le teck) dans les cacaoyères.
Fig. 5. Tige de Celtis zenkeri n’ayant pas pu être abattue par manque du matériel approprié (a) arbre n’ayant pas pu être abattu à cause des dégâts (b).

III.1.1.6. Mode de création des cacaoyères sur savanes

D’après les entretiens effectués auprès des agriculteurs et les notables portant sur l’histoire de l’occupation du territoire, il ressort que, depuis le début des années 1980 les reliques forestières ont disparu et la constitution des AFC ne peut se faire que sur des savanes en association avec les cultures vivrières (Figure 6). En effet, la totalité des ménages interviewés déclarent avoir installés leurs AFC sur les milieux autrefois occupés par la savane. Pour le faire, les touffes de graminées vivaces (Imperata cynlindrica, andropogonées…) sont brûlées pendant la saison sèche. Un important travail manuel de préparation du sol par billonnage permet ensuite d’installer la première année deux cycles de cultures vivrières. Cela permet de contrôler ces graminées, et donc de limiter les risques d’incendie qui pourraient détruire les plantations de cacaoyers à venir. En deuxième année, de jeunes cacaoyers sont plantés en association avec les cultures vivrières (arachide, maïs, manioc, igname, plantain, etc.). Les fruitiers servant d’ombrage (agrumes, manguier, safoutier, avocatier, etc.) sont plantés la même année que le cacaoyer ou introduits progressivement (Figure 6). 
Outre leurs valeurs socio-économiques et écologiques, ces associations (cultures vivrières, fruitiers et arbres forestiers) présentent le double avantage de fournir un ombrage au cacaoyer, indispensable pour atténuer les effets de la saison sèche, et d’améliorer la fertilité du sol, pauvre en éléments nutritifs. Ces systèmes agroforestiers permettent aussi aux agriculteurs de produire, sans fertilisant et à long terme, le cacao marchand tout comme dans les zones forestières, et ceci tout en restaurant les sols dégradés des savanes. La figure 6 présente une jeune AFC en pleine expansion dans un champ de culture à Kédia.

Fig. 6. Mode de création des AFC : a= jeune cacaoyer introduit dans un champ de culture ; b= bananier plantain ; c= maïs.

III.1.2. Composition floristique des AFC et des Savanes non exploitées

III.1.2.1. Densité du cacaoyer

La densité du cacaoyer est le nombre moyen de cacaoyer recensés à l’hectare. Le cacaoyer est l’espèce ayant la densité la plus élevée dans les parcelles avec une valeur moyenne de 1334 pieds à l’hectare à Kédia et 1219 à Ediolomo.

III.1.2.2. Densité des espèces associées au cacaoyer

Les valeurs de densités les plus élevées ont été observées à Kédia sur les espèces fréquentes telles que présentées dans le tableau I. Cependant, dans les AFC la densité moyenne des espèces associées aux cacaoyers est plus élevée par rapport aux savanes à savoir 258,29 ± 47,21 tiges/ha contre 133,32 ± 21,64 tiges/ha. Ces mêmes tendances sont observées à Ediolomo où, la densité moyenne est 280,24 ± 53,5 tiges/ha contre 143,34 ± 23,17 tiges/ha dans les savanes.

III.1.2.3. Abondance

– Abondance des taxa

Dans les savanes de Kédia, 62 individus répartis en 14 espèces appartenant à 9 familles ont été recensés. Presque tous les genres sont représentés par une seule espèce chacun. Par ailleurs, des 9 familles trouvées, les plus représentées sont les Anonaceae (20,58%), suivies des Combretaceae (16,46%), des Euphorbiaceae (10,37%), des Rubiaceae (10,21%). Les Sapindaceae (8,14%) et les Mimosaceae (7,01%) sont les familles les moins représentées.
Dans les AFC par contre, 104 individus ont été recensés et répartis en 26 espèces appartenant à 19 familles. Des 19 familles trouvées, les plus représentées sont les Burseraceae (17,93 %), les Rutaceae (14,50 %), les Apocynaceae (11,98 %). Les Bignoniaceae (3,54 %), les Meliaceae (3,37 %) et les Clusiaceae (2,74 %) sont les familles les moins représentées.
A Ediolomo, 78 individus répartis en 15 espèces appartenant à 10 familles ont été recensés dans les savanes. Presque tous les genres sont représentés par une seule espèce chacun. Par ailleurs, des 10 familles trouvées, les plus représentées sont les Anonaceae (10,58 %) et les Sapindaceae (10,58 %). La famille des Euphorbiaceae (0,59 %) est la moins représentée.
Dans les AFC d’Ediolomo par contre, 138 individus ont été recensés et répartis en 33 espèces appartenant à 24 familles. Des 24 familles trouvées, les plus représentées sont les Burseraceae (14,88 %), les Rutaceae (13,09 %) et les Sterculaceae (13,09 %). Les Cecropiaceae (0,59 %), les Liliaceae (0,59 %) et les Rubiaceae (0,59 %) sont les familles les moins représentées.

– Abondance relative des espèces par unité de terre

La distribution des espèces par hectare varie d’une unité de terre à l’autre. Dans les cacaoyères on dénombre plus d’espèces que dans les savanes. Dans les AFC, les espèces recensées sont en majorité les espèces fruitières (Citrus sp., Dacryodes edulis, Persea americana, Mangifera indica et Cola sp.). Les espèces ligneuses à grand diamètre sont du sapelli (Entandrophragma cylindricum), le fromager (Ceiba pentandra), le Talli (Pterocarpus soyauxii), le ndjanssang (Rhicinodendron heudelotii), et l’ékouk (Alstonia boonei).

III.1.2.4. Richesse spécifique dans les unités de terres

La richesse spécifique est le nombre d’espèces et d’individus que regorge une unité de terre. Le nombre d’espèces à l’hectare varie d’une unité de terre à l’autre.
Dans tous les villages, les AFC regorgent le plus grand nombre d’espèces soit 26 espèces pour 104 individus à Kédia et 33 espèces pour 138 individus à Ediolomo. Dans les savanes, le nombre d’espèce est très faible : 14 espèces pour 62 individus à Kédia et 15 espèces pour 78 individus à Ediolomo. Le tableau II récapitule la richesse spécifique par hectare dans chaque village.

Tableau II. Richesse spécifique par hectare et par unité de terre.

III.1.3. Estimation du stock de carbone dans chaque unité de terre

III.1.3.1. Carbone épigé

Au niveau spécifique, les espèces qui stockent le plus le carbone sont majoritairement Erythrophleum ivorense, Irvingia gabonensis, Entandrophragma cylindricum dans les AFC et Albizia ferruginea et Tectona grandis dans les savanes.
Au niveau des unités de terres, les stocks de carbone épigé les moins importants se retrouvent dans les savanes considérées comme situation initiale (témoin). Les savanes stockent en moyenne 15,47 ± 0,29 tC.ha-1 à Kédia et 16, 29 ± 0,18 tC.ha-1 à Ediolomo.
Les AFC par contre, stockent en moyenne 57,03 ± 0,81 tC/ha à Kédia et 61,83 ± 0,90 tC.ha-1 à Ediolomo.

III.1.3.2. Carbone souterrain des racines

Les stocks de carbone racinaires les plus importants se retrouvent dans les AFC avec respectivement 11,09 ±0,13 tC.ha-1 à Kédia contre 12,16 ± 0,15 tC.ha-1 à Ediolomo. Cette valeur est faible dans les savanes avec 3,17 tC.ha-1 à Kédia contre 3,40 tC.ha-1 à Ediolomo.

III.1.4. Comparaison entre les stocks de carbone des AFC et les stocks de carbone des savanes.

A kédia, les AFC stockent en moyenne 68,12 ± 0,94 tC.ha-1 contre 18,64± 0,07 tC.ha-1 en moyenne stocké dans les savanes non exploitées soit une différence de 49,48 tC.ha-1. 
De même, à Ediolomo, les AFC stockent en moyenne 76,99 ± 1,08 tC.ha-1 contre 19,69 ± 0,21 tC.ha-1 stocké dans les savanes non exploitées soit une différence de 57,13 tC/ha.
Ces résultats montrent que les stocks de carbone des AFC sont largement supérieurs aux stocks de carbone des savanes non exploitées dans les deux sites.

III.1.5. Calcul du CO2

Les savanes non exploitées (témoin) séquestrent en moyenne 68,35 tCO2.ha-1 à Kédia et 72,19 tCO2.ha-1 à Ediolomo. Les AFC séquestrent en moyenne 249,77 tCO2.ha-1 à Kédia et 271,29 tCO2.ha-1 à Ediolomo.
Lorsque les savanes sont converties en AFC, la quantité de CO2, dans l’atmosphère est réduite, d’environ de 199,1 tCO2.ha-1 à Ediolomo et de 181,42 tCO2.ha-1 à Kédia. Ces valeurs montrent que la pratique de la cacaoculture permet de réduire en moyenne 197,21 tCO2.ha-1 de l’atmosphère après moins de 20 ans dans les écosystèmes de savane. Ces estimations indiquent de nuancer le caractère dégradant de l’agriculture au Cameroun.

IV. Discussion

Au regard des résultats obtenus après de multiples analyses, il ressort que le niveau de scolarisation dans cette localité est relativement élevé par rapport à certaines zones rurales. Dans l’ensemble, ces résultats montrent que 90% des ménages peuvent lire et écrire et même constituer des interlocuteurs privilégiés dans la recherche, servir de cible pour l’adoption, l’innovation et le transfert de technologies. Ceci s’explique par une tendance au retour des migrants scolarisés. Alors que le secteur agricole était longtemps considéré comme un secteur d’accueil des populations en échec scolaire, aujourd’hui de nombreux migrants urbanisés reviennent au village valoriser les terres, diversifier et augmenter leurs revenus ou préparer leur éventuel retour définitif au village. La connaissance du niveau d’instruction des planteurs est importante dans la mesure où un producteur instruit a plus facilement accès aux informations sur les techniques de production (Convenablement appliquer l’itinéraire technique;).
La densité des pieds du cacaoyer est élevée dans cette zone avec une valeur moyenne de 1334 pieds de cacaoyer par hectare à Kédia et 1219 pieds par ha à Ediolomo. Ces valeurs corroborent avec celles présentées par Jagoret et ses collègues en 2006. Pour ces derniers, la densité de plantation du cacaoyer à Bokito est de 1275. Loin de toute spéculation, la norme de plantation en cacaoyers prévoit une densité de 1111 pieds à l’hectare avec des écartements de 3 m × 3 m. Cette forte densité pourrait s’expliquer par la volonté de ces ménages d’éviter de laisser les espaces vides dus à la mort des plants à cause de leur exposition au soleil. Cette forte densité pourrait aussi s’expliquer par la volonté de ces ménages d’assurer une couverture du sol, le protégeant ainsi des rayonnements lumineux et en créant un microclimat favorable au bon épanouissement du cacaoyer.
Les stocks de carbone les plus importants sont observés dans les AFC 68,12 tC.ha-1 à Kédia et 76,99 tC.ha-1 à Ediolomo contre 18,64 tC.ha-1 à Kédia et 21,94 tC.ha-1 à Ediolomo dans les savanes non exploitées. Soit une différence de 49,48 tC/ha à Kédia et 55,05 tC.ha-1 à Ediolomo. Ces résultats montrent que les stocks de carbone des AFC sont largement supérieurs aux stocks de carbone des savanes non exploitées. Ceci pourrait s’expliquer par le fait que les stocks de carbones dépendent de plusieurs paramètres qui sont entre autres la qualité et la quantité des arbres. Dans les savanes, les arbres ne sont pas de bonne qualité car ils sont brûlés en saison sèche. Il en est de même pour la quantité. En effet, lors de la création des cacaoyères, ces ménages introduisent les arbres (fruitiers ou forestiers) dans leurs parcelles et maintiennent certaines dont ils connaissent vraiment l’utilité ou ceux dont ils sont incapables d’abattre et abattent ceux qu’ils ne maitrisent pas, ceux qui les encombrent ou ceux qui vont répondre à leurs besoins ponctuels (bois de chauffe ou de service). Ce qui a pour impact direct une augmentation du potentiel ligneux et par la même occasion une augmentation de la biomasse et du stock de carbone. 
De plus, l’estimation de la biomasse aérienne repose sur des caractéristiques dendrométriques telles que le diamètre et la hauteur ainsi que sur la densité du bois. Dans les savanes l’on rencontre le plus les arbustes de petites taille or les arbres à gros diamètre et à grande taille sont rencontrés dans les AFC.
Les résultats ont montré qu’en moyenne, les AFC établies sur savanes stockent 68,12 tC.ha-1 à Kédia et 76,99 tC.ha-1 à Ediolomo. Ces valeurs sont différentes considérablement de celles obtenues par Ndjomo, (2012). En effet cet auteur a obtenu 110,63 tC.ha-1 (carbone épigé) dans les systèmes agroforestiers de forêts à Tomba 1 dans la région du Centre Cameroun. Il en est de même pour celles obtenues par Sonwa (2004) dans les agroforêts cacao à Ambam dans la région du Sud Cameroun. Soit 243 tC.ha-1. Cette baisse dans nos résultats par rapport aux leurs serait vraisemblablement due au fait que, les AFC d’Ambam et Tomba 1 sont implantées dans les forêts alors dans notre zone d’étude les AFC sont plantées sur les savanes. Bien que ces estimations correspondent toutes à la zone écologique des forêts humides d’Afrique Centrale, seule notre zone d’étude est localisée dans la zone de transition forêt-savane. Les estimations du carbone des AFC sur savane ne sont donc pas comparables avec les études recensées dans la zone forestière. En outre des zones écologiques, l’âge, le type de culture, la densité des arbres laissés sur pieds lors de la mise en place de la dite plantation le protocole de mesure des arbres, la méthodologie d’inventaire et même les équations allométriques utilisées varie d’une étude à l’autre. L’intérêt de l’étude consiste à comparer les systèmes au sein d’une même zone écologique sur un même ordre de grandeur.

CONCLUSION

L’étude avait pour objectif de comparer les stocks de carbone des ligneux de savanes à ceux des AFC établies sur savanes. Il s’est agi de prime abord de décrire le profil des ménages et ensuite, de caractériser la composition floristique des deux unités de terres et enfin, d’estimer les stocks de carbone épigés et racinaires. Le profil des ménages paysans a été décrit grâce aux enquêtes menées auprès de 60 ménages paysans. Un inventaire des ligneux a été réalisé sur 30 parcelles dont 14 témoins afin de déterminer la composition floristique des unités de terre. Les données dendrométriques et les équations allométriques ont permis d’estimer la biomasse. Sur la base des enquêtes, l’agriculture est l’activité la plus pratiquée par les ménages de cette zone avec 93% à Kédia et 93,33 % à Ediolomo. Mais, ces ménages exercent d’autres activités pour diversifier leur revenu parmi lesquelles l’enseignement, le petit commerce, la chasse, la pêche, la maçonnerie et la conduite de la moto. 
L’inventaire révèle la diversité floristique de AFC et montre que 26 espèces ligneuses à Kédia, 33 à Ediolomo sont associées aux cacaoyers contre 14 espèces recensées dans les SNE. Les espèces les plus courantes dans les AFC sont Dacryodes edulis, Citrus spp., et Persea americana. Une savane non exploitée (SNE) stocke en moyenne 15,47 tC.ha-1 à Kédia et 16,40 tC.ha-1 à Ediolomo contre 68,12 tC.ha-1 stockés dans les AFC à Kédia et 76,99 tC.ha-1 à Ediolomo ce qui correspond à 197,21 tCO2.ha-1 en moyenne et à une valeur monétaire de 553 309,33 FCFA. 
L’analyse de ces résultats révèle que, la pratique de la cacaoculture dans cet écosystème dégradé permet de régénérer la biodiversité, réduire les émissions de CO2, éviter la déforestation et la dégradation des forêts et crée les puits carbone tout en garantissant une sécurité alimentaire soutenue pour le paysan. 
De plus, des études similaires ont été réalisées dans cette zone pour comparer le rendement du cacao des AFC de savane au rendement du cacao des AFC établies dans la forêt dans la même zone et ont montrés que les rendements sont similaires aux rendements des AFC sur savanes. Il serait important d’orienter la cacaoculture dans cette zone pour pouvoir Séquestrer le CO2 et par conséquent contribuer à la lutte contre les changements climatiques. Dans le contexte économique et climatique actuel, l’enjeu est d’allier performance et durabilité des systèmes agronomiques, tout particulièrement dans le cas où la séquestration du carbone par les agro-écosystèmes aurait la capacité de limiter les impacts du changement climatique en séquestrant le carbone atmosphérique. Cela réduirait l’érosion de la biodiversité, la déforestation et la dégradation des forêts et augmenterait le couvert forestier du pays en générant de nombreux services écosystèmiques et assurant la production de cacao marchand. 
Cette pratique représente des opportunités à explorer dans le marché international sur le carbone et dans la certification du cacao (écolabellisation) du cacao. De telles études constituent un référentiel qui pourrait être repris dans d’autres régions du Cameroun.

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Notes


Table d’illustrations


Auteur(s)


1Joseph Armathé AMOUGOU, 2Lucas Dominique BEMBONG EBOKONA, 3Romain Armand Soleil BATHA, 4Armand William MALA , 5Hortense NGONO 
11Department of Geography, Faculty of Arts, Letters and Human Sciences (FALSH), University of Yaoundé I; 
22Department of Biology and Plant Physiology, University of Yaoundé I 
3bembonlucas1@gmail.com

Droit d’auteurs


Université Felix Houphouët Boigny de Cocody, Abidjan, Côte d’Ivoire

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