Moyens de transport et fluidité de circulation des produits vivriers dans le Bas-Sassandra

Lanzéni YEO

yeolanzen@gmail.com

André Olivier BOHOUSSOU

andreolivierbohoussou@gmail.com

Université Félix HOUPHOUËT BOIGNY

Résumé :

La lutte contre l’insécurité alimentaire exige une libre circulation des produits vivriers dans l’espace. En Côte d’Ivoire de nombreux programmes de désenclavement des bassins de production des produits vivriers ont été adoptés depuis 1960 afin de lutter contre l’insécurité alimentaire. Ces programmes ont permis de doter la Côte d’Ivoire d’un important réseau routier et de développer un dense trafic terrestre. Cependant, malgré ces investissements, les marchés vivriers connaissent à certaines périodes de l’année des difficultés d’approvisionnement en produits vivriers. C’est le cas du district du Bas-Sassandra où les paysans éprouvent des difficultés pour l’évacuation de leurs produits vivriers malgré le denses réseau routier dont-il dispose.

L’objectif de cette étude est d’analyser l’impact des moyens de transport sur la fluidité de circulation des produits vivriers dans le Bas-Sassandra. L’observation directe, la recherche bibliographique et l’enquête de terrain ont été les techniques utilisées pour réaliser cette étude. Les résultats obtenus montrent que le secteur du transport des produits vivriers souffrent de nombreux maux. Le mauvais état des routes, l’inadéquation des moyens de transport à l’évacuation des produits vivriers sont autant d’obstacles à l’accès aux marchés et aux bassins de production des produits vivriers.

Mots clés : district du Bas-Sassandra, circulation, fluidité, Moyens de transport, produits vivriers.

Abstract

The fight against food insecurity requires the free movement of food products in outer space. In Côte d’Ivoire, numerous programs to open up food production areas have been adopted since 1960 in order to combat food insecurity. These programs have made it possible to provide Côte d’Ivoire with a major road network and to develop dense land traffic. However, despite these investments, food markets experience food supply difficulties at certain times of the year. This is the case in the Bas-Sassandra district, where farmers find it difficult to evacuate their food products despite the dense road network at its disposal.

The objective of this study is to analyze the impact of means of transport on the fluidity of circulation of food products in Bas-Sassandra.

Direct observation, literature research and field survey were the techniques used to carry out this study. The results show that the food transport sector suffers from many ills. The poor condition of the roads, the inadequacy of the means of transport for the evacuation of products Food crops are all obstacles to access to markets and food production basins.

Keywords: Bas-Sassandra district, traffic, fluidity, means of transport, food products.

Introduction

La mobilité des hommes et des biens dépend essentiellement des infrastructures routières. La structure du réseau routier oriente ainsi le développement territorial (Eric Joël FOFIRI NZOSSIE, 2011 p 11).

En Côte d’Ivoire, alors que le transport intègre certaines localités dans le commerce des produits vivriers, il marginalise d’autre dont la contribution à l’approvisionnement et la distribution des produits vivriers pourrait être significative. Selon Bamba Vakaramogo et Koffié-Bikpo Céline Yolande (2018), dans la région de Mankono, seules les localités de Tiéningboué (2 600, 327 tonnes) et Bouandougou dont la production vivrière est estimée respectivement à 2600, 327 tonnes et à 3 078, 880 tonnes sont reliées par le bitume au marché de gros de Bouaké. Elles sont parmi les quatre localités qui ont le plus de relation avec le marché de gros soit 150 à 180 liaisons contrairement aux localités se trouvant sur les axes Mankono-Kongasso-Kounahiri-Béoumi, Tiéningboué-Mankono-Séguéla, Kongasso-Séguéla et l’axe Mankono-Kongasso-Zuénoula qui ne sont pas bitumés et qui sont impraticables pendant la saison des pluies. A noté que ces localités sont parmi les greniers du marché de gros. Ce qui entraine un dysfonctionnement du transport et une inaccessibilité aux produits vivriers des localités ralliées par des voies non bitumées en période de pluie.

À l’instar de la région de Mankono, dans le district du Bas-Sassandra aussi, l’organisation du transport et les conditions de son exécution comportent des dysfonctionnements. Le transport des produits vivriers apparaît comme le parent pauvre du système de transport dans cette circonscription administrative malgré sa position stratégique dans l’organisation des filières vivrières. D’où, l’interrogation suivante :

Quel est l’impact des moyens de transport sur la fluidité de circulation des produits vivriers dans le Bas-Sassandra ?

L’objectif de cette étude est d’analyser l’impact des moyens de transport sur la fluidité de circulation des produits vivriers dans le Bas-Sassandra.

Le District du Bas-Sassandra est situé au Sud-ouest de la Côte d’Ivoire et à pour chef-lieu de district San-Pedro. Il est limité à l’Ouest par la frontière avec le Liberia, au Nord-Ouest par le District du Tonkpi, au Nord-est par celui de la Sassandra-Marahoué, à l’Est par le District du Gôh-Djiboua et au Sud par l’Océan Atlantique co mme l’illustre la carte 1. Le distrit du Bas-Sassandra comprend 3 régions. Ce sont la région de San-Pedro chef-lieu du District, celle de la Nawa, et du Gbôklè et regroupe en son sein 8 départements et 31 sous- préfectures.

1- Méthodologie

La méthodologie de recherche s’est faite en deux phase.

1.1-La recherche documentaire

La première phase a consisté à parcourir des bibliothèques et autres centres de documentation, en vue de constituer une bibliographie satisfaisant le centre d’intérêt et de

recherche. La recherche bibliographique a été faite à l’Institut de Recherche et de Développement (IRD), à l’Office d’Aide à la Commercialisation des Produits Vivriers (OCPV) et à la bibliothèque de l’Université Félix Houphouët-Boigny. Divers écrits constitués d’ouvrages généraux, d’articles, de rapports d’activités ont été consultés. Les travaux spécifiques (ouvrages, thèses, articles, littératures grises, rapports d’activités) ont permis d’orienter notre problématique.

1.2-L’enquête de terrain

La deuxième de phase a consisté à faire une collecte de données sur le terrain. Les enquêtes ont permis, d’entrer en contact avec les acteurs de l’approvisionnement et de la distribution des produits vivriers et les consommateurs. Elles ont commencé par l’identification des acteurs, des marchés, des structures et des organisations de commercialisation des produits vivriers. Cette phase a permis d’identifier les types de moyens de transport des produits vivriers utilisés dans le District du Bas-Sassandra. Elle a non seulement permis de cibler les principaux sites de l’approvisionnement et de la distribution dans le District mais également les structures impliquées dans l’approvisionnement qui sont les différentes représentations de l’OCPV dans le District du Bas-Sassandra (antenne régional de San- Pedro, bureau permanant de Soubré et de Sassandra), la direction de l’agriculture à San- Pedro, la direction du commerce, de l’artisanat et des petites moyennes entreprises, les mairies de San-Pedro, Soubré et Sassandra. Le choix des localités enquêtées est basé sur des critères d’accessibilité et d’inaccessibilité par les camions gros-porteurs (plus de 10 tonnes) en saison des pluies. Dans les régions de Soubré et de Fresco, deux localités ont été choisies par région soit deux localités difficiles d’accès et deux accessibles. Dans la région de San Pedro, en plus des localités de Doba et de San Pedro choisies selon les critères cités plus haut, les localités de Grabo et Djamandioké ont été choisies à cause de leur proximité avec le Libéria pays voisin de la Côte d’Ivoire. Ce critère permet de voir l’influence de ce pays frontalier sur les marchés vivriers de cette région.

Figure 1 : présentation du district du Bas-Sassandra

Carte 1 : présentation du district du Bas-Sassandra

Dans ces localités, un questionnaire a été adressé aux producteurs, commerçants et transporteurs. A cause de l’indisponibilité d’une base de données exhaustive sur le nombre de ces acteurs par catégorie dans le district du Bas-Sassandra, la méthode du suivi itinéraire a été utilisée pour l’administration du questionnaire à ces acteurs. Cette méthode a permis à la fin des enquêtes, d’enquêter 86 producteurs, 50 commerçants et 15 transporteurs

2- Résultats

2.1-Des infrastructures routières, un goulot d’étranglement dans la chaîne de commercialisation des produits vivriers

La mise à disposition de produits en qualité et en quantité sur les différents marchés exige une bonne circulation des produits et des acteurs du commerce dans l’espace. Il faut donc des infrastructures et moyens de transports fonctionnels en bon état pour une telle activité.

C’est une condition permissive pour lutter contre l’insécurité alimentaire. Dans le District du Bas-Sassandra, le transport des produits vivriers locaux s’effectue principalement par voie terrestre. Cependant, la voirie laisse est en mauvais état. Les voies bitumées ne représentent que 6% du réseau routier soit 471 km sur un total de 7251 km (Carte 3).

Carte 3: Réseau routier connecté aux marchés vivriers dans le District du Bas-Sassandra

De l’observation de la figure, il ressort que seulement deux axes sont bitumés. Le premier est celui de « la côtière ». Il part de Fresco à Tabou en passant par Sassandra et San-Pedro. Cette voie est très dégradée. Le deuxième est l’axe Sud-nord, qui part de San-Pedro en passant par Méagui, Soubré, Yabayo et Grand-Zattry. Toutes les autres liaisons inter-villes, inter-villages sont des routes non bitumées. Elles représentent 94% du réseau routier régional. Ces infrastructures routières sont une entrave au transport des produits vivriers dans le District du Bas-Sassandra. Elles constituent également des obstacles à l’accès aussi bien aux bassins de production qu’aux marchés. Les marchés du district du Bas-Sassandra sont ralliés entre eux pour l’essentiel par des vois non bitumées qui sont impraticables. Le mauvais état de la route est évoqué par 48% des acteurs (Grossiste et transporteurs) du secteur du vivrier du Bas-Sassandra comme étant le principal facteur infrastructurel qui entrave l’acheminement des produits vivriers vers les marchés. La nature de ces voies rallonge le temps d’évacuation des produits et constitue de ce fait un obstacle pour un bon écoulement en quantité et en qualité vers les marchés (planche 1).

Planche 1: Route dégradée et camion gros porteurs ambourbés dans la boue sur un axe dans le district du Bas-Sassandra

Source : YEO Lanzéni, 2022

Les images présentent des routes en mauvais état et des véhicules dans des bourbiers. En saison pluvieuse, cet état des routes répugne les transporteurs à s’engager dans le transport des produits vivriers. Ce qui oblige les producteurs à trouver d’autre moyens de résilience.

1-    Une diversification des moyens de transport des produits vivriers comme mesure de résilience

L ‘état de la voirie a entrainé une spécialisation des transports pour l’acheminement des vivres des marchés ruraux vers les marchés de consommation. Pour l’acheminement des marchandises vers les marchés, les acteurs du commerce des produits vivriers utilisent divers moyens de transport. Ce sont entre autres les camions, les pickups de marques toyota, les tricycles et même les véhicules de transport de personnes (figure 1).

Figure 1 : répartition des moyens de transport utilisés dans le transport des produits vivriers

Source : Nos enquêtes, 2018

La figure 1 présente la proportion du recours à ces moyens de transports. Avec 53,05%, les camions de plus de 5 tonnes sont les plus utilisés dans la chaîne de transport des produits vivriers dans le District du Bas-Sassandra. Ils sont suivis par des véhicules de petits gabarits (Taxis, bâchée, mototricyles, camionnette, cars de transport voyageur) utilisés pour la collecte des produits sur les marchés de production en raison de leur plus grande flexibilité vu le mauvais état des routes. Les vivres sont acheminés sur les marchés de regroupement par petites quantités afin de constituer un stock significatif transportable par les camions puis acheminés vers les villes et les zones transfrontalières. Dans l’ensemble, ces engins sont utilisés à 46, 95%. Les camions de plus de 5 tonnes sont utilisés principalement sur les voies bitumées. L’utilisation de ces camions sur les pistes a montré ses limites car 74% des acteurs les trouvent désavantageux pour l’évacuation de leurs produits des marchés ruraux enclavés vers les axes routiers bitumés. Ils sont utilisés pour l’évacuation des produits de grande quantité vers les centres de consommation et peuvent transporter jusqu’à 50 tonnes. Ils sont utilisés comme des relais dans la chaîne de transport des vivriers et sont généralement stationnés en des endroits stratégiques faciles d’accès où les producteurs ou commerçants prennent le soin d’évacuer les produits (photo 1). Les produits transportés sont : la banane plantain, l’igname, le manioc le maïs grain et les produits divers.

Photo 1 : Camion de marchandise stationné sur le site de déchargement au marché Nabo de San-Pedro

Source : Bohoussou, 2019

La photo 1 montre un camion de transport de produit vivrier stationné. L’on voit également sur l’image, des produits regroupés près du véhicule. Le véhicule se trouve en un lieu de regroupement des produits vivriers par les autres moyens de transports légers. Il faut également noter que les moyens utilisés pour l’évacuation des produits ne sont pas tous adaptés au transport des produits vivriers

2-    Des moyens de transport peu adaptés au transport des produits vivriers

Dans le district du Bas-Sassandra, les véhicules de transport commun transportent aussi bien les produits vivriers que des passagers. Ils sont utilisés à cause de leur rapidité dans l’évacuation des produits vivriers. La planification des heures de départ et d’arrivées de ces moyens de transport offre l’avantage aux producteurs d’organiser la récolte des produits en fonction de ce calendrier. Ils transportent à cet effet des produits vivriers hautement périssable. Les moyens de transport commun est utilisé par les détaillants à 91% par les grossistes contre 9% pour les détaillants (photos 2 et 3).

Photo 2: Véhicule de transport de personne dont le porte bagage est chargé de caisse de tomates à Soubré

Photo 3 : Soute à bagage d’une compagnie de transport de personne chargées de carton de tomate à Soubré

Source : YEO Lanzéni, 2021

La photo 2 montre un chargement de caisse de tomate sur le porte bagage d’un mini car de 22 places. La tomate, compte tenu de son caractère hautement périssable, est emballée dans des cartons ou des caisses. Elle est transportée par des mini cars lorsqu’elles est conservées dans ces caisses. La photo 3 montre un chargement de carton de tomate dans la soute à bagage d’un car. L’on a remarqué lors des enquêtes que la tomate pour être transportée dans les grands cars de plus de 50 places, doit être emballées dans des cartons. Ensuite, les cartons sont mis dans la soute à bagage du car. À l’arrivée, la tomate subit des dommages à cause de la chaleur de la soute. Dans l’ensemble, ces moyens de transport ne garantissent pas une meilleure conservation des produits vivriers. D’importantes pertes de produits vivriers sont constatées dans l’utilisation de ce moyen de transport. D’ailleurs, l’identification des obstacles à l’approvisionnement des marchés en produits vivriers dans le District du Bas-Sassandra montre que l’absence de moyen de transport approprié aux produits vivriers est le problème majeur que rencontrent les acteurs du vivrier marchand dans cette circonscription (figure 5).

Figure 2: Identification des obstacles à l’approvisionnement des marchés en produits vivriers dans le District du Bas-Sassandra Sources : Enquêtes terrain 2021

Il ressort de l’analyse de la figure 2 que le transport des produits vivriers dans le district du Bas-Sassandra connaît de nombreuses difficultés. L’absence de moyens de transport approprié, l’éloignement de la localité, le mauvais état des routes et les tracasseries routières sont les plus nuisibles à cette activité.

3-    Racket, une pratique endémique pour le transport et le commerce des produits vivriers

Au niveau économique, les tracasseries routières sont perçues à 44% par les acteurs de l’approvisionnement des marchés comme étant très nuisible dans la chaîne de commercialisation des produits vivriers du district du Bas-Sassandra. Celles-ci sont le fait des syndicats de transporteurs et des forces de l’ordre que l’on rencontre sur les axes routiers pendant le transport des marchandises. L’extorsion de fonds se fait par rapport à la nature de la marchandise transportée, aux pièces du véhicule et du personnel (chauffeur et apprenti). Le tableau 1 indique le coût de cette pratique sur le trajet Bouaké-San-Pedro.

Tableau 1 : Frais de route (camion de plus de 5 tonnes) entre le marché de gros de Bouaké et le marché Nabo de San- Pédro

Dépenses enregistrées au cours du transportMontant en franc CFA
Syndicat à la sortie de Bouaké (billet de sortie)7000
Corridor sortie de Bouaké2000
Corridor entrée Yamoussoukro2000
Corridor sortie Yamoussoukro- Gagnoa2000
Routier Zambakro2000
Corridor entrée Gagnoa2000
Corridor sortie Gagnoa2000
Routier axe Gagnoa- Soubré2000
Routier Yabayo2000
Corridor entrée Soubré2000
Corridor sortie Soubré2000
Routier axe Méagui- Soubré2000
Corridor entrée Méagui1000
Corridor sortie Méagui1000
Routier Gabiadji2000
Corridor entrée San-Pédro2000
Douane entrée San-Pédro2000
Routier campement Bernard2000
TOTAL39000

Sources : Nos enquêtes, 2018

L’analyse du tableau 1 révèle que pour le transport de produits vivriers entre le marché de gros de Bouaké et celui de Nabo Felix de San-Pedro les transporteurs déboursent en moyenne 39000 fcfa comme frais de route. Bien qu’ayant connu une baisse significative aux dires des commerçants, ces interventions alimentent les taxes illégales dans l’approvisionnement des marchés en produits vivriers.

4- Discussion

En somme, l’étude du transport des produits vivriers dans le Bas-Sassandra montre des résultats qui présente le transport comme un goulot d’étranglement dans le commerce des produits vivriers. Le secteur du vivrier marchand souffle de nombreux maux dont les plus graves sont le mauvais état des routes, des moyens de transports inappropriés et le racket. Ces obstacles ne sont pas de nature à faciliter la libre circulation des produits vivriers. Par ailleurs, ils influencent négativement le coût des produits vivriers sur le marché. Ces résultats sont conformes à ceux de E. Aka (1993 p 43) qui écrit que le transport s’avère être un facteur essentiel non seulement dans la mise en marché de la production vivrière mais aussi dans les conditions de négociation des prix aux producteurs. Pour rendre accessible les produits vivriers à tous, l’organisation du transport des produits vivriers doit assurer la rentabilité des prestations des transporteurs mais aussi, permettre aux producteurs d’écouler régulièrement leurs récoltes et d’améliorer leurs revenus. Ainsi, l’entretien des voies de circulation est une composante essentielle dans la mesure où elle permet le désenclavement de zones de production agricole et l’écoulement des produits. C’est aussi, l’une des conditions pour permettre un meilleur écoulement des produits vivriers dans le district du Bas-Sassandra. Pour rappel, seulement 6% des voiries de cette zone est bitumé. Goossens (1997 p 48) aboutit aux mêmes résultats, lorsqu’il écrit que c’est la marge de collecte et de transport qui contribuent au prix élevé des produits. De façon intransigeante, il défend qu’il est impossible d’envisager la commercialisation ou d’étudier un circuit de distribution sans mettre l’accent sur le transport de la marchandise. En d’autres termes, le transport constitue le support du secteur tant il influe sur le prix des vivres. Des infrastructures et moyens de transport dépendent l’accessibilité aux denrées alimentaires par les populations. Des infrastructures et moyens de transport inappropriés affectent aussi bien le fonctionnement des marchés de produits vivriers que le bien-être et la sécurité alimentaire des populations. Abondant dans ce sens, Mensah et al (2013 p 28 ) qui affirment que la réduction des coûts de transport de la corète potagère au Benin, suppose un aménagement des voies de desserte des lieux de production. En somme, c’est lorsque les routes seront améliorées que les coûts du transport baisseront. Cette situation aura sans doute un impact sur le prix des produits. Un autre facteur dont il faut tenir compte pour faciliter une régularité spatio-temporelle des produits vivriers sur les marchés du district du Bas-Sassandra, c’est le racket. Notre étude a démontré que 44% par les acteurs de l’approvisionnement des marchés perçoivent le racket comme étant un obstacle à l’approvisionnement des marchés dans le District du Bas-Sassandra. L. Yéo et al (2016 p 50) ont obtenu des résultats similaires dans la région du Poro au nord de la Côte d’Ivoire en identifiant sur une distance d’environ 200 km parcourue, 13 postes de contrôles. Chacun de ces postes, les agents des forces de l’ordre se livrent au racket. Dans ce contexte, sur les marchés de consommations, la fixation des prix des produits vivriers ne peut se faire sans tenir compte du coût du transport. Les frais routiers illégaux prélevés aux postes de contrôles par les forces de l’ordre et le coût du transport entrainent une augmentation considérable du prix des produits auprès de la population. Cela est un facteur limitant pour la disponibilité de la production sur le marché et entrave l’accès de la population korhogolaise à des produits aux coûts abordables et de bonne qualité. Pour V Bamba et al (2018 p 8), au chapelet des difficultés se greffent celles liées aux tracasseries routières rencontrées par les commerçants lors de l’approvisionnement du marché. Les résultats de notre étude indexent le racket comme l’un des problèmes majeurs du transport des produits vivriers en Côte d’Ivoire. Le nombre de postes de contrôle et les perceptions illicites demeurent persistants sur l’ensemble des routes nationales. Les tracasseries routières impactent négativement la compétitivité économique car elles empêchent les commerçants d’exercer leur activité en raison du coût de la chaîne de transport et de transit. Celles-ci restent selon les commerçants et les transporteurs, une entrave importante de la commercialisation des produits vivriers vers le marché de gros de Bouaké.

Conclusion

La mobilité des produits vivriers dans le district du Bas-Sassandra est confronté à un problème logistique. Le secteur du transport des produits vivriers laisse à désirer. Il fait partie des obstacles qui nuisent le plus au commerce des produits vivriers. Pour que les agriculteurs jouissent des retombées économiques de leurs produits, il faudra qu’ils jouissent d’un meilleur accès aux débouchés et des coûts de commercialisation moindre. L’état des infrastructures augmentent le coût du transport et érige le transport au rang d’une contrainte dans l’approvisionnement des marchés du District du Bas-Sassandra en produits vivriers. L’une des caractéristiques du secteur de transport dans le district du Bas-Sassandra est le nombre pléthorique des barrages de contrôles routiers. Les force de l’ordre qui tiennent ces barrages se livrent à au racket des transporteurs. Les rackets ont un effet négatif sur le coût de location des camions.

Bibliographie

  • AKA Echui, 1993, Le transport des produits vivriers en Côte d’Ivoire : enjeux et stratégies pour le développement. Thèse de Doctorat 3ème cycle de l’Ecole Nationale Supérieure des Travaux Publics -Yamoussoukro » (ENSTP), spécialité transport, 483p
  • GOOSSENS Frans, 1997, «La commercialisation des vivres locaux en Afrique subsaharienne. Le secteur informel dans une perspective dynamique », FAO, Revue Aliments dans les villes, 92p.
  • Eric Joël FOFIRI NZOSSIE, Ludovic TEMPLE, Joseph Pierre NDAME, 2011, Impact des infrastructures routières dans la structuration et le fonctionnement des espaces marchands au Nord-Cameroun. 5èmes journées de recherches en sciences sociales INRA SFER CIRAD 08 & 09 décembre 2011 – Dijon, France
  • BAMBA Vakaramoko, KOFFIE-BIKPO Céline Yolande, 2018, Les contraintes liées au transport des produits vivriers au marché de gros de Bouaké (Côte d’Ivoire), Revue de Géographie, d’Aménagement Régional des Suds, ISSN : 2414-4150, numéro 1, 2018 YEO Lanzéni, COULIBALY Tiécoura Hamed, KOFFIE-BIKPO Céline Yolande, 2016, Incidence du certificat de provenance des produits vivriers sur la sécurité alimentaire dans la ville de Korhogo. GEOTROPE, Revue de Géographie tropicale et d’Environnement 1 – 2016, ISSN : 1817-5589, pp. 46 à 55
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