Croissance spatiale et phénomènes morpho-climatiques dans la ville de Brazzaville au Congo

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1- Brice Anicet MAYIMA,  2- Clémence DITENGO, 3- Hugues Bruno GOMA BOUMBA

L’urbanisation galopante et incontrôlée que connaissent les villes en Afrique subsaharienne dont Brazzaville, est à l’origine de la dégradation de l’environnement urbain. En effet, le cadre physique constitué de plateaux, collines et plaines, expose la ville aux risques et catastrophes naturels. La présente étude dégage les causes et les conséquences des ravinements, inondations et ensablements. Pour atteindre cet objectif, l’approche méthodologique adoptée s’appuie d’une part, sur l’observation de terrain, et d’autre part, sur l’analyse des images satellitaires (Landsat 2000 ; photos aériennes 2007, 2011 et 2015) et des fonds des cartes (carte topographique 1950 ; MNT 1990 ; SRTM 1990 ; plan cadastral 1983 et 2015). Les résultats obtenus montrent que les quartiers situés sur les versants des vallées et les flancs de collines sont affectés par un ravinement intense, pendant que ceux occupant les zones de plaine ou zone de rupture de charge sont l’objet des phénomènes d’épandage et d’inondation. Ainsi, 352 habitations ont été détruites par des ravinements et des ensablements, soit environ 1760 personnes affectées. Les activités anthropiques et les paramètres physiques (pente, sol et pluie) sont deux facteurs qui causent les phénomènes d’ensablement et d’inondation à Brazzaville.
Mots clés : Brazzaville ; ensablement ; inondation ; ravinement ; urbanisation

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Croissance spatiale et phénomènes morpho-climatiques dans la ville de Brazzaville au Congo

1- Brice Anicet MAYIMA,  2- Clémence DITENGO, 3- Hugues Bruno GOMA BOUMBA

Résumé :FrançaisEnglish


L’urbanisation galopante et incontrôlée que connaissent les villes en Afrique subsaharienne dont Brazzaville, est à l’origine de la dégradation de l’environnement urbain. En effet, le cadre physique constitué de plateaux, collines et plaines, expose la ville aux risques et catastrophes naturels. La présente étude dégage les causes et les conséquences des ravinements, inondations et ensablements. Pour atteindre cet objectif, l’approche méthodologique adoptée s’appuie d’une part, sur l’observation de terrain, et d’autre part, sur l’analyse des images satellitaires (Landsat 2000 ; photos aériennes 2007, 2011 et 2015) et des fonds des cartes (carte topographique 1950 ; MNT 1990 ; SRTM 1990 ; plan cadastral 1983 et 2015). Les résultats obtenus montrent que les quartiers situés sur les versants des vallées et les flancs de collines sont affectés par un ravinement intense, pendant que ceux occupant les zones de plaine ou zone de rupture de charge sont l’objet des phénomènes d’épandage et d’inondation. Ainsi, 352 habitations ont été détruites par des ravinements et des ensablements, soit environ 1760 personnes affectées. Les activités anthropiques et les paramètres physiques (pente, sol et pluie) sont deux facteurs qui causent les phénomènes d’ensablement et d’inondation à Brazzaville.
Mots clés : Brazzaville ; ensablement ; inondation ; ravinement ; urbanisation

Introduction

L’agglomération de Brazzaville s’est considérablement agrandie depuis l’indépendance et surtout au cours des vingt dernières années. Elle s’étend le long du Stanley Pool sur environ 110km2 depuis la zone périurbaine sud de Madibou à la zone nord de Talangaï et Djiri. Elle se subdivise actuellement en neuf arrondissements, à savoir Makélékélé, Bacongo, Poto-Poto, Moungali, Ouenzé, Talangaï, Mfilou, Madibou et Djiri.
Depuis l’année 1965, de nouveaux quartiers ont vu le jour à Brazzaville avec l’arrivée des populations congolaises venues de la rive gauche du fleuve Congo (Kinshasa). Elles se sont installées dans la partie sud de l’agglomération de Brazzaville, plus précisément dans les  quartiers de Massissia (dans l’arrondissement de Madibou) et Talangaï au nord, et Mfilou à l’ouest. En outre, l’exode rural régulier des décennies 1960 à 1990 a fait croître l’espace urbain à Brazzaville, notamment avec l’arrivée en fortes proportions des populations jeunes (15 à 30 ans) à la recherche d’emploi (P. Vennetier et A. Auget, 1980, p.12).
Partant, l’explosion démographique de la capitale congolaise a engendré une extension spatiale sans précédent de la ville. Cependant, la politique urbaine n’étant pas en faveur des logements sociaux, les populations à faibles revenus occupent souvent les quartiers péri-urbains le long des bas-fonds des vallées et sur les flancs des collines ; avec pour conséquence, la dégradation accélérée de ces sites. Cette situation constitue non seulement une contrainte pour les populations, mais aussi un frein au développement durable de la ville, à la lumière des conséquences socio-économiques et environnementales enregistrées. Plusieurs
travaux de recherche (B B.Tchitembo et P. Moundza, 2017, p.19 ; G.Samba et al ; 2008, pp.45-47 ; P. Vennetier, 1991, pp.194-200 ; G. Sautter, 1966, pp.112-118)ont abordé cette question sous l’angle de la dynamique de la croissance urbaine et de son implication
socioéconomique (qualité de l’habitat, la sécurité et l’accès aux services sociaux de base) à Brazzaville. En revanche, ces études n’ont pas suffisamment pris en compte les effets de la croissance urbaine non maitrisée sur les risques morpho-climatiques d’ordre
géomorphologique à Brazzaville. Pour ce faire, deux questions fondamentales méritent d’être posées : (1) Quels sont les problèmes d’ordre morpho-climatique résultant de cette croissance urbaine non maitrisée ? (2) Comment résoudre ce problème? L’objectif principal de cette étude est de montrer comment une croissance urbaine non maitrisée peut engendrer des phénomènes morpho-climatiques tels que l’érosion hydrique, l’ensablement et l’inondation qui affectent la ville de Brazzaville.

1. Cadre naturel de l’étude

La ville de Brazzaville est située en amont des cataractes et en aval du Stanley Pool sur la rive droite du fleuve Congo. Elle est limitée à l’est par le Fleuve Congo, à l’ouest par les districts de Ngoma tsétsé, au nord par le District d’Ignié et au sud par le District de Linzolo (Fig. 1)

1.2. Relief

Le relief de Brazzaville est une transition entre le plateau de Mbé au nord et celui des cataractes au sud. Cette topographie intermédiaire est vallonnée et ravinée avec une altitude comprise entre 300 et 320 m. Son inclinaison est nord-ouest-sud-ouest et correspond aux arrondissements de Bacongo, Makélékélé, Mfilou, Djiri et Talangaï. Les collines surplombant la partie ouest de Brazzaville occupent une bonne partie des arrondissements de Mfilou, Djiri et Talangaï. La plaine, naturellement marécageuse, est située à l’est et au nord-est de la ville avec une altitude comprise entre 275 et 285 m. Elle couvre les arrondissements de Poto-Poto, Moungali, Ouenzé et une partie de Talangaï. Le plus bas-relief de la ville de Brazzaville est ainsi constitué par ces arrondissements où la pente ne dépasse pas 4°. Cependant, au niveau des zones de collines de Djiri, Mfilou et de l’extrême nord-ouest de Madibou, la pente avoisine 30° (Fig. 2).

1.3. Sols sensibles aux phénomènes morpho-climatiques

Le relief du site de Brazzaville est taillé dans la série Batéké, d’âge tertiaire, composée de grés polymorphes (Ba1) à la base et de sable ocre (Ba2) au sommet avec une puissance d’environ 90 m (B. Denis, 1974, pp.80-83 ; D. Schwartz, 1988, pp.102-109). Sur ce
substratum se sont développés des sols ferralitiques fortement désaturés, constitués essentiellement de sables moyens et fins à 90% (L.Sitou et BA.Mayima, 2013, p.131) et couvrant la quasi-totalité de Brazzaville (Fig.3).

La cohésion des sols est nulle (0<Cuu<0.23) avec une faible teneur en matière organique (MJP.Ngazzi, 2017, pp.61-63). Ces sols ont également une grande perméabilité estimée en moyenne à K = 5.10-4 cm/sec. Ils sont peu compacts (C=85 %), avec une densité spécifique estimée en moyenne à 1,6 T/m3 , une plasticité nulle et un angle de frottement interne compris entre 29° et 33° (MJP.Ngazzi, 2017, p.63).

1.4. Climat

Le climat de Brazzaville est tropical humide, caractérisé par l’alternance d’une saison de pluies et une saison sèche (MJ. Samba-Kimbata, 1978, p.102). La saison pluvieuse dure environ huit mois (octobre à mai) avec une diminution du nombre de jours de pluies en janvier et février, correspondant à un fléchissement pluviométrique. La hauteur moyenne des pluies est de 1300 mm/an. Les intensités dépassent souvent le millimètre par minute (1mm/mn), et la fréquence des pluies, de l’ordre de 15 à 17 jours de pluies/mois, ne laisse pas au sol le temps de ressuyer. La tendance est donc au ruissellement instantané qui cause des ravinements importants. La température moyenne mensuelle est relativement élevée (25°C) et la saison sèche dure quatre mois (juin à septembre) avec un arrêt presque complet des pluies durant les trois premiers mois.

1.5. Population

La ville de Brazzaville comptait 7000 habitants en 1900 (P. Vennetier, 1991, pp.181). Depuis 1950 jusqu’à ce jour, la population a fortement augmenté. Brazzaville qui comptait 95000 habitants en 1957, est une ville de plus de 400000 habitants en 1980, soit un taux d’accroissement de 6,78%. En 2005, elle a franchi le cap d’un million pour atteindre 1.159.445 habitants. Puis 1.373.382 habitants. en 2007 (RGPH, 2007). En 2010, la population était estimée à 1.408.150 habitants (MJP.Ngazzi, 2017, p.82).

2. Matériel et Méthodes

2.1. Données

Il s’agit des ortho-photographies des années 2007 et 2017en mode infrarouge couleur. Elles ont été acquises sur le site internet Google Earth. Ces ortho-photographies ont un niveau de correction 2A, c’est-à-dire qu’elles ont été corrigées des défauts radiométriques lors de la prise de vue. Elles sont géo-référencées et représentées dans le système UTM 33 sud pour ellipsoïde de référence WGS 84. Ces ortho-photographies ont servi à définir l’étalement spatial du tissu urbain. Par ailleurs, l’image satellitaire de type SRTM de résolution spatiale 90 m a permis après traitement de générer les pentes et les courbes de niveau. Les fonds topographiques de Brazzaville à l’échelle de 1/200000 de 1950 et 2014 ont permis également une meilleure orientation sur le terrain afin de repérer les sites affectés par les érosions et les ensablements.

2.2. Méthodes

L’approche méthodologique adoptée s’appuie sur l’observation de terrain, l’analyse des images et des fonds des cartes.

2.2.1. Observation de terrain

La longueur et la largeur du plancher ainsi que la hauteur des parois des ravinements ont été relevées. Ces mesures ont été prises sur des sections d’une longueur maximale de 40 m ; chaque ravin a été sectionné en forme géométrique régulière afin de quantifier la perte en terre pour chaque section. Le long des ravins, les principales formes géométriques rencontrées sont des sections en prisme rectangulaire, en arc ou en demi-cercle et trapézoïdale (BA. Mayima, 2007, pp57-58). Ces opérations ont permis d’évaluer le volume de terres décapées, la superficie à vide créée par l’érosion et de quantifier le nombre de maisons détruites, ainsi que celles encore menacées par le ravinement, l’ensablement et l’inondation.

2.2.2. Analyse des images et fonds de cartes

Les supports cartographiques sont géo-référenciés à partir de l’orthophotographie. Ces documents en version papier sont au préalable scannés. La version numérique obtenue pour chaque photographie est enregistrée sous format JPG (fichier image). Le calage s’est fait avec au moins quatre points d’appui non alignés.

Les supports cartographiques sont géo-référenciés à partir de l’orthophotographie. Ces documents en version papier sont au préalable scannés. La version numérique obtenue pour chaque photographie est enregistrée sous format JPG (fichier image). Le calage s’est fait avec au moins quatre points d’appui non alignés. La vectorisation a permis de créer des couches cartographiques à partir des fichiers images. Des fichiers vectoriels sont ainsi générés par classe et sont rectifiés en fonction des changements observés sur les images rasters de 2000, photos aériennes 2007, 2011 et 2015. Ces fichiers sont ensuite superposés pour élaborer des cartes d’occupation du sol à analyser dans un Système d’Information Géographique. Les cartes obtenues constituent une base pour les calculs des changements d’occupation du sol. Ces changements dans le temps ont été évalués en examinant les variations des superficies et en dressant des matrices croisées par combinaison de cartes d’usages prises dans des temps différents. Le taux de changement annuel de superficie (ha/an) est obtenu par le rapport entre la différence de superficie (ha) de
deux années sur la durée entre deux années considérées.

3. Résultats et Analyses

3.1.1. Croissance urbaine et occupation anarchique de l’espace sur le site de Brazzaville

Brazzaville est confrontée à une urbanisation rapide qui se traduit par une extension spatiale démesurée. Les forêts sont abattues systématiquement pour être remplacées pour d’autres usages, généralement l’habitat (lotissement de la ville). L’implantation des équipements et infrastructures, se fait au détriment du patrimoine forestier (Figure.4)

La superficie de la ville croît proportionnellement avec le nombre des habitants qui est passé de 76.000 (1950), 584.000 (1984), 1.004.000 (2007) pour atteindre 2.028.696 habitants en 2017 (Goma Boumba, 2009, p.22). De 1950 à 2007 la population a augmenté environ 13 fois. Cette croissance démographique s’accompagne d’une augmentation de l’aire géographique d’habitation. Globalement un accroissement des superficies occupées par le bâti est constaté dans le tableau I.

Brazzaville qui occupait 1.991 ha en 1950, est passée à 7.106 ha en 1983. En 24 ans, la superficie a augmenté de 10.419 ha, ce qui donne une moyenne de 434 ha/an. Cette croissance est plus forte entre 2007 et 2017 où la superficie inter-annuelle atteint 11908 ha soit une évolution annuelle de 1191 ha.

3.1.2. Conséquences socio-économiques de l’érosion hydrique à Brazzaville

Les conséquences de l’érosion hydrique ont été très néfastes sur l’environnement et la population brazzavilloise. Elle a occasionné d’importants dégâts matériels et humains. En effet, l’érosion hydrique a affecté 1760familles au cours des années 2000 à 2017 (enquête de terrain). Les ravins ont bouleversé non seulement la morphologie de la ville mais aussi la vie sociale des populations qui habitent ces arrondissements. Ils ont détruit les maisons, les voiries, les infrastructures et équipement publics et privés et occasionné des pertes en vies humaines (Photo 1 et Photo 2)

Par ailleurs, les résultats des enquêtes de terrain montrent que les propriétaires ayant perdu des maisons sont devenues à 90%des locataires. Ils se retrouvent dans des conditions de vie très difficiles et dans des logements précaires ou inconfortables. Les membres d’une même famille sont parfois obligés de vivre séparément. Par ailleurs, la destruction des avenues et des rues par les ravinements pose un sérieux problème d’accessibilité ou de mobilité des populations. En effet, dans les arrondissements concernés par cette étude, il est difficile, voire impossible, de circuler en voiture. Le nombre de parcelles détruites par les ravinements est considérable (352 parcelles avec maisons et 75 nues). Les populations riveraines enquêtées ont témoigné, à plus de 76%, que la valeur marchande des parcelles nues détruites par les ravinements et les ensablements est estimée à 7.000.000 de Francs CFA. Le coût moyen d’une parcelle avec maison détruite par érosion régressive est de 16.000.000 millions de Francs CFA. En revanche, le traitement de 10 ravins répartis dans trois quartiers (Mfilou, Tsiemé et Djiri) a couté à l’Etat congolais plus de 20.777.663.254 de Franc CFA (enquête de terrain).

3.1.3. Conséquences environnementales de l’érosion hydrique à Brazzaville

A Brazzaville où les états de surface ont été modifiés par des constructions résidentielles ou par des travaux d’aménagements de tout genre, les effets de l’érosion hydrique sont plus, importants que ceux observés en milieu rural. Les pertes en terre occasionnées par les 10 ravins répertoriés dans le site d’étude sont importantes. Elles sont estimées à plus de de 201.101,120 tonnes durant la période allant de 2014 à 2017, soit 50.275,28 tonne/ha/an. Cette importante quantité de terre a eu des conséquences sur l’environnement, notamment l’envasement des ouvrages d’assainissement, l’ensablement du fleuve Congo au niveau du port fluvial de Brazzaville. En plus, ces sédiments affectent les qualités physico chimiques des eaux de puits et des cours d’eau. Par ailleurs, en se déposant, ces sédiments participent à l’envasement du fond des cours d’eau, et vraisemblablement à la contamination des sources et des puits non aménagés au voisinage des cours d’eau. Dans les bas-fonds ou zones déprimées des plateaux et aux pieds des grands talus, les produits érodés engloutissent des maisons. Tel est le cas du quartier Mouhoumi dans l’arrondissement de Mfilou où 153 maisons ont été ensevelies (Photo 3).

Des maisons construites puis abondonnées suite au phénomene d’ensablement dans l’arrondissement Mfilou (quartier Mouhoumi). Les populations sont obligées de quitter les lieux.Les habitations abondonnées sont à la merci des jeunes delinquants qui les vandalisent. La photo 4 montre une maison construite et abandonnée par ces occupants, suite aux inondations.

4. Discussion

L’occupation anarchique du site de Brazzaville (flancs de collines, fonds de vallées et lits majeurs des cours d’eau), le contexte pédo-géologique (formations sableuses très fragiles) et morphologique (zone de colline) sont à l’origine du déclenchement des phénomènes morpho-climatiques (ravinement, ensablement et inondation). Nos résultats sont similaires de ceux trouvés par Tchotsoua et al. (1999, p.524) dans la ville de Yaoundé et Xavier Van Caillie, 1990, p.200) dans la commune de Kinshasa en République Démocratique du Congo. En effet, la population de Brazzaville est passée du simple au double entre 1950 et 2017 et
cette augmentation a entrainé des conséquences néfastes sur l’espace urbain. C’est l’analyse évolutive des photographies aériennes, images et cartes qui a révélé l’étalement de la ville de Brazzaville entre 1950 et 2017. Les conséquences qui en résultent sont importantes sur le plan socio-économique et environnemental. Sur le plan socio-économique : le traitement des 10 ravins a coûté à l’Etat congolais plus de 20.777.663.254 de Franc CFA (enquête de terrain). Ces résultats sont sensiblement proches de ceux trouvés dans la partie sud de Brazzaville par D. Loembé et al. (2007, p.75) et MJP.Ngazzi (2017, p.184) et dans la commune urbaine de Kinshasa par F.Miti Tseta et J. Aloni Komanda (2005, p.26). Les pertes en terre occasionnées par les 10 ravins répertoriés dans le site étudié sont importantes et estimées à plus de 201.101,120 tonnes durant la période allant de 2014 à 2017, soit 50.275,28 tonne/ha/an. Cette quantité de terre perdue est qualifiée d’importante par Mourzad Arabi (2001, p.7-8) car ce taux est supérieur au seuil de 25 tonnes/ha/an.

Conclusion

Brazzaville est actuellement la ville du Congo la plus affectée par les phénomènes morpho-climatiques (inondation, glissement de terrain, ensablement et ravinement). L’explosion démographique que connait la ville durant cette dernière décennie a entraîné une extension spatiale sans précédent sur un site collinaire et sableux. Il s’ensuit une dégradation accélérée du site par érosion hydrique, ensablement, glissement de terrain et inondation. Les coûts liés à la réparation et les dégâts causés par ces catastrophes naturels sont importants. Ils constituent non seulement une contrainte majeure pour le développement durable de Brazzaville, mais
aussi un défi à relever pour les décideurs politiques et les gestionnaires des collectivités locales.

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Auteur(s)


1 Brice Anicet MAYIMA; e-mail: mayimabrice@gmail.com – Laboratoire de Géographie, de l’environnement et de l’aménagement (LAGEA), Université Marien Ngouabi, Département de géographie.

2 Clémence DITENGO; Laboratoire de Géographie, de l’environnement et de l’aménagement (LAGEA), Université Marien Ngouabi, Département de géographie.

3 Hugues Bruno GOMA BOUMBA; Laboratoire de Géographie, de l’environnement et de l’aménagement (LAGEA), Université Marien Ngouabi, Département de géographie.

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