L’influence des Technologies de l’Information et de la Communication sur les mouvements migratoires des instituteurs dans le centre de la Côte d’Ivoire
1LOUKOU Alain François
Résumé :
Cette étude vise à montrer que les Technologies de lInformation et de la Communication (TIC) influent de plus en plus sur les mouvements migratoires des instituteurs du centre de la Côte dIvoire, plus précisément dans la Région du Gbèkè. Dans la société de linformation1 et du savoir qui se développe partout, les TIC tendent à déterminer les choix de localisation des travailleurs et à discriminer les territoires. Ainsi, il apparaît quune localité peu ou pas équipée en réseaux et services numériques a moins de chance dattirer ou de retenir certaines catégories de travailleurs quune autre qui en est mieux dotée. Cest le constat fait dans le Gbèkè. À partir des enquêtes de terrain menées dans une vingtaine de villages de cette région, les résultats obtenus montrent que les mouvements migratoires intenses des instituteurs (surtout les plus jeunes), constatés dans la Région du Gbèkè sont en grande partie liés à lattrait quexercent les Technologies de lInformation et de la Communication sur cette catégorie de fonctionnaires. Cest un phénomène qui prend progressivement de lampleur. Toutefois, les enquêtes montrent que les TIC nexpliquent pas à elles seules ces mouvements.
Entrées d’index
Mots-clés : TIC, outils numériques, mouvements migratoires, localisation, enseignants
Keywords: ICTs, digital tools, migrations, location, teachers
Abstract :
This study aims to show that Information and Communication Technologies (ICTs) are increasingly influencing the migratory movements of teachers in central Côte d’Ivoire, specifically in the Gbèkè Region. In the information1 and knowledge society that is developing everywhere, ICTs tend to determine workers localization choices and to discriminate between territories. Thus, it appears that a locality with little or no access to digital networks and services is less likely to attract or retain certain categories of workers than others with better endowments. This is the observation made in the Gbèkè. Based on field surveys carried out in some 20 villages of this region, the results show that the intensive migratory movements of primary school teachers (especially the younger ones) in the Gbèkè Region are largely linked to the attractiveness of Information and Communication Technologies on this category of workers. It is a phenomenon that is on the rise. However, surveys show that the only ICTs do not explain these migratory movements.
Entrées d’index
Mots-clés : TIC, outils numériques, mouvements migratoires, localisation, enseignants
Keywords: ICTs, digital tools, migrations, location, teachers
INTRODUCTION
Lobservation de la mobilité des instituteurs dans le centre ivoirien indique une tendance croissante à la migration de ceux-ci des zones rurales vers les zones urbaines. Certes, les mouvements pendulaires de fonctionnaires dune localité à une autre font partie du principe de la fonction publique nationale, et donc ce type de migration nest pas en soi un phénomène nouveau (Brou et Charbit, 1994). Par ailleurs, pour des questions de commodités de la vie moderne, la tendance des fonctionnaires à migrer des localités rurales marginalisées vers les localités urbaines ne date pas daujourdhui (Organisation Internationale pour les Migrations, 2009). Il nest pas rare en effet quaprès un ou deux ans de service dans une localité, certains fonctionnaires manuvrent rapidement pour obtenir une affectation dans une localité de leur préférence ou dans celles où ils peuvent facilement avoir accès à lélectricité, à leau potable ou à la télévision (Ministère de léducation nationale de Côte dIvoire, 2010). Toutefois, le constat nouveau qui est fait dans le cas de la Région du Gbèkè sur laquelle porte cette étude, cest que ces migrations tendent à seffectuer non seulement des zones dépourvues de ces commodités primaires de la vie moderne mais surtout de celles où laccès aux communications numériques (téléphone portable et Internet) est difficile voire impossible. Les destinations privilégiées semblent être les zones où les réseaux et services de téléphonie cellulaire et dInternet sont disponibles. Quoique récent, ce phénomène observé (probablement en lien avec lavènement des TIC en Côte dIvoire à la fin du XXème siècle) commence à prendre de lampleur au point de susciter un début dinquiétude au niveau des autorités du système éducatif régional. À partir de ces constats, lhypothèse est que les TIC semblent être devenues un critère important dans les logiques de localisation des travailleurs du Gbèkè. De ce point de vue, Brousseau et Rallet (2000) observaient déjà que les TIC affectent, dans une certaine mesure, les schémas de localisation des activités ici ou là. Se pourrait-il quelles affectent aussi les logiques de migration des enseignants du cycle primaire des milieux ruraux de Côte dIvoire ?
Sur la base de la recherche documentaire, cette question spécifique ne semble pas avoir fait lobjet détude préalable. Certes, il existe beaucoup de travaux sur les mouvements migratoires de populations en Côte dIvoire [Dupont, 1985 ; Brou et Charbit, 1994 ; Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), 2009, etc.]. Mais ces travaux ne traitent pour la plupart que des dimensions historiques et politiques de ces migrations. En outre, même sil commence à se constituer un corpus significatif sur la relation entre les TIC et les migrants internationaux, cette documentation-là traite plutôt de lusage que font ces migrants internationaux des TIC dans les pays daccueil (Diminescu, 2006). Cette thématique est à distinguer clairement de celle relative à linfluence quexerceraient les TIC sur les motivations de migration ainsi que les choix de localisation de certaines catégories de travailleurs. De ce point de vue, nous constatons que depuis peu des mobilités enseignantes relatives aux TIC, notamment à la téléphonie mobile et à lInternet, se constituent progressivement en Côte dIvoire. Or dans la littérature grise, il nexiste pas encore de cas documentés sur cet aspect de la question. D’où l’intérêt de mener une recherche pour mieux comprendre ces nouvelles formes de migrations qui se dessinent par le biais des TIC. Cette étude se propose donc dexplorer ce champ de recherche quasiment vierge, dans une perspective à la fois géographique et sociologique. Dans cette perspective, quatre objectifs spécifiques sont visés par cette recherche : dabord, il sagit de montrer que les mouvements migratoires des enseignants sont de plus en plus influencés par lunivers numérique et la recherche de cybersolutions (solutions en ligne). Il sagit ensuite de montrer que les trajectoires migratoires des enseignants sont différentes selon lâge des enseignants et se structurent autour de besoins daccéder aux TIC. Lobjectif est aussi de montrer que cet exode est lié à la fracture numérique (linégalité géographique daccès aux services numériques). Enfin, il sagit de montrer que face à cette fracture numérique, il y a une nécessité daménager numériquement les espaces ruraux pour les rendre plus attractifs afin de retenir les enseignants.
Ces différents objectifs ont guidé le plan de létude qui commence toutefois par une réflexion théorique analysant brièvement les dynamiques en cours quant aux relations entre les technologies numériques et le milieu éducatif dune part et les mouvements de travailleurs dautre part. Cette approche permet en effet de mieux comprendre le phénomène à létude. La méthode de recherche sera conjointement abordée dans cette première rubrique. Ensuite, les résultats proprement dits de la recherche seront présentés dans une deuxième rubrique comportant quatre étapes : lanalyse de linfluence de lunivers numérique sur les migrations des instituteurs sera faite dans la première étape (1) ; la deuxième étape consistera à montrer que les trajectoires migratoires, structurées autour de besoins en numérique, diffèrent selon lâge des instituteurs (2) ; la troisième étape abordera le lien entre ces migrations et la fracture numérique de type milieu urbain/milieu rural (3) ; consécutivement à cette troisième étape, la quatrième suggérera un aménagement numérique du territoire régional en vue de rendre les zones rurales attractives (4). Enfin, la dernière rubrique consistera en la discussion qui soulignera les limites de la méthode utilisée ainsi que celles des résultats obtenus en montrant que les motivations de migration de tous les instituteurs ne sont pas nécessairement liées à des facteurs de réseaux et services numériques.
2. Cadre théorique et méthode de recherche
2.1. Les mutations en cours dans les relations TIC- éducation – mouvements de travailleurs.
La mondialisation de la société de linformation et le recours fréquent aux technologies numériques influencent progressivement les façons de travailler et les modes de vie aussi bien en milieu rural quen milieu urbain. Aujourdhui, pour un enseignant, il suffit dun ordinateur et dune bonne connexion Internet pour avoir accès à une multitude de connaissances indispensables à sa propre formation et à celle des élèves ou étudiants. Par ailleurs, le besoin de sinformer régulièrement et la nécessité de communiquer en toutes circonstances dans la société de linformation ont rendu la radio, la télévision, le téléphone cellulaire et lInternet indispensables. Aussi, la plupart des enseignants travaillant dans les zones rurales dépourvues de ces commodités ont-ils de plus en plus le sentiment dêtre privés des bienfaits de la modernité et éprouvent le besoin de séchapper de cette privation. Dans cette perspective, Macilotti (2015) montre que lessor de la société en réseau a entrainé des mutations majeures dans le processus migratoire, tant en matière démigration que dimmigration. Dans une étude de lUnion Internationale des Télécommunications sur les migrations internationales (UIT, 2005), il est démontré que linformation et les technologies sy rapportant ont une grande incidence sur les déplacements de personnes. Selon cette étude, les migrations internationales sont actuellement fortement influencées par lavènement de la société mondiale de linformation et laccès généralisé aux technologies de linformation et de la communication. Pour Diminescu (2014), en favorisant laccessibilité des lieux et laction à distance, les TIC offrent des opportunités sans précédent à la société des migrants. En géographie, les travaux significatifs abordant la question des mouvements migratoires en lien direct avec les Technologies de lInformation et de la Communication sont rares voire inexistants. Les travaux sy rapportant, indirectement, sont notamment ceux sur la relation TIC-territoire, et qui consistent à savoir si les TIC ont un effet sur lorganisation spatiale et la localisation des entreprises (mais pas des travailleurs), en dautres termes si elles jouent un rôle important dans laménagement du territoire et le développement local. Ainsi pour Offner (1993), leffet structurant des TIC est difficilement cernable contrairement à celui du transport sur lurbanisation et laménagement. Analysant, de leur côté, la relation TIC et organisation spatiale des activités, Brousseau et Rallet (2000) pensent également que les TIC napparaissent pas comme un facteur premier de localisation des activités, contrairement aux infrastructures de transport. Ils estiment toutefois que ces technologies peuvent discriminer les territoires par leurs effets structurants et leur pouvoir attractif sur les populations. Ils concluent alors pour dire que cest leur manque qui structure le développement et non leur existence. À la lumière de cette dernière réflexion, et au regard des dynamiques en cours, il est tentant de penser que dans la société de linformation, la pénurie de réseaux et services TIC dans les zones rurales influencerait les mouvements migratoires des enseignants du primaire dans une région comme celle du centre de la Côte dIvoire.
2.2. Méthode de recherche
La méthode utilisée prend en compte la détermination de la population cible, de lespace détude, des variables détude, des sources de données, de léchantillonnage et la façon dont lenquête proprement dite a été menée. La population cible porte sur les instituteurs travaillant dans les localités rurales de la région administrative du Gbèkè (centre de la Côte dIvoire) qui compte quatre départements : Bouaké, Béoumi, Botro et Sakassou (voir figure 1). Dans ces localités rurales, laccès à lInternet, au téléphone portable et même à la télévision ainsi quà certaines chaînes de radio est difficile voire impossible dans certains cas.
Deux types de variables ont été retenus pour cette étude : les variables technologiques et les variables démographiques. Les variables technologiques concernent dune part les réseaux et services dont ont besoin les enseignants (téléphone portables, Internet, télévision et radio) et dautre part la fracture numérique (inégalité géographique daccès aux réseaux et services numériques). Quant aux variables démographiques (âge et genre des instituteurs interrogés), elles permettent de savoir sil existe ou non une corrélation entre lâge, le sexe des instituteurs et leurs motifs de migration en lien avec les technologies de linformation et de la communication. Lanalyse de ces dernières variables permet par ailleurs la mise en perspective avec les critères traditionnels qui influencent aussi les mouvements migratoires. Les macro-données relatives au nombre décoles et denseignants dans la région ainsi quà celui des migrants ont été obtenues auprès de la Direction régionale de lenseignement primaire. Les paramètres de détermination de l’échantillon représentatif de la population régionale des instituteurs sont basés sur ces statistiques. Létude a privilégié la méthode déchantillonnage simple. En loccurrence, celle-ci a consisté à sélectionner dans la population rurale des instituteurs des quatre départements de la région, ceux qui seront interrogés (à travers les écoles des localités rurales choisies en fonction de leur accessibilité géographique). Au total, 114 instituteurs ont pu être interrogés dans 20 villages, à raison de 5 villages par département. Chaque village compte une école de 6 classes en moyenne. Au nombre des enquêtés, il y avait 106 instituteurs de sexe masculin (93%) et 8 de sexe féminin (7%). Lâge des enquêtés varie entre 23 et 55 ans. Environ 76 % des enquêtés ont moins de 40 ans.
Le recueil proprement dit des données sest fait à laide de lenquête par interview sur le mode de lentretien semi-directif qui fait le compromis entre lentretien directif et lentretien libre. Lenquête a été réalisée à partir dun certain nombre de thèmes ou de questions guides relativement ouvertes : la société de linformation, lunivers numérique et ses avantages en éducation et dans la vie quotidienne, les contraintes de vie en milieu rural, etc. Le questionnaire a été conçu de façon à recueillir le maximum dinformations, cest-à-dire quil a été formulé de façon à connaître les raisons qui amènent les enseignants à migrer ou à chercher à migrer. Les enquêtés ont donc été laissés relativement libres de parler des motivations de leurs mouvements migratoires. Toutefois, de temps à autre lentretien était recentré sur les thèmes définis quand les répondants semblaient sen écarter. En tout état de cause, cette technique a permis de recueillir des informations précieuses sur les mobiles qui poussent les enseignants du primaire à migrer.
Figure 1 : Carte de localisation de la zone détude
3. Résultats
3.1. Des mouvements migratoires influencés par lunivers numérique et la recherche de cybersolutions
Les affectations dans le corps enseignant du cycle primaire obéissent à différents critères: ancienneté dans linspection denseignement préscolaire et primaire (IEPP), cas sociaux, rapprochement près du conjoint, etc. Mais, les résultats des enquêtes ont montré que de plus en plus sensibles à linfluence des technologies de linformation et de la communication, beaucoup denseignants ne respectent pas ces critères quils cherchent à contourner par tous les moyens.
Face à lintroduction incessante des outils TIC dans les activités et la vie courante, les instituteurs de la Région du Gbèkè recherchent des réponses à certaines de leurs préoccupations à travers ces outils numériques souples. La quasi-totalité des instituteurs enquêtés (plus de 97 %) ont témoigné de lutilité incontestable du téléphone portable dans leur quotidien. Avoir accès aux réseaux de téléphonie cellulaire pour pouvoir communiquer avec ses proches et connaissances est jugé indispensable pour les enseignants. Ils estiment que les TIC sont des supports très précieux pour satisfaire leur besoin de modernité numérique. En outre, avoir accès à plusieurs chaines de télévision et de radio apparaît de plus en plus indispensable pour les enseignants. Ils estiment que laccès à lactualité variée et diversifiée est crucial pour leur permettre dêtre régulièrement renseignés sur ce quil se passe dans le monde. Pour de nombreux instituteurs, lactualité nationale et internationale est si évolutive et à rebondissements fréquents quil leur est indispensable dêtre constamment informés par sons ou par images. Or, selon eux, dans la plupart des localités rurales du Gbèkè, faute de station de relais de transmission performante, les programmes de la télévision et de la radiodiffusion sonore nationale ne sont pas correctement diffusés. Toujours selon eux, ils nont accès à la presse écrite que de façon épisodique compte tenu de leur éloignement des centres urbains où les journaux sont distribués. Cest pour quoi, quand ils le peuvent, certains investissent dans lachat dantennes paraboliques pour avoir accès aux programmes payants des chaines de télévision par satellite. Dautres regrettent cependant de ne pouvoir consentir ces investissements parfois coûteux au regard de leurs salaires.
Pour plus de 60% des instituteurs interrogés, lutilisation de cybersolutions intégrant des processus au sein du métier denseignant à travers lInternet simpose désormais à eux. Il sagit de la recherche dinformation à but pédagogique pour enrichir leurs connaissances. Leur préoccupation réfère aussi au concept de Technologies de lInformation et de la Communication pour lÉducation (TICE) qui se généralise. Notons que le concept TICE réfère à lintégration pédagogique des TIC dans la chaîne éducative (primaire, secondaire, supérieur) afin de produire un enseignement de meilleure qualité. Les enseignants pensent même quune intégration poussée des TIC dans lenseignement ainsi que leurs usages efficients pourraient contribuer à performer le système éducatif national.
Par ailleurs, la plupart des enseignants enquêtés savent que grâce à lInternet, ils peuvent avoir accès aux nouvelles modalités administratives telles que les téléprocédures (procédures en ligne) qui se généralisent progressivement en Côte dIvoire avec ladministration électronique. Aujourdhui, chaque fonctionnaire ivoirien dispose dun espace personnel sur la plate-forme électronique du Ministère de la fonction publique. Avec cet espace personnel, le fonctionnaire na plus besoin, pour certaines formalités administratives, de se déplacer jusquà Abidjan. Les enseignants savent tout aussi que leffectivité de ces téléprocédures passe par la possibilité davoir accès à lInternet. Or la plupart des localités rurales de la zone détude ne sont pas connectées à lInternet qui permet ces procédures en ligne.
Les cybersolutions que recherchent les enseignants enquêtés portent également sur le courrier électronique et surtout sur les réseaux sociaux. Pour ces enseignants, le web et surtout les plates-formes de réseautage social (notamment Facebook et Youtube) constituent des environnements particulièrement attractifs car ils sont interrelationnels, interactifs et transnationaux par essence. Les plus jeunes dentre eux (entre 23 et 35 ans) avouent développer une sorte daddiction vis-à-vis de ces réseaux sociaux. Selon ces enseignants des zones rurales éloignées, en tant que nouveaux instruments de la circulation rapide de linformation, lInternet et les réseaux sociaux leur offrent un lieu de communication alternative. Beaucoup nhésitent pas à dire que le numérique produit des changements majeurs dans plusieurs aspects de leur vie sociale. Ainsi, dans le domaine financier, en raison du faible taux national de bancarisation (12% en 2014), les TIC sont de plus en plus utilisées dans les transferts dargent, et constituent de ce fait dutiles alternatives pour ces instituteurs qui nont pas facilement accès au système bancaire classique. Tous les enseignants interrogés (100%) ont été unanimes à reconnaître lutilité des systèmes de paiement électronique. Leffectivité de ces pratiques commerciales nouvelles nécessite des réseaux et services numériques (téléphone mobile, réseaux et systèmes électroniques dédiés) dont ne disposent pas toujours les localités rurales éloignées. Ces faiblesses en équipements numériques rendent ces localités peu attractives aux yeux de nombreux enseignants qui préfèrent dès lors migrer vers les localités où ils sont susceptibles dobtenir plus facilement ces services. Les enquêtés ont également mentionné le fait que dans le secteur de la santé où le système national ivoirien de soins tend à être informatisé, les prestations telles que les bons de pharmacie ou les autorisations danalyses médicales de la Mutuelle Générale des Fonctionnaires de Côte dIvoire (MUGEFCI) se font par téléphone (via SMS) entre le médecin traitant et le siège de la mutuelle. Pour les assurés privés, ces prestations se font à travers des réseaux dédiés de communication. Aussi, lun des arguments des enseignants qui cherchent à migrer consiste-t-il à dire que pour bénéficier pleinement des prestations pour lesquelles lÉtat ou les assurances privées opèrent des prélèvements sur leurs salaires, il convient plutôt de résider dans des localités offrant des services en TIC et non dans des localités où il est impossible de faire usage du téléphone ou de lInternet.
La plupart des enseignants enquêtés sont conscients de limportance des évolutions techniques dans les mutations sociales en cours notamment dans les nouvelles formes de sociabilité et de mise en relation à distance. Cela se ressent sur leurs comportements. Ainsi, certains instituteurs affectés dans des localités ne disposant pas de réseau téléphonique, encore moins daccès à lInternet, préfèrent habiter, si possible, dans une localité voisine dotée de services TIC pour se rendre quotidiennement à leur lieu denseignement au moyen de motocyclettes ou de véhicules de transport en commun. Par ailleurs, dans les localités rurales dépourvues de services TIC, les fonctionnalités multimédia du téléphone portable servent parfois de moyen aux instituteurs pour écouter de la musique, ou regarder des films quand ils sont en situation de mobilité temporaire. Selon eux, cette ubiquité permise par les outils numériques leur donne le sentiment de ne pas être coupés de la modernité. Ainsi, les enquêtes montrent que dans les localités généralement dépourvues de réseaux, le téléphone portable sert davantage à dautres services quà la communication proprement dite.
Si, à travers les enquêtes, il apparaît que la migration des instituteurs se structure essentiellement autour de stratégies liées au besoin daccéder aux TIC, il semble que les trajectoires migratoires sont liées au critère dâge également en lien avec lunivers numérique.
3.2. Des trajectoires migratoires structurées autour de besoin en numérique et différentes selon lâge des enseignants
Les enquêtes ont montré que tous les enseignants ne semblent pas obéir à la même tendance et aux mêmes raisons en ce qui concerne leurs trajectoires migratoires. Si 100 % des enseignants jeunes (quel que soit le sexe) sont portés vers ce type de migration, en revanche, les enseignants les plus âgés (près de 15 % de cette catégorie dâge) se disent moins (mais pas totalement) sensibles aux instruments numériques. Pour ces derniers, quand ils éprouvent le désir de migrer, cest prioritairement pour dautres motivations. Leurs trajectoires migratoires sont différentes de celles des plus jeunes. En dépit de ces variations de trajectoires selon lâge, tous les enseignants enquêtés admettent que linformation et les technologies nécessaires à la véhiculer ont une incidence croissante sur de nombreux domaines de leur vie sociale. Selon eux, les TIC leur offrent de nombreuses opportunités : accès aux nouvelles commodités de la vie courante (téléphone portable, télévision cryptée multi chaînes, Internet, réseaux sociaux, etc.) ; possibilité daméliorer leurs connaissances dans le cadre de leur métier grâce aux ressources de lInternet. En fait, une analyse plus poussée de la situation permet de dire que quelles que soient leurs modalités de structuration et leur intensité en fonction de lâge, les mouvements migratoires de ces enseignants résultent dune fracture numérique géographique.
3.3. Lexode rural numérique des instituteurs : une nouvelle forme dexode consécutif à la fracture numérique nationale
Lexode rural des instituteurs constatés dans la zone détude sinscrit dans un contexte national de fracture numérique où les zones urbaines sont relativement mieux dotées en réseaux et services numériques que les zones rurales. Cette discrimination traduit la fracture numérique de type géographique à laquelle tentent déchapper de nombreux enseignants de la région.
Idéalement, lensemble du territoire national devrait bénéficier de façon égale de ressources numériques pour permettre à tout citoyen où quil se trouve de pouvoir utiliser à sa guise les commodités de la société de linformation. Malheureusement ce nest pas encore le cas. En Côte dIvoire, les zones urbaines sont beaucoup mieux dotées en réseaux et services numériques que les zones rurales. Ainsi, à lexception relative du cas de la téléphonie mobile cellulaire où les taux de couverture géographique sont globalement satisfaisants, les autres outils de télécommunications sont mal répartis sur le territoire national. Le cas de lInternet traduit bien cette répartition très déséquilibrée. Dès que lon quitte les zones urbaines, laccès à lInternet devient difficile voire impossible. Certes, lInternet mobile (à travers la 3G, voire la 4G) est de plus en plus accessible dans diverses localités du pays. Toutefois, utilisant parfois le même réseau que la téléphonie mobile (2G), lInternet mobile est soumis aux mêmes aléas de réception du signal que celle-ci. De sorte que les populations des zones rurales où les réseaux sont insuffisamment dimensionnés accèdent difficilement aussi bien au téléphone mobile quà lInternet mobile. Cette inégalité daccès aux technologies de linformation et de la communication est à lorigine dune nouvelle forme dexode rural : lexode rural numérique caractérisé par la migration de certaines catégories de la population des zones rurales vers les zones urbaines à la recherche dun mieux-vivre lié au numérique. Linformation et les technologies sy rapportant ont donc une incidence croissante sur la localisation des populations. Dans cette optique, la disponibilité dans les centres urbains de possibilités, applications et services liés aux avantages dun autre mode de vie favorisé par laccès aux TIC influence les instituteurs des zones rurales. Les enquêtes ont montré que cette influence provoque chez beaucoup une volonté de mobilité et de migration vers les zones urbaines quils jugent plus modernes. Pour les enseignants, les zones dépourvues de réseaux et services apparaissent répulsives au contraire de celles qui en sont dotées et qui sont quant à elles attractives. Or, de par la nature de leur métier, de nombreux instituteurs résident dans des zones rurales reculées du pays, totalement dépourvues délectricité et de services de télécommunications. Cette fracture dans laccès aux commodités de la vie moderne, notamment aux outils numériques, devient de plus en plus un motif de migration des enseignants qui cherchent ainsi à fuir les zones rurales quils trouvent répulsives. Il apparaît donc que laccès aux technologies de linformation et de la communication est devenu lun des facteurs clés de lattractivité et du maintien des enseignants dans les territoires. La carte indicative ci-dessous montre que les flux migratoires dinstituteurs sont plus denses vers la ville de Bouaké. Cela sexplique par le fait que contrairement aux autres villes de la région, la ville de Bouaké (chef-lieu de région) est nettement mieux équipée en infrastructures et services numériques. Dans ces conditions, il est nécessaire daménager numériquement les espaces ruraux pour les rendre attractifs.
Figure 2 : Carte indicative des mouvements migratoires des instituteurs, des zones rurales vers les zones urbaines dans la Région du Gbèkè, en 2016
3.4. De la nécessité daménager numériquement les espaces ruraux pour les rendre plus attractifs
Vu que les outils numériques participent désormais à la logique de localisation des enseignants, lamélioration des capacités rurales en matière de technologies de linformation apparaît une nécessité de politique de développement en vue de limiter lexode des instituteurs.
Les enjeux de laménagement numérique des espaces ruraux résident dans la façon globale dont les instruments numériques bouleversent progressivement les modes de construction du développement socioéconomique à travers les processus de migration, de mobilité et de localisation des populations. En principe, les caractéristiques intrinsèques des technologies de linformation et de la communication les destinent à contribuer à la dispersion géographique des activités économiques et des populations, donc à laménagement du territoire. Lon constate pourtant que ces technologies risquent, dans certains cas, daccentuer la tendance à la polarisation des populations et des activités et daccroître les inégalités de développement. La tendance des instituteurs à sinstaller de préférence dans les zones urbaines relève de cette polarisation géographique. Dans un tel contexte, le défi politique consiste à mettre en place l’environnement numérique nécessaire pour en faciliter l’expression et permettre aux territoires dêtre attractifs aussi bien pour les entreprises, les services administratifs que pour les populations. Cet environnement passe par laménagement numérique des territoires qui consiste à faire en sorte que les territoires ruraux bénéficient, dans des conditions technologiques identiques, des mêmes avantages en équipements et services numériques que les territoires urbains. Il s’agit donc de réunir les conditions de la dynamique territoriale porteuse de valorisation, dattractivité, de compétitivité et finalement de développement des territoires quel que soit leur statut.
Si les technologies de linformation et de la communication ne conditionnent pas à elles seules les mouvements migratoires des enseignants dans la région du Gbèkè, il apparaît par contre, à travers les enquêtes et les observations de terrain, quelles contribuent pour une part non négligeable à leur localisation. Doù la nécessité pour les différents acteurs du développement (lÉtat, les opérateurs de télécommunications ainsi que les collectivités locales) de coordonner leurs efforts et stratégies, en vue dune meilleure répartition de ces outils sur lensemble du territoire national.
4. Discussion
4.1. Les limites de la méthodologie utilisée
Dun point de vue méthodologique, rechercher linfluence des technologies de linformation et de la communication sur les mouvements migratoires pose des problèmes délicats. Linexistence de travaux empiriques antérieurs rigoureux ne donne aucune indication sur la démarche idéale à suivre. Cependant à partir des principales variables sur les quelles repose la recherche, il a été possible de dégager une méthode ad hoc pour traiter le sujet : les enquêtes de terrain privilégiant les entretiens avec les migrants et le recours aux métadonnées. Cette méthode comporte néanmoins des limites : objectivement, les données (qualitatives et quantitatives) utilisées dans la présente étude ne sont pas généralisables en raison dun échantillon insuffisamment représentatif de lensemble de la population nationale denseignants du primaire. Il convient en effet de souligner que les difficultés daccès aux écoles dans de nombreuses zones rurales, liées au mauvais état des routes y conduisant ainsi quà la dispersion géographique des villages ont considérablement empêché denquêter dans un plus grand nombre décoles. Or, il est admis que plus la taille de léchantillon est élevée et plus les résultats sont fiables et généralisables. Peut-être, une étude sapparentant à une analyse dite longitudinale consistant à faire des mesures de migrations sur une période de temps déterminée pourrait-elle permettre de mieux apprécier le phénomène dans la durée. Par ailleurs, le phénomène étudié étant nouveau, et donc en labsence de données statistiques fiables sur les mouvements migratoires des instituteurs, il était difficile détablir des cartes véritablement appropriées pour traduire les flux réels de migration. Cette carence en données explique létablissement dune simple carte indicative. Toutefois, les principaux résultats de cette étude semblent bien montrer que les TIC influent sur les mouvements migratoires domestiques à linstar de leur influence dans les migrations internationales analysées dans dautres études.
Comme autre limite des résultats de létude, il convient de relever le fait que les TIC ne sont pas les seuls facteurs explicatifs de la migration des enseignants.
4.2. Les TIC nexpliquent pas à elles seules les mouvements migratoires des enseignants.
Lors des enquêtes, certains enseignants ont clairement affirmé que leur volonté de migrer vers les zones urbaines nest pas spécialement déterminée par le souci daccéder à un quelconque moyen de communication électronique. Pour eux, laccès à lélectricité, à leau courante, à de bonnes infrastructures routières, etc. sont de loin les facteurs les plus déterminants. Précisément, limportance de laccès à lélectricité en Afrique a été étudiée par Loukou (2015) dans une contribution récente qui met en relation cette énergie avec le numérique et le développement de la société de linformation. Parmi les enseignants les plus âgés, certains expliquent leur volonté de migration par le souci dacquérir un logement personnel en ville dans la perspective de la retraite qui se profile. Pour dautres enseignants, le rapprochement du conjoint ou de la conjointe, les cas sociaux, etc. expliquent leur volonté de migrer. Dans ces derniers cas de figure, la migration peut même se faire vers une zone où il nexiste pas nécessairement de commodités de la vie courante (électricité, eau courante, télécommunications). Il convient néanmoins de reconnaître que, toutes raisons confondues, la proportion dinstituteurs peu sensibles aux effets des TIC est relativement marginale puisquà peine 15% des enquêtés se retrouvent dans ce cas de figure.
Au regard de la situation particulière des instituteurs, lon est à se demander ce quil en sera de la structure future des flux migratoires de fonctionnaires. En effet, beaucoup dautres catégories de fonctionnaires comme les infirmiers, les médecins, les policiers, etc. sont affectés dans des localités rurales encore dépourvues de commodités liées aux technologies de linformation et de la communication. Or, la plupart de ces nouveaux fonctionnaires sont quasiment tous issus de la génération du numérique et de lInternet en particulier. De ce fait, ils pourraient être autant influencés que les jeunes instituteurs. Dans cette optique, Bakis et Grasland observaient déjà en 1997 que lorganisation sociale de lespace est en train dêtre considérablement affectée par le développement des systèmes techniques dinformation et de communication ainsi que par lorganisation en réseaux. Par conséquent, les politiques nationales ou régionales daménagement du territoire et de développement du XXIème siècle doivent prendre en compte les caractéristiques sociodémographiques de la population de travailleurs jeunes de plus en plus sensibles aux effets du numérique. Cette catégorie de la population na pas les mêmes exigences de commodité de la vie quotidienne que celles qui lont précédée. Cette génération du numérique cherche de plus en plus à satisfaire ce que Boden et Molotch (1994) qualifient de compulsion de proximité commandée par les outils numériques. En favorisant la modernisation des modes de vie et les actions à distance, les TIC offrent des opportunités sans précédent à la société des migrants, mais aussi des contraintes nouvelles inattendues liées à la dépendance et à la compulsion vis-à-vis de ces outils. Dans ces conditions, si un exode rural numérique de grande ampleur est susceptible de désorganiser la structure du secteur de lenseignement, il pourrait néanmoins être le déclencheur dune prise de conscience au niveau des pouvoirs publics pour accélérer le processus daménagement numérique du territoire national en vue justement déviter cette désorganisation.
CONCLUSION
Les mouvements migratoires sont toujours liés à des causes bien déterminées (pauvreté, épidémies, guerres, etc.). Autrefois, les enseignants des milieux ruraux migraient vers les zones urbaines à la recherche dun eldorado lié à laccès à lélectricité, à leau courante ou tout au plus à la télévision. Avec la société de linformation, il sest opéré une modification des processus de migration au niveau des instituteurs. Létude a montré que désormais la migration de ces enseignants se structure essentiellement autour de stratégies liées au besoin daccéder aux services de TIC (téléphone portable, Internet, chaines de télévision par satellite). Pour eux, les TIC constituent un support très précieux pour satisfaire leur quête de modernité. Il faut donc aller où elles sont disponibles. Les migrations dinstituteurs des milieux ruraux du centre de la Côte dIvoire sont une réalité nouvelle et permettent de décrire un nouveau modèle danalyse des migrations. Il apparaît donc que les migrations nont plus tout à fait les mêmes mobiles selon les périodes, cest-à-dire avant lâge numérique (il y a une vingtaine dannées) ou pendant lâge numérique actuel. La migration classique était une des stratégies qui s’offraient au migrant pour aller diversifier ses sources de revenus. Lexode rural numérique (la migration liée au numérique) est une des stratégies qui s’offrent au migrant pour changer ses conditions de vie compte tenu des exigences de la société de linformation. Ces changements doivent être intégrés dans les politiques daménagement du territoire. Le développement homogène des TIC sur lensemble du territoire national, associé à la qualité des infrastructures routières, aux offres de moyens de transport pourrait favoriser une modification des flux migratoires internes qui ne seraient plus unidirectionnels (des zones rurales vers les zones urbaines) mais plutôt pendulaires. Tout cela nécessite une politique globale daménagement du territoire avec un accent particulier sur le volet numérique pour tenir compte du contexte de la société de linformation et de ses effets croissants sur les populations. Le constat de ces nouvelles formes de migrations fait à partir dune région nest cependant pas généralisable à lensemble de la Côte dIvoire. Seules des études plus larges pourraient permettre de confirmer cette tendance. La phase de discussion a en effet relevé que les TIC nexpliquent à elles seules les mouvements migratoires unidirectionnels des enseignants. Dautres facteurs tels que laccès à lélectricité, à leau courante, etc. entrent en ligne de compte. Enfin, il convient de noter que ces migrations ont probablement des impacts importants sur le fonctionnement du secteur de léducation primaire quil faudra évaluer. Cela ne pourra se faire que sur la base de données plus conséquentes.
Bibliographie
Boden D., Molotch H., 1994, « The Compulsion of Proximity », in Roger Friedland and Deirdre Boden, NowHere: Space, Time and Modernity, Berkeley, University of California Press, pp. 257-286.
Bredeloup S., 2009, « La migration africaine : de nouvelles routes, de nouvelles figures », Revue Quart Monde, N°212, -2009/4- N°212 – Migrations : un monde qui bouge Année 2009 Revue Quart Monde, http://www.editionsquartmonde.org/rqm/document.php?id=4419. Document consulté le 14-01-2016
Brou K., Charbit Y., 1994, « La politique migratoire de la Côte-d’Ivoire ». In: Revue européenne des migrations internationales, vol. 10, n°3,1994. CERPAA CERPOD ORSTOM Migrations africaines. pp. 33-59. doi : 10.3406/remi.1994.1425 http://www.persee.fr/doc/remi_0765-0752_1994_num_10_3_1425. Document consulté le 18-01-2016
Brousseau E., Rallet A., 2000, TIC, organisation et performances économiques, CGP
Castells M., 2001, La société en réseaux. Lère de linformation, 2e édition, Fayard pour la traduction française, Paris.
Diminescu D., 2005, « Le migrant connecté : pour un manifeste épistémologique », Migrations Société, 17 (102), pp. 275-293.
Diminescu D., 2006, « Lusage du téléphone portable par les migrants en situation précaire », in Émilie Bajolet, Marie-Flore Mattéi et Jean-Marc Rennes Éds., Quatre ans de recherche urbaine (2001-2004), Tours, Presses Universitaires François Rabelais, pp.
90-98. Diminescu D. 2014, ?Éditorial? : « Les TIC : un support précieux pour les migrants », Revue européenne des migrations internationales 3/2014 (Vol. 30), p. 7-13
Cairn.info: www.cairn.info/revue-europeenne-des-migrations-internationales-2014-3-page-7.htm. Document consulté le 12-01-2106?? Dupont J., 1985, « Les migrations internes en Côte-dIvoire : un état de tension », idrc : https://idl-bnc.idrc.ca/dspace/bitstream/10625/23284/1/111001.pdf, document consulté le 05-12-2015
Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR), 2008, « LAfrique de lOuest comme espace migratoire et espace de protection »,unhcr : http://www.unhcr.fr/4b151cb61d.pdf. Document consulté le 14-12-2015
Lahlou M. 2006, « Les causes multiples de l’émigration africaine irrégulière », Population & Avenir 1/2006 (n° 676), p. 4-7 Cairn.info: www.cairn.info/revue-population-et-avenir-2006-1-page-4.htm. DOI : 10.3917/popav.676.0004. Document consulté le 14-10-2015
Leclerc É., 2011, « Mobilité, spatialité et mondialité : les informaticiens indiens dans la ville globale », Dossier dHabilitation à Diriger des Recherches, Université Michel de Montaigne-Bordeaux III.
Loukou A. F., 2015, « Niveau de diffusion des TIC dans les établissements denseignement de la ville de Bouaké et application du concept TIC en éducation », Germivoire, revue scientifique de littérature des langues et des sciences sociales, Université Félix Houphouët Boigny, Abidjan Cocody, no2, pp 210-225
Loukou A. F., 2015 « Le développement des Technologies de lInformation et de la Communication (TIC) en Côte dIvoire face aux contraintes dénergie électrique », ANYASA, Revue des Lettres et Sciences Humaines, Laboratoire de Recherche sur la Dynamique des Milieux et des Sociétés, Université de Lomé, no 3, juin 2015, pp 36-51
Loukou A. F., 2013, « La fracture numérique dans un univers numérique : cas de la Côte dIvoire », in actes du colloque Interrogating Inequality: Linking Micro and Macro, 108th American Sociological Association (ASA) annual meeting – ASA 2013 Proceedings -, August 10-13, 2013 (New York, USA).
Loukou A. F., 2005, « Télécommunications et développement en Côte dIvoire à lère de la société de linformation et de la mondialisation », thèse de doctorat, Université Montpellier 3
Macilotti G., 2015, « Migrations et société en réseau : TIC et expérience migratoire entre pays dorigine et société daccueil », http://www.vittimologia.it/rivista/articolo_macilotti_2015-01.pdf, doi: 10.14664/rcvs/158. Document consulté le 06-02-2016
Mankou B. A., Essono T. 2016, « limpact de TIC dans les processus migratoires féminins en Afrique centrale. Cas des cybermigrantes maritales du Cameroun ». Actes du colloque international de Yaoundé 2014, LHarmattan
Merabet O., 2006, « Termes de Référence pour une étude sur le profil migratoire de la Côte d’Ivoire », rapport final http://eeas.europa.eu/delegations/cote_ivoire/documents/more_info/7_doc_fr.pdf. Document consulté le 03-03-2016
Ministère de lÉducation Nationale (MEN), 2010, Rapport danalyse 2008-2009 de létat de lécole en Côte dIvoire, Direction de lInformatique, de la Planification, de lÉvaluation et des Statistiques (DIPES)
Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), 2009, Migration en Côte dIvoire : Document thématique 2009 Les frontières en Côte dIvoire : historique, défis et stratégie pour une meilleure régulation des flux migratoires
http://www.iomdakar.org/profiles/sites/default/files/regulation_flux_migratoires_cote_ivoire_2009.pdf. Document consulté le 17-02-2016
Sayad A., 1985, « Du message oral au message sur cassette, la communication avec labsent », Actes de la Recherches en Sciences Sociales, 59, pp. 61-72.
Union Internationale des Télécommunications (UIT), 2005, « Migrations internationales, développement et société de linformation », ITU : https://www.itu.int/net/wsis/docs2/pc2/contributions/co8-fr.html. Document consulté le 06-02-2016
Notes
1La société de linformation est un concept qui fait référence à la structuration de la société actuelle autour de la production, de la diffusion et de la consommation intensives de linformation (au sens large de données, de connaissances, dactualités et duvres de divertissement) dans diverses activités socioéconomiques. Elle désigne donc un état de la société dans laquelle les technologies de linformation et de la communication jouent un rôle fondamental.
Table d’illustrations
Auteur(s)
1LOUKOU Alain François
1Enseignant-chercheur Université Alassane Ouattara (Bouaké, Côte dIvoire) E-mail : alain_loukou@hotmail.com
Droit d’auteur
Université Felix Houphouët Boigny de Cocody, Abidjan, Côte dIvoire